Avenir lycéen : pourquoi l'association fait-elle polémique ?

Ces derniers jours, plusieurs médias ont dénoncé le syndicat "Avenir lycéen". En cause ? L'organisation créée en 2018 aurait été chapeautée par le ministère de l'Education en vue de soutenir ses propres projets gouvernementaux. Eclairage et explication de Jean-Michel Blanquer.

Avenir lycéen : pourquoi l'association fait-elle polémique ?
© 123RF / Cathy Yeulet

Avenir Lycéen, c'est quoi ?

Avenir lycéen est une organisation associative (Loi 1901) créée en 2018, qui a pour slogan "construire ensemble l'École de Demain : exigence et co-construction". Rassemblant officiellement quelque 400 adhérents, Avenir Lycéen est considérée comme l'une des principales organisation lycéenne et étudiante au CSE (Comité social et économique). Sa vocation : Défendre les préoccupations et les points de vue des jeunes sur les enjeux de l'Education et de la Jeunesse, et évoquer les conditions de vie des étudiants (logement, aide sociale, restauration universitaire) auprès des responsables politiques. 

Pourquoi Avenir Lycéen fait polémique ?

L'affaire a tout d'abord été révélée par Mediapart, début novembre. Le média dévoile, après enquête et consultation de relevés bancaires, que l'organisation syndicale Avenir Lycéen" officiellement apolitique, a bénéficié en 2019 de 65 000 euros de fonds publics ayant donné lieu à des "dépenses somptuaires" en champagne et hôtels haut de gamme. Or, cette somme était destinée à financer un congrès fondateur... qui n'a pas eu lieu donc.

Quelques jours plus tard, c'est le journal Libération cette fois qui révèle que l'association étudiante soutiendrait les réformes du ministère de l'Education et l'accuse de prises de positions pro-gouvernementales. D'ailleurs, sur Twitter, les membres d'"Avenir lycéen" n'hésitent pas à s'afficher au côté de Jean-Michel Blanquer en usant du hashtag #AvenirLyceen. 

"Le vrai objectif du ministre était de s'en servir pour exclure les autres syndicats", révèle d'ailleurs l'une des co-fondatrices et ancienne membre de l'organisation. Selon les témoignages recueillis par le quotidien, l'entourage du ministre serait très proche des responsables de l'organisation. Les communiqués du syndicat auraient même été rédigés par des rectorats de sorte à ce qu'ils soient favorables aux réformes du ministère. Parmi elles, des appels à la levée des blocus devant les lycées au moment des manifestations étudiantes fin 2018. Le rôle d'Avenir Lycéen aurait alors été de "servir la communication du ministre et surtout rompre tout dialogue avec les syndicats lycéens" tels que l'UNL et le MNL. En échange, certains membres de Avenir Lycéen auraient également bénéficié de promotions de postes ... au sein de l'Education nationale. 

"Une affaire à partir de rien", la réponse de Jean-Michel Blanquer

Suite à ces révélations, le 12 novembre, le ministère de l'Éducation a lancé une enquête administrative pour vérifier l'utilisation des subventions accordées. On y apprend également que "la subvention de 30 000 euros prévue au titre de 2020 n'a pas été versée". Jean-Michel Blanquer s'est quant à lui expliqué dimanche soir sur RTL. Selon lui, Mediapart et Libération "essaient de faire une affaire à partir de rien". Il nie également avoir instrumentalisé le syndicat, se disant favorable à une commission d'enquête :"J'aime bien quand il y a des enquêtes, c'est très important pour la démocratie". Il rejette ensuite ces accusations sur le compte du partie La France Insoumise qui a, suite aux révélations, réclamé une commission d'enquête. Le ministre de l'Education la traite de "pompier pyromane" et rejette la faute sur les membres de la LFI" : "C'est eux qui font ça, ce n'est pas moi", a-t-il-détaillé. Quant aux dépenses fastueuses dérivées de leur objectif initial d'"Avenir lycéen", le ministre estime tout simplement que des lycéens "ont peut-être dépensé de manière inopinée l'argent qu'ils avaient. J'ai tout de suite demandé une enquête là-dessus. Ce n'est pas davantage que cela".

En réponse, Mediapart a publié un nouvel article assurant que le ministre avait bel et bien procédé à des échanges avec le syndicat lycéen pro-gouvernement. De son côté, Nathan Monteux, l'un des trois co-fondateurs de Avenir Etudiant, a posté un communiqué de presse sur Twitter où il nie fermement avoir été instrumentalisé par le ministère de l'Education : "Nous déplorons ces témoignages mensongers" (...) "personne ne nous a manipulé. A aucun moment quiconque au ministère de l'Education Nationale n'a 'utilisé' notre mouvement".