Quand un enfant est surexcité avant de dormir, c'est rarement ce qu'on imagine, nous confirme un psy

Chaque soir, c'est la même histoire : malgré les rituels mis en place, Marion fait face à une pile électrique entre le dîner et l'heure du coucher. Son fils Léo se met à sauter comme un kangourou sur le canapé, à chanter à tue-tête, à courir dans toute la maison pour lui échapper au moment de se mettre en pyjama... "Heureusement, l'histoire du soir nous permet de redescendre un peu, mais j'ai longtemps cru qu'il avait besoin de faire le "foufou" avant d'aller au lit", nous raconte la jeune maman. Certes, si l'on rate la bonne heure du coucher, les enfants ont tendance à être surexcités le soir. Mais pourquoi au juste ? Selon Vincent Joly, psychologue pour enfants, certaines raisons sont souvent ignorées des parents et cela n'a rien à voir avec un simple débordement d'énergie...

Certes, il y a ceux qui ont tout simplement du mal à trouver l'apaisement. "C'est comme s'ils avaient besoin d'épuiser leur corps dans une décharge motrice pour retrouver leur calme. Le moment du coucher ou les siestes sont donc particulièrement compliqués à gérer pour eux, car ils ne trouvent pas le chemin du repos. Ils ne savent souvent pas très bien comment ralentir et ont tendance à s'agiter ou à faire des colères pour finir par s'apaiser après avoir déchargé toutes les tensions qui les animent, un peu comme des adultes stressés auront besoin de se perdre dans une myriade d'activités avant de tomber de fatigue au milieu de la nuit", nous explique-t-il. 

Aussi, si votre enfant prend votre lit pour un trampoline, se met à faire "la bagarre" ou à jeter les coussins en l'air en s'éclatant de rire, sachez que de nombreux parents se retrouvent, eux aussi, dans la même situation, qui a l'avantage de mettre l'ambiance à la maison. Mais ce n'est pas toujours simple de faire comprendre aux enfants qu'il est à présent l'heure de dormir dans son lit. Et c'est là que se trouve la vraie raison. Car lorsqu'un enfant s'agite le soir à ce point, c'est justement pour repousser certaines peurs. "Les inquiétudes, les peurs ou les angoisses vont d'abord s'exprimer par l'instabilité motrice et l'agitation. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les tristesses ou les inquiétudes qui peuvent rattraper l'enfant le soir au moment où il n'a plus rien à faire et ne peut plus penser à autre chose. La peur d'être laissé seul dans sa chambre, qui est une inquiétude fréquente chez les enfants, va souvent s'exprimer par des colères qui sont une manière de garder un lien avec les parents. Un peu comme si l'enfant se disait "je préfère que l'on me gronde ou que l'on se fâche contre moi plutôt que de rester seul avec mes peurs", nous révèle Vincent Joly. 

Pour accompagner au mieux ces soirées parfois mouvementées, mieux vaut donc accueillir cette agitation avec bienveillance, plutôt que de la réprimer frontalement. L'idée n'est pas d'empêcher l'enfant de bouger, mais de lui offrir un cadre rassurant pour décharger ce qu'il ressent. Un rituel stable, une présence calme, et parfois un simple moment de silence partagé peuvent suffire à l'aider à se poser. Lui laisser le temps de redescendre sans pression immédiate peut aussi faire toute la différence. Ce n'est pas tant une question de méthode que d'écoute : l'essentiel est que l'enfant se sente compris, même dans sa tempête.