Je suis psychologue : voici ce qu'un simple prénom peut révéler sans qu'on le sache

Kevin, Houda, Sophie, Amaya, Gabriel, tous les prénoms racontent une histoire. Et ils disent de nous (et de nos parents !) beaucoup plus que nous l'imaginons.

Je suis psychologue : voici ce qu'un simple prénom peut révéler sans qu'on le sache
© Pexels

Choisir le prénom d'un enfant est une évidence pour certains parents. Alors que d'autres hésitent jusqu'au dernier moment. Mais dans un cas comme dans l'autre, un prénom n'est jamais choisi au hasard. Il porte des espoirs, des souvenirs, des attentes, des représentations inconscientes. Le prénom est un signe distinctif qui dit beaucoup du milieu dans lequel l'enfant vient au monde, mais peut aussi influer ses choix de vie. 

Joseph Agostini, psychologue et auteur de "Et ils m'ont appelé Kevin… Ce que les prénoms disent de nous" (Hugo New Life, 2024), distingue trois grandes tendances. "Il y a le prénom gratitude, familial, qui exprime la loyauté envers un parent ou un grand-parent. Le prénom à la mode, comme en ce moment Alma ou Raphaël, choisi pour s'inscrire dans la tendance. Et enfin le prénom passe-partout, qu'on veut le plus normal possible pour ne pas faire de vagues", détaille le spécialiste. Mais donner le prénom d'un aïeul n'est pas sans conséquence. "C'est bien de rendre hommage, mais il faut faire attention à ces prénoms fantômes, qui peuvent porter une histoire lourde. Donner à un enfant le même prénom qu'une personne décédée, cela veut dire quelque chose. Et c'est évidemment différent lorsqu'il s'agit d'un grand-père décédé à 95 ans, ou d'un enfant mort dans un accident. Sur le plan symbolique, on fait porter à l'enfant le poids d'un revenant", explique Joseph Agostini. 

Quant au choix d'un prénom très populaire, il est également intéressant. "Les parents veulent à la fois que l'enfant s'appelle comme les autres, parce que c'est le prénom à la mode, mais ils veulent aussi le distinguer des autres. Ils veulent que l'enfant soit dans la norme, mais pas trop quand même. D'ailleurs, quand un prénom est trop utilisé, il finit par s'éteindre. C'est le cas du prénom Kevin par exemple", explique Joseph Agostini. Attention bien sûr au choix d'un prénom trop original, qui peut réellement porter préjudice à l'enfant. "Il y a l'enfant rêvé pendant 9 mois, et la réalité. Un prénom trop en marge peut être à l'origine de conflits importants lorsque l'enfant grandit, en particulier à l'adolescence. Le choix d'un prénom doit être un alliage d'originalité et d'infini respect", rappelle le psychologue. Les prénoms avec des orthographes très alambiquées, qui n'existaient pas dans les années 90, sont aujourd'hui très populaires. 

Un prénom est évidemment un marqueur social. "Lorsque quelqu'un s'appelle Marie-Constance, Victoire, Hector, on sait que cette personne est issue d'un milieu privilégié. C'est la même chose avec les prénoms très littéraires, comme Solal, que l'on ne trouve pas dans les classes populaires. A l'inverse, il n'y a pas de Dylan ou de Leny dans les classes intellectuelles", observe Joseph Agostini.

Mais un prénom peut aussi dire quel métier on exerce. "Il est facile d'imaginer qu'une Julie ou une Sophie est une fille sympa, qui a un beau sourire et travaille dans la communication. Un prénom passe-partout est pratique quand on cherche un travail, un logement", ce qui n'est pas le cas pour tous les prénoms, explique Joseph Agostini. Les stéréotypes concernant le prénom que l'on porte ont malheureusement encore la vie dure...