Crèche People & Baby : intrusions dans une crèche à Lyon

Dans la crèche du quartier de Confluence à Lyon, des jeunes s'introduisent régulièrement dans la cour. En quelques jours, le groupe People and Baby est ainsi au cœur d'un troisième scandale, après la récente fermeture de la crèche où un bébé est mort empoisonné et un incendie dans un autre établissement.

Crèche People & Baby : intrusions dans une crèche à Lyon
© innareznik

[Mise à jour du 26 septembre 2022 à 10h54] Le groupe de crèches People & Baby n'en finit pas de faire parler de lui. Après l'annonce de la fermeture définitive d'un établissement à Lyon, dans lequel a eu lieu l'empoisonnement d'un jeune bébé, et la fermeture provisoire d'un autre établissement suite à un incendie, une troisième structure est en passe d'être au cœur d'un nouveau scandale dans la capitale des Gaules : la crèche du quartier de Confluence fait l'objet de visites intempestives de jeunes, qui s'introduisent régulièrement dans la cour. Une situation qui n'est pas inédite sur la place Camille George, adresse de la crèche, où des bandes "sèment la pagaille" selon le maire du deuxième arrondissement Pierre Oliver. Dans une vidéo publiée le 21 septembre dernier, le maire a montré l'introduction de ces "voyous" dans la crèche, qui était encore ouverte. " Ils se sont introduits dans la cour de la crèche. A ce stade je ne sais pas s'il restait des enfants vers 18h15/18h30 " a-t-il déclaré à Lyon Actu, affirmant que "plusieurs voisins assistent à la scène tous les jours". Rendez-vous est pris avec le préfet en charge de la sécurité, tandis que la mairie fait la sourde oreille à ses nombreuses sollicitations depuis deux ans ajoute-t-il à ActuLyon. Il n'empêche, le groupe People And Baby devra aussi répondre de sa politique de sécurité, visiblement défaillante, pour assurer le bien-être des tout-petits. Le groupe n'a pour l'heure pas encore réagi.

Ces derniers incidents interviennent après un autre épisode dramatique ayant entraîné la fermeture d'une autre crèche People & Baby, suite à un incendie qui a mis en danger la vie de jeunes enfants. Le feu a semble-t-il été déclenché par "un torchon déposé sur une plaque de cuisson restée chaude", rapporte le groupe People & Baby. À ce moment-là, les deux employés présents qui étaient en charge des enfants étaient coincés dehors, "dans le jardin de la crèche". La porte extérieure se serait refermée à cause d'un coup de vent. Lorsque l'incendie a démarré, quatre enfants de la crèche étaient encore présents à l'intérieur et livrés à eux-mêmes, induisant une réelle mise en danger. Heureusement, les pompiers ont été rapidement dépêchés sur place et ont réussi à libérer les enfants, sains et saufs.  Suite à cet évènement qui aurait pu être tragique, la préfecture du Rhône a prononcé la fermeture administrative temporaire de la crèche People & Baby ainsi qu'une enquête administrative pour contrôler la conformité de l'établissement mis en cause.

Le groupe People & Baby est contre la fermeture

Le groupe lui dénonce une "fermeture illégitime", il y voit un "acharnement du département contre les crèches privées". Pour se justifier, le responsable de la crèche lyonnaise modère la gravité de l'évènement. Selon lui, les deux professionnels se sont retrouvés bloqués à l'extérieur seulement "quelques minutes". Les secours sont "arrivés en quelques minutes" sur les lieux, et ont réussi à ouvrir la porte qui s'était refermée. Depuis, le groupe annonce qu'elle a été changée. "Aucun enfant n'a été inquiet ou n'a pleuré", explique le gérant. Pour contrer cette décision jugée comme "brutale, totalement injuste, non motivée, et mettant en difficulté les 11 parents de la crèche la veille pour le lendemain", le groupe People & Baby a déclaré avoir déposé un recours le 21 septembre. 

Bébé empoisonné au Destop dans une crèche People & Baby : que s'est-il passé ?

En juin dernier, l'empoisonnement d'une fillette de 11 mois au sein d'une crèche People and Baby ayant entraîné sa mort, avait déclenché un scandale et une vague d'émotions. Depuis, quelques mois après les faits, France Info a appris que la crèche incriminée, située dans le 3e arrondissement à Lyon, a fermé définitivement ses portes. Une décision anticipée par le groupe le 8 août 2022, alors que la métropole de Lyon en a fait récemment la demande à la préfecture du Rhône. Dans cette affaire, en plus de l'enquête judiciaire, une enquête administrative avait été lancée par la ville de Lyon. Selon les conclusions rendues dernièrement, plusieurs manquements ont eu lieu ces dernières années de la part du groupe People & Baby. D'après France Info qui a eu accès à ces informations, le jour du drame, le 22 juin 2022, "la composition de l'équipe et de l'encadrement de la crèche était conforme à la réglementation", même si la PMI, habilitée à contrôler les crèches, ne savait pas précisément qui travaillait dans l'établissement à ce moment-là. Car ces deux dernières années le groupe de crèches n'a pas mis à jour les changements qui ont eu lieu dans les équipes. Pour exemple, le nom de la responsable de la structure lyonnaise n'était pas connu. 

Pour rappel, le bébé est décédé après avoir été aspergé et forcé à ingérer de la soude caustique, un composant du Destop. La puéricultrice en charge du bébé a avancé être excédée par ses pleurs. Le bébé est alors décédé sans avoir pu être réanimé et la puéricultrice a été mise en examen pour "homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans." Pour son avocat, l'état psychologique fragile ainsi que d'éventuelles erreurs d'appréciations quant à ses compétences sont à l'origine du drame, plutôt qu'une intention de donner la mort. Compte tenu de sa fragilité et "d'un contexte personnel particulier", elle n'aurait jamais du être seule avec bébé, avance-t-il. Le 2 juillet dernier, la préfecture du Rhône a pour sa part acté la fermeture administrative de l'établissement pendant trois mois. Avant la fin de ce délai, la structure est cependant définitivement fermée, par décision unilatérale du groupe.

Près de 5000 euros pour retirer son enfant de la crèche

Après la mort d'un bébé empoisonné avec du Destop dans une crèche People & Baby à Lyon en juin dernier, des parents ont voulu retirer leur enfant des crèches appartenant à ce groupe. C'est le cas d'Alizée, maman d'un bébé de 12 mois, qui a confié à RMC qu'elle avait été très surprise voire choquée par la réponse de la structure où est accueilli son enfant. "On leur a fait un mail, on a envoyé notre demande de résiliation (...) On s'est dit que ça allait marcher, qu'on voulait finir à la fin du mois, qu'ils allaient forcément trouver quelqu'un en septembre… La réponse du groupe, c'est non. C'est 90 jours et avant le 1er juin, donc on va vous retirer votre caution. C'est une caution de 2.500 euros et deux fois un Smic, puisqu'un mois à la crèche, c'est un Smic. Donc quasiment 5000 euros", a expliqué la jeune maman qui a décidé de saisir un avocat même si les conditions de résiliation sont notées noir sur blanc dans le contrat d'inscription.

Recrutement de personnel non qualifié dans les crèches

Alors que le secteur de la petite enfance accuse une baisse d'attractivité ces dernières années, concrétisée par près de 9000 postes vacants selon une enquête de la Caisse nationale des allocations familiales, un arrêté, qui est entré en vigueur le 31 août 2022, autorise désormais le recrutement de personnel non qualifié. Si l'arrêté précise qu'il s'agit d'une mesure d'exception, l'assouplissement des conditions d'embauche dans les crèches et autres établissements de la petite enfance va permettre au tout-venant d'y postuler, et de se faire embaucher. Plus besoin des diplômes et des formations nécessairement requis pour pouvoir s'occuper des plus petits : c'est à la crèche en manque de personnel d'organiser un parcours d'intégration de 120 heures à sa nouvelle recrue.

Autre critère obligatoire pour pouvoir recruter des profils inexpérimentés, prouver une recherche de personnel infructueuse pendant  au moins trois semaines. Une mesure qui ne satisfait que très partiellement les professionnels du secteur, ayant identifié l'origine de la crise. Si la puériculture ne séduit plus, c'est qu'au regard des responsabilités et de l'engagement qu'elle demande, le travail n'est pas valorisé avec un salaire de 2000 euros brut par mois en moyenne. 

Pour relancer le secteur, le ministre de l'Education avait annoncé en juillet dernier le déblocage de deux millions d'euros pour financer une campagne de valorisation et d'attractivité des métiers de la petite enfance. Il avait également évoqué plusieurs pistes pour garantir la qualité d'accueil des tout-petits, comme l'obligation de créer un conseil des parents dans toute crèche, la création d'un système de signalement et de suivi national des incidents, ou encore des contrôles et des évaluations des établissements et des personnels non seulement renforcés, mais prenant également en compte la satisfaction des parents. Des pistes évoquées aux côtés des membres du Comité Filière petite enfance, après le scandale People and Baby.