Entretien avec un jeune créateur Bertrand Van Kleef : "Sur un défilé, on n'a pas le droit à l'erreur'"

Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ? 
Mes parents étaient enseignants et au départ j'étais parti pour suivre leurs traces en étant professeur de sport. Mais à mon retour de vacances, j'ai changé d'avis à  la dernière minute. J'étais passionné de musique mais je ne me sentais pas de ne pas le tenter. J'ai donc fait des études d'ingénieur du son à Paris et pour les payer, j'étais DJ pour une entreprise d'évènementiel qui travaillait pour des maisons de couture. Cette expérience de DJ et le fait que je sois préparateur matériel m'ont aidé à développer de nouvelles compétences techniques qui m'ont été très utiles après. Mon métier d'ingénieur du son m'a permis d'améliorer le rendu acoustique et d'être technicien au-delà du fait d'être DJ. Je peux gérer un défilé de A à Z même s'il y a un problème technique.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est le sound design ?
Il s'agit en fait de créer des morceaux sans qu'ils soient forcément commercialisés. Le sound design fait intervenir des ambiances, des effets pour créer une ambiance sonore comme au cinéma.

bertrand van kleef multiplie les casquettes
Bertrand Van Kleef multiplie les casquettes © David Bonheur

DJ, sound designer... Comment en arrive-t-on à multiplier les casquettes et qu'est-ce que cela implique ?
Je crois que le secret, c'est le travail. J'ai un rythme de trois évènements par semaine voir quatre ou cinq. Comme je suis un angoissé de la préparation, il faut que tout soit parfaitement calé. Mais en même temps, c'est indispensable car comme c'est du live, on n'a pas le droit à l'erreur lors d'un défilé. On a toute une série d'intervenants à gérer et donc un timing à établir et à tenir. Si on le décale, on décale tout : les modèles, les passages, la mise en valeur des vêtements avec un jeu de lumière... Ce n'est pas le moment de se tromper ! Mais c'est un bon stress et c'est comme ça que cela fonctionne dans ce milieu. On peut aussi éditer une partie en amont pour se rassurer et avoir un filet de secours si c'est vraiment à la minute près. A mes débuts, je fonctionnais toujours en live. Et dans ce genre de situation, on ne peut pas recommencer. 

Quelle maison a accepté de vous faire confiance et pour lesquelles avez-vous préféré travailler ?
Je crois que c'est Louis Vuitton en 2007 et j'ai également réalisé plusieurs défilés pour un créateur japonais. Après, c'est toujours passionnant de travailler avec Dior, Chanel ou Vuitton. Surtout qu'aujourd'hui la vidéo entre en jeu et c'est encore plus passionnant en terme d'immersion. C'est à celui qui va avoir le défilé le plus spectaculaire. Le but est vraiment de faire vivre une expérience. Les spectateurs doivent rester cois devant ce qu'ils viennent de voir et de vivre. Ils doivent oublier tout le reste. Alors quand une grande maison propose une immersion visuelle et auditive, cela devient génial.

Avec combien de personnes travaillez-vous ?
Pour la musique, je peux travailler tout seul. Ensuite pour un défilé, c'est plutôt une équipe colossale. Tout dépend du lieu qui s'impose comme LA grosse problématique. Comment va-t-on le redécorer ? Comment va-t-on le travailler pour emmener le spectateur dans l'univers qu'on veut lui proposer ?

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