Entretien avec un jeune créateur Bertrand Van Kleef : "Les créateurs savent toujours ce qu'ils ne veulent pas"

Comment travaille-t-on avec des créateurs ?
C'est le créateur qui vous sollicite avec une idée assez précise car il a développé un univers autour de ses créations et de sa collection. Personnellement, j'interviens en force de proposition. J'arrive avec le sound design pour essayer de plonger les spectateurs plus fortement dans cet univers. C'est un travail extrêmement précis entre la musique, les collections, les envies du créateur et ce que moi je peux leur proposer.

Quelles sont les attentes des créateurs ?
Ils ont des envies qui  varient au gré des saisons et des collections. Cela peut aller du rock à l'électro en passant par la chanson française (mais c'est une demande plus rare). Comme je travaille dans un milieu assez varié avec des clients qui aiment et qui veulent des styles très différents, ma culture s'est élargie. C'est bien d'être très spécialisé mais moi je devais être bon partout. Je ne remixe pas et je recherche mes propres sons. Les créateurs attendent de moi que je sois avant-gardiste. Il faut donc être dans l'innovation tout en proposant parfois un côté rétro. Quand on arrive à fusionner les deux, c'est très intéressant car cela donne une couleur particulière qui convient bien à Paris. Après, chaque fashion week  a sa personnalité. On ne me demande pas la même chose à Londres qu'à Paris. 

bertrand van kleef travaille en étroite collaboration avec les créateurs
Bertrand Van Kleef travaille en étroite collaboration avec les créateurs © David Bonheur

Comment abordez-vous le choix de la musique ?
Il n'y a pas de règle. Le défilé implique un tempo progressif jusqu'au final. Soit il se veut très immersif avec une musique classique ou de film, soit le créateur veut qu'il soit punchy dès le début pour donner le ton dès l'entrée et il faut maintenir le rythme jusqu'au final. Tout est possible. 

Combien de temps cela vous prend-t-il ?
En mode, il faut aller très vite. En plus, il y a beaucoup d'échanges, de modifications. Pour un défilé, cela va de deux à trois jours de travail à une semaine. 

Quel(s) a(ont)  été pour vous le(s) créateur(s) les plus exigeant(s) ?
C'est une question difficile. Tous savent ce qu'ils ne veulent pas. Comme Jean Paul Gautier, avec qui j'avais travaillé lors d'un lancement pour son parfum place Vendôme, parce qu'il est très pointilleux mais en même temps il tranche vite. Ou Karl Lagerfeld qui sait aussi ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas.




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