Dans les secrets de Faustine Bollaert : "Devenir mère m'a rendue ultrasensible"

Faustine Bollaert écoutera les confidences de Florent Pagny, Dave et Iris Mittenaere dans "La Boîte à Secrets", ce vendredi 20 décembre à 21h05, sur France 3. En attendant, c'est l'animatrice de 40 ans qui s'est livrée sur son angoisse de l'avenir, l'éducation de ses enfants et le contenu de sa propre boîte à secrets...

Dans les secrets de Faustine Bollaert : "Devenir mère m'a rendue ultrasensible"
© PIERRE VILLARD/SIPA

Elle est l'oreille attentive, la confidente qui nous ressemble, la personnalité solaire. Faustine Bollaert écoute les témoignages de quidams qui ont une histoire à raconter, l'après-midi sur France 2, dans l'émission Ça Commence Aujourd'hui, mais pas seulement !
Désormais, l'animatrice de 40 ans est aux commandes de La Boîte à Secrets, où elle reçoit plusieurs personnalités qui sont confrontées à des objets ou souvenirs du passé et se confient à cœur ouvert. Le premier numéro avec Marc Lavoine, Lio et Slimane, était particulièrement riche en émotions. Le 20 décembre à 21h05, France 3 diffusera le deuxième numéro de l'émission. Florent Pagny, Dave et Iris Mittenaere se livreront à Faustine Bollaert, spécialiste des confidences. Nous nous sommes entretenus avec la pétillante journaliste qui s'est confiée à son tour...

La première émission de la "Boite à Secrets" était riche en émotions. Marc Lavoine, Lio, tout le monde a versé des larmes !
Faustine Bollaert :
Pour la prochaine émission, on va un peu moins pleurer (rires) ! La force de cette émission, c'est qu'en fonction des personnalités, vous pourrez avoir des "couleurs" différentes. C'est de "l'émotainment", parce que l'on va passer par toutes les émotions… qui ne sont pas forcément des larmes ! 

Qu'est-ce qui vous plaît dans l'exercice d'animation de cette émission ?
Faustine Bollaert :
Elle est arrivée à un moment de ma (petite) carrière où j'étais un peu épuisée d'être la confidente de choses assez dramatiques l'après-midi (dans son émission de témoignage Ça Commence Aujourd'hui, sur France 2, ndlr). Dans La Boîte à Secrets, je reçois des personnalités, je les fais parler d'elles-mêmes, c'est très cohérent avec ce que je fais l'après-midi. Tout est dans la bienveillance, l'accueil, la chaleur… Au moment où je l'ai enregistrée, je venais d'enchaîner des émissions aux sujets un peu graves. Cette légèreté m'a fait un bien fou, entre les "souffrances de l'après-midi".

On vous sent constamment en empathie dans "Ça Commence Aujourd'hui", vous dites que c'est épuisant et on peut le comprendre. Comment vous protégez-vous de ces souffrances ?
Faustine Bollaert :
C'est extrêmement important de rester connectée aux émotions de tout un chacun et d'être pleinement dans l'instant. Il faut que j'oublie que la semaine d'avant, j'ai écouté des témoignages plus dramatiques pour ne pas relativiser la souffrance d'autrui. En revanche, pour se protéger, c'est extrêmement nécessaire de "faire barrage" avant et après. Souvent après l'émission, je suis avec ma productrice, on papote dans ma loge, on dédramatise, on rigole avant d'enchaîner… Le danger serait de rester en permanence dans les vies de mes invités. Quand je les reçois, ils ont besoin de tendresse, donc je suis à leur disposition, mais au moment de leur dire au revoir, il faut que je me reconnecte avec ma vie. 

C'est un exercice d'équilibre…
Faustine Bollaert :
Il y a des moments où je me secoue. En septembre dernier, j'avais enchaîné les émissions très dramatiques. Je me suis barricadée, je n'y arrivais plus, c'était trop douloureux pour moi, les récits étaient trop effroyables. J'ai passé un très mauvais week-end après, en me disant que je n'avais pas donné à ces gens l'attention qu'ils méritaient. 

Qu'y aurait-il dans votre boite à secrets ?
Faustine Bollaert :
Il y aurait beaucoup de choses, car je suis folle d'objets ! J'ai une vraie angoisse du temps qui passe, donc j'ai besoin de figer les bons moments de ma vie. Quand je vis un moment de bonheur avec mes proches, je cherche un objet pour me rappeler ce moment. Par exemple, j'ai sur moi un caillou doré qu'on avait trouvé lors d'une balade en forêt avec les enfants et mon mari. J'avais adoré ce moment. Si vous venez dans mon bureau, vous serez frappée par la quantité d'objets que j'ai. Les gens disent : "Mais c'est quoi cette fille qui ne jette rien ?" (rires)

Cette habitude de collectionner les objets, est-elle une manière de trouver refuge dans les souvenirs compte tenu des récits assez durs que vous écoutez régulièrement ?
Faustine Bollaert :
Effectivement, peut-être que ce côté "ultra-cocon" est rassurant pour moi. Je suis enveloppée de bons souvenirs. À chaque fois que je regarde ces objets, je suis totalement envahie par la douceur qui s'en émane. J'adore le rose, le kitsch, tout ce qui est à paillettes, j'ai des trucs à cœur, des boules à neige… Je suis dans un univers hyper girly, rassurant, enfantin. C'est ma façon de rester dans le monde de l'enfance, me connecter à ces émotions ultra-pures et innocentes.

Êtes-vous nostalgique ?
Faustine Bollaert :
Très nostalgique ! J'ai peur d'oublier chaque moment qui passe. Je me retourne beaucoup vers le passé. Il y a un côté Madeleine de Proust qui est très fort chez moi. J'aime les bonbons qui me rappellent mon enfance… Je suis sans arrêt dans le passé. En même temps, ce côté nostalgique me permet de savourer le présent, car j'ai conscience qu'une fois qu'il est passé, je ne le revivrai jamais. 

"Je suis quelqu'un d'angoissée et pessimiste"

Si vous aviez une machine à remonter le temps, où vous transporterait-elle ?
Faustine Bollaert :
Je n'en voudrais pas, c'est un danger (rires) ! Moi qui suis très mélancolique, j'essaie de m'ancrer dans le présent et de ne surtout pas me dire que c'était mieux avant ou que ce sera mieux demain. S'il existait ce genre de machine, ce serait la pire des choses pour moi. Je voudrais peut-être figer le temps maintenant !  J'ai la chance de vivre la plus belle période de ma vie et j'en suis consciente, ce qui est terriblement anxiogène d'ailleurs… 

Pourquoi ?
Faustine Bollaert :
Comme j'ai pleinement conscience d'avoir beaucoup de choses, je crains ce qui va me tomber dessus après. Aujourd'hui, j'ai des enfants en bas âge, j'ai un couple très solide, je suis dans une très belle période professionnelle, j'ai mes parents, tout le monde à la santé (je touche du bois), mais comme je suis quelqu'un d'angoissée et pessimiste, j'ai la peur de perdre ces choses. Il y a certainement de belles surprises qui m'attendent, mais c'est plus rassurant de se tourner vers les moments de bonheur passés, parce qu'on les connaît, que de faire confiance aux points d'interrogations de la vie...

Quel genre d'enfant étiez-vous ?
Faustine Bollaert :
Le genre angoissée ! J'étais quelqu'un d'assez sombre, nerveuse, angoissée, très complexée.

Pourtant, vous renvoyez l'image d'une femme solaire…
Faustine Bollaert :
Peut-être que la vieillesse et la sagesse font qu'aujourd'hui, je trouve une certaine forme de sérénité, mais peut-être aussi que je renvoie fondamentalement l'image de la personne que j'aimerais être. Je voudrais être aussi positive pour moi que je le suis pour mes invités.

Vous semblez particulièrement dure avec vous-même.
Faustine Bollaert :
Oui, je le suis beaucoup. Lorsque l'on fait de l'antenne, c'est très violent, il y a chez la plupart des animateurs, une faille narcissique béante qui nous pousse à nous montrer devant une caméra pour qu'on nous regarde et nous critique.

Que diriez-vous à la petite fille que vous étiez ?
Faustine Bollaert :
Je la prendrais dans mes bras et je lui dirais : "Ne t'inquiète pas, tu vas y arriver". Faire une émission de témoignages a toujours été un rêve viscéral, mais je n'aurais jamais cru le réaliser. Donc, je la rassurerais, je lui dirais qu'il faut faire confiance à la vie et ne pas s'angoisser… (Elle réfléchit) Et en même temps, je ne lui dirais peut-être pas ça ! Parce que peut-être que j'ai été si angoissée que cela m'a donné la niaque et l'envie d'enfoncer les portes même quand on m'a dit non.

"Depuis que je suis maman, je ne supporte plus les films d'horreur !"

En quoi votre métier agit-il sur l'éducation de vos enfants ? 
Faustine Bollaert :
La notion de ce qui est "interdit" n'est pas vraiment présente dans ma manière de les éduquer. Quand mes enfants prennent une mauvaise direction, je les incite à apprendre, car c'est en tombant que l'on se relève. Ce que je trouve fabuleux, c'est que leur père et leur mère sont la preuve vivante que l'on peut réaliser un rêve qui paraît compliqué et lointain, même si je serais inquiète si mes enfants décidaient d'embrasser une carrière où je sais qu'il y a peu d'élus. 

Votre maternité influe-t-elle sur la façon dont vous recevez les témoignages ?
Faustine Bollaert :
Si je n'avais pas eu d'enfant, je pense que je n'aurais pas tout à fait été capable de faire cette émission. Il faut avoir roulé sa bosse, connu ses propres deuils et souffrances, pour pouvoir s'ouvrir à celle des autres. Par contre, devenir mère m'a rendue hyper fragile et ultra sensible. Par exemple, j'étais une folle des films d'horreur, mais depuis que j'ai eu mon premier enfant, je ne supporte plus d'en regarder ! Lorsque les gens me racontent des récits difficiles liés à leurs enfants, je suis consciente que cela va me retourner le cerveau, que je vais embrasser cent mille fois mes petits en rentrant le soir... C'est parfois compliqué à gérer. 

À la télé, vous écoutez les autres. Quant à votre mari, il est écrivain, il manie le langage. Est-ce que vos deux métiers aident à la communication dans votre couple ?
Faustine Bollaert :
Je pense que c'est surtout un privilège de l'âge, ce n'est pas forcément mes émissions qui m'aident à mettre des mots sur les maux. Mon mari n'est pas non plus hyper bavard, il met des mots sur le papier, mais pas forcément par oral. C'est en vieillissant que l'on parvient à analyser, à prendre du recul. On commence à se connaître, à comprendre ses fragilités. Il faut bien que vieillir ait un avantage ! (rires) 

Dans vingt ans, que trouvera-t-on dans votre boite à secrets de l'époque actuelle ?
Faustine Bollaert :
Des objets qui me rappellent mes enfants à l'âge qu'ils ont aujourd'hui, car je trouve que c'est un âge fabuleux. J'aurai des peluches, des photos d'eux. Dans ma loge, j'ai un énorme panneau sur lequel je note pleins de choses. Cela va de la mort d'un artiste que j'aime à une super audience, en passant par un fou-rire ou une remarque de mes invités qui m'a marquée. Les gens que j'aime viennent dans ma loge et m'écrivent un petit mot. Souvent, je le regarde et je réalise tout ce qui s'est passé en 3 ans de positif, et même si c'est négatif, je le note. J'y ai posé mes émotions personnelles et j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux !