L'éveil de la permaculture, un documentaire alarmiste mais nécessaire

Le documentaire d'Adrien Bellay, en salles le 19 avril, ne se contente pas de donner l'alerte sur notre système agroéconomique, il présente également, de façon didactique, les changements possibles.

L'éveil de la permaculture, un documentaire alarmiste mais nécessaire
© Destiny Films

La permaculture est basée sur trois valeurs fondamentales : prendre soin de la terre, prendre soin de l'Homme et partager équitablement les ressources. À partir de ce dogme, Adrien Bellay, réalisateur, est parti à la rencontre de ceux qui font la permaculture et transmettent ses savoirs théoriques et pratiques. De Bill Mollison dans les années 1970 (naturaliste expérimenté qui s'est isolé pendant deux ans dans la forêt afin d'observer son fonctionnement et en a tiré un dispositif pour intégrer avec harmonie les installations humaines dans les écosystèmes ; considéré comme le père de la permaculture) aux chantiers participatifs des fermes de permaculteurs en passant par les "cours de design en permaculture" (apprentissage de deux semaines sur le fonctionnement des écosystèmes finalisé par la mise en place d'un projet), le documentaire développe les différentes ramifications de cette forme de culture. Et d'ailleurs plus qu'une pratique visant à l’optimisation des écosystèmes pour créer un lieu respectueux de l'environnement, rentable et au maximum autosuffisant, la permaculture est une façon d'envisager la société, les rapports humains et la façon dont l'Homme prend ses responsabilités face à la nature.

La permaculture comme mode de vie

Ainsi, après quelques minutes alarmistes, le documentaire démontre l'alternative possible et optimiste à un système de société basé sur l'enrichissement personnel et l'exploitation intensive du sol. "Si l'humanité persiste dans son modèle productiviste, elle provoquera sa propre extinction" expliquait à l'époque Mollison à qui le documentaire donne raison avec des données chiffrées : l'agriculture industrielle représente 70% des terres agricoles et 90% des sols sont déjà détruits. Pourtant et malgré l'urgence, la création d'un système agricole universel soutenable et qui permet d'assurer l'autonomie vivrière d'un lieu, défendu par la permaculture, semble avoir peu de chance de s'établir face aux lobbys agroalimentaires et aux habitudes de production de l'agriculture et de consommation.

Mais à l'aide de différents exemples (des Parisiens qui ont changé de vie, des fermes auto-suffisantes, des communautés qui se créent autour de chantiers participatifs, un jardin de famille optimisé en une journée, un permaculteur qui vit avec sa femme et ses enfants avec 700 à 800 euros par mois...), le réalisateur -qui estime que "nous connaissons le problème, qu'il ne reste plus qu'à agir"- ouvre une porte vers une façon bienveillante et nécessaire de penser la nature et les rapports humains. Tant dans le fond des sujets qu'il aborde que dans la forme (la multiplication des intervenants face caméra, les animations graphiques, la pédagogie des explications), le documentaire vise juste et devrait éveiller des consciences. La nôtre, c'est déjà fait. 

  • L’éveil de la permaculture, réalisé par Adrien Bellay
  • Sortie le 19 avril 2017