Qui est Lauriane Nolot, première kitesurfeuse à représenter la France aux JO 2024 ?

Lauriane Nolot a 25 ans et une énergie débordante. Sa spécialité ? Le kitesurf, une discipline inscrite aux Jeux olympiques de Paris. La sportive, choisie par Etam pour intégrer sa team d'athlètes, a répondu aux questions du Journal des Femmes.

Qui est Lauriane Nolot, première kitesurfeuse à représenter la France aux JO 2024 ?
© Etam

Dès le printemps 2023, Etam a décidé de s'engager auprès des sportives françaises. La joueuse de tennis Caroline Garcia a, la première, posé pour la marque et dessiné une mini collection de vêtements de sport. En 2024, année olympique, elle a été rejointe par cinq autres athlètes parmi lesquelles Lauriane Nolot. La kitesurfeuse de 25 ans a imaginé plusieurs tenues pour l'enseigne tricolore, notamment une parka bleu nuit, une jupe-short de sport et un ensemble de lingerie qui se porte aussi dans l'eau. C'est à l'occasion de cette collaboration que Le Journal des Femmes a pu s'entretenir avec la jeune femme.

Journal des Femmes : Dans votre famille, quelle place avait le sport ?
Lauriane Nolot :
Nous avons toujours été très actif-ive-s. Mon père était un grand planchiste. Moi, j'ai fait de l'équitation pendant des années. Lorsque j'ai fini le lycée et que je suis allée à l'université, mon club était trop loin pour que je puisse avoir une pratique régulière. J'ai voulu tester une autre discipline. Mon père et mon frère faisaient du kitesurf et ils m'ont proposé de tester un cours. C'est comme ça que tout a commencé.

À quel moment est-ce que vous avez envisagé la compétition ?
Je m'entraînais de plus en plus, c'était un sport dans lequel je m'imaginais bien évoluer. Et puis c'est devenu sérieux quand je me suis mise au kitefoil. 

Quelle est la différence entre le kitesurf et le kitefoil ?
Le kitesurf, c'est une planche qui touche l'eau, tractée par un cerf-volant. En kitefoil, la planche ne touche plus l'eau, parce qu'elle a un foil [une aile d'eau, ndlr]. Les compétitions de kitefoil existaient déjà, à l'époque, donc je pouvais m'y inscrire avec mon père et mon frère. L'aspect compétition est très vite devenu fondamental.

Quand avez-vous commencé à consacrer votre vie à ce sport ?
Quand j'ai commencé le kitefoil, j'étais en DUT technique de commercialisation, que j'ai enchaîné avec une licence de communication et un master II en création numérique. La pandémie de Covid-19 est "bien tombée", si je puis dire, parce que pendant un an et demi, alors que je finissais mes études, il n'y a pas eu de compétition. Tout au long de cette période, j'ai pu m'entraîner tout en suivant mes cours à la maison et ainsi, valider ma dernière année.

Comment se déroule une compétition de kite ?
Elle dure entre cinq et six jours. Les trois premiers jours, les participant-e-s sont séparé-e-s en flotte et s'affrontent lors de courses qui durent 12 minutes. Pendant cette phase de qualification, il y a quatre à cinq manches par jour. Ensuite, des flottes par niveau, composées des 20 meilleur-e-s participant-e-s, sont constituées. On les appelle les "golds". Enfin, la dernière journée, baptisée " medal race ", est celle des demi-finales et des finales. Lors des Jeux olympiques de Paris 2024, il n'y a que 20 pays qualifiés, donc la première phase n'aura pas lieu.

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que le kitesurf serait aux Jeux de 2024 ?
C'était assez incroyable, parce que lorsque j'ai commencé le kite, jamais je n'aurais pensé que ce pourrait être un sport olympique. C'est une vraie reconnaissance, qui nous ouvre les portes de futurs jeux. Les épreuves se dérouleront à Marseille devant le nouveau pôle de voile France. Pour moi qui suis Varoise, le fais que ce soit à la maison, c'est une facilité logistique géniale.

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Lauriane Nolot pour Etam © Etam

Comment vous entraînez-vous pour ce sport qui dépend de la météo ?
Dans notre sport, on chasse en permanence les bonnes conditions et le beau temps. De mars à novembre, je suis donc dans le sud de la France. Lorsqu'un événement important se profile, je me rends sur le lieu de la compétition trois semaines avant pour m'y entraîner. Pour les Jeux, par exemple, je m'entraînerai à Marseille à partir de la mi-mai. Et puis l'hiver, j'essaye de trouver des destinations où le climat me permet de passer du temps sur l'eau. En 2023, je suis restée trois mois aux Canaries. En plus de ma pratique du kite, je fais quatre à cinq séances de prépa physique par semaine, auxquelles s'ajoute 2 heures par mois avec mon préparateur mental pendant la saison de compétition.

Est-ce que c'est dur, psychologiquement, de dédier sa vie à son sport ?
Je ne suis pas comme les gymnastes ou les athlètes qui dès qu'iels commencent à performer dans un sport doivent se professionnaliser pour pouvoir faire du haut niveau. Moi, j'ai grandi avec le kite. Au début, je pratiquais pour le plaisir et mon but n'était pas d'en faire mon occupation principale. Le sport s'est professionnalisé, donc je me suis professionnalisée.

Vous avez été nommée marin de l'année 2023, qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
C'était assez incroyable, je m'y attendais pas du tout. Ce titre de marin de l'année est très convoité. J'ai fait une année incroyable en 2023 et c'était hyper émouvant de voir mon nom aux côtés de marins connu-e-s et reconnu-e-s. En plus, je crois que cette distinction a apporté encore plus de reconnaissance à mon sport. On a rejoint la fédération de voile il y a tout juste dix ans, donc le fait d'être la première marin de l'année qui fait du kite, c'était génial.

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Estelle Nze Minko, Audrey Tcheuméo, Caroline Garcia, Lauriane Nolot, Gwladys Lemoussu et Amina Zidani © Etam

Comment avez-vous été approchée par Etam ?
Etam cherchait une femme qui faisait un sport de glisse pour compléter sa team d'athlètes [composée de la joueuse de tennis Caroline Garcia, de la judokate Audrey Tcheuméo, de la handballeuse Estelle Nze Minko, de la paratriathlète Gwladys Lemoussu et de la boxeuse Amina Zidani, ndlr]. Un membre de l'équipe m'a vu à la répétition générale des Jeux à Marseille et est entrée en contact avec moi. J'ai sauté sur l'occasion, parce que j'adorais l'initiative et qu'il s'agit d'une expérience en plus que je vis grâce au kite.

Quelle image aviez-vous de la marque ?
C'est une enseigne très féminine, qui a à cœur de mettre les femmes en avant et de montrer qu'elles s'entraident, qu'elles sont capables de tout, de boxer, de naviguer…

Comment avez-vous travaillé avec l'enseigne ?
Je suis allée plusieurs fois à Paris pour rencontrer les designeuses de la marque et j'ai pu assister à toutes les étapes la création d'une collection. La première phase, c'était le dessin : j'ai expliqué ce que j'aimais comme type de vêtements, les couleurs, le style… Lorsque les premières pièces sont sorties, nous avons fait des essayages et des retouches, puis les vêtements finaux ont été confectionnés et je suis revenue à Paris pour le shooting. C'était très impressionnant, il y avait une trentaine de personnes qui me regardaient. C'est à ce moment que j'ai rencontré une partie des autres athlètes pour faire des photos de groupe. Nous avons beaucoup rigolé, j'ai hâte qu'on ait à nouveau le temps de travailler ensemble !

Quel est le rôle d'Etam dans votre carrière ?
Etam me soutient financièrement, c'est d'ailleurs l'un de mes plus gros sponsors aujourd'hui. En parallèle, je suis militaire, je fais partie de l'armée des Champion-ne-s [qui compte près de 200 athlètes parmi lesquel-le-s les judokates Shirine Boukli et Clarisse Agbegnenou, la nageuse Océane Cassignol, la surfeuse Johanne Defay ou encore la para-athlète Manon Genest, ndlr]. Jusqu'à ce que je signe avec le bataillon de Joinville, le financement de ma pratique était une grosse charge mentale. Impossible d'emprunter de l'argent à la banque, quand on n'a pas de contrat ! Grâce à mes résultats, des partenaires privés m'aident aussi à subventionner ma saison. Comme je fais partie de l'équipe de France, la fédération de voile m'aide également sur tout l'aspect technique et me fournit un-e coach, un staff lors des compétitions nationales...

Était-ce important pour vous d'être sollicitée par une marque grand public comme Etam ?
Avec ma petite notoriété et mon sport tout juste inscrit aux JO, je n'aurais jamais cru pouvoir accrocher une marque aussi importante. C'est une case de cochée dans ma to do list : créer des vêtements avec l'une des plus célèbres marques françaises !