Mae Azango, Liberia

Mae Azango
Journaliste à FrontPage Africa
Cela fait douze ans que Mae est journaliste mais ce sont ses articles publiés depuis 2010 sur les mutilations génitales féminines dans les zones rurales du Liberia qui l'ont fait connaître du grand public.
Dans les sociétés traditionnelles, des "Sande Bush schools" préparent les jeunes filles à leurs futures occupations de mère et de femme mariée. La remise des diplômes consiste en une cérémonie de mutilation génitale. Dans l’article qui lui a valu de vivre cachée pendant un mois, Mae décrit une telle scène, d'une violence inouïe. "Je voulais alerter l'opinion sur le risque de santé publique que représente cette pratique", explique-t-elle. Mais les gardiens de ces sociétés ne l'ont pas entendu de cette oreille. Les intimidations ont commencé à pleuvoir. "Nous allons te couper", la menacent des anonymes au téléphone. Loin de céder à la peur, elle persiste et signe avec un autre article décrivant l'emprise politico-économique de ces sociétés sur le monde rural. Ses publications poussent la présidente Elaine Johnson Sirleaf à condamner en 2013 la mutilation génitale féminine, un sujet extrêmement tabou.
Mais la plume de Mae Azango ne se limite pas aux droits des femmes. Dans une société où les journaux semblent ne s'intéresser qu'à la politique et aux histoires financières, la journaliste veut rendre compte de la vie des gens ordinaires : "J'écris aussi sur les droits de l'homme, les saisies de terres des paysans, les questions de développement, le trafic d'êtres humains, l'impunité de la police… J'écris pour ceux qui n'ont pas de voix, pour les pauvres, ceux qui n'ont pas de mots, ceux dont le gouvernement ne se préoccupe qu'au moment des élections et qui sont abandonnés ensuite. J'écris pour créer un débat public, pour que le changement puisse avoir lieu."