La drogue : pourquoi c'est in

Came ou pas came ? Chaque année, l'étude internationale Global Drug Survey tente de dresser un état des lieux de l'usage des différentes drogues. Pratique massive, se droguer gagnerait à être moins tabou. La dope, oui, mais à consommer avec modération, donc ? C'est plus complexe que cela...

Cette année, la France participait pour la première fois à l'étude Global Drug Survey, avec 17 autres pays. Le but de cette étude ? Eclairer un phénomène social mal documenté.
Selon Adam Winstock, psychiatre interrogé pour le journal Libération, le moteur principal derrière l'usage de drogues douces ou de drogues dures est avant tout le plaisir, et c'est la raison pour laquelle il est nécessaire de prendre le problème dans le sens inverse en partant "de l'aspect positif de leur pratique", car "la plupart [des consommateurs] ne subissent pas de conséquences graves". Il estime si les messages officiels ne poussaient pas à une abstinence totale, les risques en seraient réduits.
Adam Winstock est par ailleurs persuadé que "Les chercheurs font des choses intéressantes sur les drogues, mais la plupart mettent l'accent sur le mal que les drogues provoquent et non sur le plaisir qu'elles apportent à la vie des gens".
Il a donc pris l'initiative de lancer le "High Way Code", un "code de bonne conduite" sur Internet, pour donner aux consommateurs des conseils afin de préserver leur santé. Loin de sous-estimer les conséquences de l'usage de drogues, une "activité potentiellement dangereuse", il considère que tout consommateur se doit d'en respecter les règles afin d'augmenter les chances que tout se passe bien et de "vivre une expérience agréable". Il s'agit donc de prôner l'éducation plutôt que la répression et l'interdiction, qui finalement, n'interdit rien.
D'autant plus que la vente en ligne de drogues de toutes sortes se développe : selon la Global Drug Survey, 17,7 % des participants l'ont déjà expérimentée. Cet outil favorise la démocratisation de masse de l'usage des drogues et selon Pierre Chappard, qui gère le site Psychoactif.org, Internet est en train de révolutionner les usages. Aujourd'hui, 64 % des 15-24 ans se renseignent sur Internet. 

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Campagne anti-drogue © Ministère de la Santé
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Psychoactif.org © Capture d'écran Psychoactif.org

Chez les jeunes, et particulièrement la génération Y (qui regroupe les personnes nées entre les années 1980 et les années 2000 selon les sociologues), habituée à Internet, la drogue peut parfois être une véritable question de tendance, surtout dans le domaine festif et musical : on ne compte plus les chansons ou les mots "weed" (l'herbe) ou "molly" (MDMA, principe actif de l'ecstasy) sont présentes. Dans les festivals, il ainsi est courant de voir des jeunes se balader avec des tshirts, des lunettes ou des chapeaux "Have you seen Molly ? " (comprendre "Vous avez vu ma Mdma ?") ou encore "I party with Mary Jane" (comprendre "Je fais la fête avec de la marijuana). Coachella, qui s'est tenu le week-end dernier en Californie, n'a pas dérogé à la règle. Dans ces cas-là, la drogue n'est plus acceptable mais presque encouragée.

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Photo Instagram #Coachellaproblems © Instagram
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Tshirt "Have you seen Molly ? She makes me want to dance" © Capture d'écran ShoreStore

Pour Pierre Chappard, le début de solution contre cette politique répressive serait de "réintroduire des usagers dans les commissions officielles, les processus de décision, le système de réduction des risques, pour qu'ils apportent leur compétence : ils sont les mieux placés pour dire ce dont ils ont besoin". Il n'hésite d'ailleurs pas à comparer la question de la drogue à celle de la parité : "comme si, pour faire l'égalité hommes-femmes, on ne demandait pas leur avis aux femmes". 

Toutefois, il convient de rappeler que si une opposition est souvent effectuée entre drogues douces et drogues dures, drogues légales et illégales, toutes les substances addictives quelles qu'elles soient sont à consommer avec modération. Adam Winstock considère par exemple que l'alcool reste tout de même "le plus gros problème et de loin la plus grosse charge pour les services de santé" : seuls 38,5% des buveurs dépendants sont conscients du risque de leur consommation. Par surcroît, les médicaments sur ordonnance (type Valium ou Codéine) se doivent aussi d'être surveillés de près selon lui car "Pour 20 à 30 % des utilisateurs, il y a des signes similaires à ceux observés chez les consommateurs de drogues".
Drugsmeter.com et Drinksmeter.com deux applications mises au point par Adam Winstock, pourront vous aider à vous rendre compte si vous avez un comportement à risque ou non face à l'usage des drogues. 

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High Way Code © Capture d'écran Global Drug Survey