Décès de Gérard de Villiers, sulfureux auteur des "SAS"

L'écrivain baroudeur Gérard de Villiers, auteur des sulfureux polars d'espionnage "SAS" écoulés à plus de cent millions d'exemplaires, est mort à Paris à l'âge de 83 ans.

"Le Prince Malko Linge est orphelin : l'écrivain Gérard de Villiers s'est éteint à Paris à 83 ans des suites d'une longue maladie", a annoncé son avocat Me Eric Morain sur twitter. "Il avait souhaité que son décès soit annoncé comme cela", a-t-il précisé à l'AFP. Une sorte de "pied de nez" selon lui, de la part de quelqu'un qui n'avait jamais écrit le moindre "tweet" et rédigeait tous ses SAS sur une machine à écrire datant de 1976.

"On lui avait diagnostiqué un cancer du pancréas avec des métastases au foie", a affirmé à l'AFP Christine de Villiers, sa dernière épouse et la dirigeante des éditions Gérard de Villiers. "Sur les dernières semaines, il restait conscient mais très fragile. C'est exactement la mort qu'il ne voulait pas".
Fils d'auteur dramatique, ex-journaliste de l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol, puis de Paris Presse, France Dimanche et du site Atlantico, ce passionné d'actualité passe à la littérature dans les années 1960. Celui que Le Nouvel observateur présente comme le "roi du roman de gare érotico-géopolitique" est très introduit dans les milieux du renseignement et de la diplomatie, il offre à ses lecteurs des récits particulièrement bien informés, soigneusement préparés par des enquêtes sur le terrain et la mise à contribution de sources du monde de l'espionnage. Son héros est un aristocrate autrichien travaillant pour la CIA, L'intrigue mêle scènes de violence et de sexe, ce qui fait le succès de la série de 200 livres publiés au rythme de quatre ou cinq par an.

Très controversé pour ses opinions tranchées hostiles au marxisme, plus récemment à l'islam, ou encore le rôle dévolu aux femmes dans ses livres, Gérard de Villiers a reçu une sorte de consécration début 2013 avec la publication d'un long portrait dans le New York Times.
Sous le titre "l'auteur de romans d'espionnage qui en savait trop", le journal américain le présente comme celui qui est lu par les services secrets de la planète, ayant anticipé l'assassinat du président égyptien Anouar Sadate, le complot contre l'ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri ou décrit un complot de la CIA contre le syrien Bachar Al Assad.

"Il avait eu un accident cérébral, il y a 2 ou 3 ans, et alors qu'il était vraiment affaibli, il est allé en Libye avec son déambulateur, en Afghanistan", a raconté Jean-Sébastien Ferjou, cofondateur et directeur de la publication du site Atlantico. "Il n'était pas dans le moule, il avait cette espèce d'image d'anar de droite qui ne cadre pas tout à fait avec la bien-pensance du reste du monde de l'édition", a-t-il ajouté.

"La pop culture française perd un de ses représentants", a de son côté réagi sur i-Télé l'écrivain Christophe Ono dit Biot, grand prix du roman de l'Académie française 2013, qualifiant les SAS de "littérature de très mauvais goût mais marquante", que l'on retrouve à coup sûr "dans tous les foyers français".

Gérard de Villiers répondait à ses détracteurs qui jugeaient ses livres "vulgaires" qu'il se considérait "comme un conteur" ayant "la chance de ne pas faire un métier ennuyeux".

Le ministère de la Culture n'a pas souhaité réagir après sa disparition.