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Comment faire sauter les réticences à l'entreprenariat féminin ?

Crainte de ne pas réussir à jongler entre la vie de famille, les tâches domestiques et le pilotage d'une entreprise, crainte de ne pas être à la hauteur, de ne pas être légitime. Et une société patriarcale qui peine à évoluer sur les questions d'égalité femme-homme notamment dans le monde de l'entreprise... Quels sont les freins à l'entrepreneuriat féminin et comment comment les faire sauter ?

Comment faire sauter les réticences à l'entreprenariat féminin ?
© mavoimage/123RF

Quels sont les obstacles à la création d'entreprise au féminin ?

Le syndrome de l'imposteur

Les femmes ont tendance à s'exclure d'elles-mêmes de l'entrepreneuriat car elle pense ne pas avoir les compétences nécessaires pour créer puis gérer une entreprise. C'est le fameux syndrome de l'imposteur. Pourtant, les chiffres parlent en leur faveur. Selon le palmarès Woman Equity de 2020, le chiffre d'affaires des entreprises dirigées par des femmes a augmenté de 5,5 % en moyenne contre 4,8 % pour les entreprises dirigées par des hommes.

Pour Frédérique Montrésor, présidente d'Action'elles, également cheffe d'entreprise, ce sentiment de manque de légitimité est sans doute l'obstacle majeur de l'entrepreneuriat féminin. "Les freins à créer une entreprise sont propres à chaque femme. Syndrome de l'imposteur, manque de confiance en soi, peur de voir grand, peur de manquer de légitimité dans l'activité, etc. Selon moi, les freins sont plus intérieurs qu'extérieurs. Il y a bien sûr des obstacles quand on crée une entreprise et la crise d'aujourd'hui montre qu'une cheffe d'entreprise doit savoir rebondir. Les femmes peuvent surmonter les obstacles et les freins par la créativité dont elles sont loin de manquer", encourage la présidente d'Action'elles.

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Le manque de financement

Les femmes rencontrent parfois des difficultés à financer leur projet. C'est l'une des raisons pour lesquelles on retrouve davantage de femmes à l'origine d'entreprises individuelles, qui nécessitent peu, voire pas d'investissements du tout, plutôt qu'à l'origine de société : en 2020, selon l'Insee, 39 % des créateurs d'entreprises individuelles en 2020 étaient des femmes, un chiffre qui tombe à 36 % toutes entreprises confondues.

Frédérique Montrésor encourage les femmes à oser emprunter davantage : "Les femmes demandent généralement moins que les hommes. Les banques n'ont pas d'a priori par rapport au sexe de l'entrepreneur mais bien au projet. De plus, les femmes présentent souvent des projets moins importants au niveau financier. On est plutôt dans des activités de services sous le statut de consultant indépendant et rarement une création d'entreprise avec l'embauche de 3 à 5 employés dès la première année. Or il est plus facile d'avoir des financements au démarrage d'une entreprise qu'en cours de route".

L'accès au capital reste toutefois un défi pour les femmes entrepreneures. Selon le baromètre 2021 de Sista - le collectif qui œuvre contre les inégalités de financement entre les femmes et les hommes entrepreneurs, dans le secteur des start-up - et du Boston consulting Group (BCG), "les équipes fondatrices masculines représentent plus de 90 % des montants totaux levés en 2020. (…) Les équipes fondatrices féminines ne comptent que pour 2 % des levées de fonds entre 15 et 50 millions d'euros. Elles disparaissent ensuite des levées de fonds supérieures à 100 millions d'euros. Dans ces séries, 100 % des fonds sont levés par des équipes fondatrices masculines". Sista dénonce des équipes d'investissement à 90 % masculines et une iniquité dans le traitement des dossiers.

Le manque de réseau

L'absence de réseaux est une problématique récurrente pour les femmes qui ambitionnent de créer une entreprise. Plusieurs structures, associations, collectifs... existent pourtant, spécifiquement créées pour les femmes, pour les accompagner, financer leur projet, leur offrir un réseau de femmes entrepreneures avec qui échanger, confronter les idées et/ou créer des opportunités d'affaires.
Appartenir à un réseau de femmes crée un sentiment d'appartenance, permet de tester son projet, de le faire évoluer tout en gagnant en confiance, de trouver du soutien en cas de besoin...

On peut citer : Réseau Mampreneures, Le Premières, Actionn'elles, Forces Femmes... "Le meilleur conseil que je peux donner à une femme cheffe d'entreprise ou porteuse de projet est de se tourner vers les différents réseaux. On ne naît pas entrepreneure, on le devient, en apprenant des autres", recommande Frédérique Montrésor.

La crainte de ne pas réussir à concilier vie de famille et vie professionnelle

La création d'une entreprise est une activité chronophage, les tâches domestiques et le rôle de mère de famille également. Difficile dans ces conditions de combiner tout cela à la fois. Pour les femmes, le sentiment de ne pas avoir le temps de tout mener de front est un obstacle majeur à la création d'entreprise. Pourtant, une fois que l'entreprise est lancée, l'entreprenariat présente plusieurs avantages, gérer son emploi du temps comme on l'entend et contourner le plafond de verre encore présent dans les grandes entreprises en premier lieu.

Comment surmonter les réticences et blocages ?

La créativité, l'audace, l'imagination, la confiance en soi et le sentiment de légitimité sont au cœur de la démarche d'entreprendre. Se faire accompagner est également primordial. "L'accompagnement est le gage d'une réussite entrepreneuriale. 85 % des entreprises accompagnées sont toujours en activité 3 ans après leur création", écrit Bpifrance sur son site internet. "On se réussit jamais seule", confirme Frédérique Montrésor. "Quand on débute une entreprise, qu'on soit un homme ou une femme, être accompagné(e) permet de faire les bons choix, de bien s'entourer et d'avoir des bases solides", poursuit-elle.

Le changement viendra aussi de l'extérieur en mettant en place les conditions nécessaires à l'accès des femmes au capital, au plus haut poste dans les entreprises, à l'évolution des mentalités. Des mesures concrètes existent déjà. Citons la "Garantie égalité femmes", dispositif national visant à faciliter l'accès au crédit bancaire. C'est aussi par la loi que les mentalités évolueront, à l'image de la loi Copé-Zimmermann, votée en 2011 et qui a mis en place un quota de 40 % de femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises – elles sont aujourd'hui 46 % dans les conseils d'administration du CAC 40. "Plus le nombre de femmes entrepreneures augmentera, plus les mœurs changeront", conclut Frédérique Montrésor.