Jacqueline Sauvage a tué son mari, elle est morte en icône des violences conjugales

Jacqueline Sauvage, symbole de la lutte contre les violences domestiques, est décédée, chez elle, à 72 ans. La retraitée avait été condamnée à 10 ans de prison après avoir tué son époux qui la battait. Elle a été à l'origine d'une mobilisation féministe, populaire mais aussi de personnalités des Arts et de la Culture qui a marqué l'histoire...

Jacqueline Sauvage a tué son mari, elle est morte en icône des violences conjugales
© Capture d'écran - Jacqueline Sauvage sur France 2

Elle était le visage du martyr, victime d'un homme qui la frappait depuis 47 ans... Jacqueline Sauvage, 72 ans -qui avait été condamnée à 10 ans de prison pour avoir tué son mari violent avant d'être graciée par François Hollande- s'est éteinte, à son domicile, dans le Loiret. Sa famille n'a pas souhaité dévoiler les causes de sa mort. Le téléfilm Jacqueline Sauvage : C'était Lui ou Moi, réalisé par Yves Rénier et diffusé en 2018 sur TF1, avait été consacré à l'affaire. Muriel Robin y interprétait son rôle
Jacqueline Sauvage voit sa vie basculer en septembre 2012, lorsqu'elle tue son époux Norbert Marot de trois coups de fusil dans le dos. Celui-ci battait sa femme et ses filles depuis des décennies. Face aux circonstances floues de l'homicide, le premier procès se déroule en octobre 2014 et la femme âgée de 67 ans à l'époque est condamnée à 10 ans de réclusion criminelle.
La légitime défense n'est pas retenue... Après avoir fait appel, elle est de nouveau condamnée à la même peine de prison, un an plus tard.

Jacqueline Sauvage, symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes

Face à l'indignation de la société civile autour de ce jugement considéré comme disproportionné, des pétitions sont signées par des anonymes et l'affaire remonte jusqu'au palais présidentiel.

Le chef de l'État de l'époque, François Hollande, décide alors de lui accorder une grâce présidentielle totale en décembre 2016. Son histoire bouleversante l'a érigée comme figure symbolique de la lutte contre les violences faites aux femmes.

Son avocate brise le silence

Son avocate Nathalie Tomasini a réagi à sa mort auprès de BFM TV : "Jacqueline Sauvage a éveillé les consciences, elle a marqué la société qui a enfin pu s'imaginer ce que pouvaient vivre ses femmes dans le huis-clos familial. Elle a cristallisé les espoirs des victimes de violences conjugales. Sa résistance a mobilisé tout un pays (...) D'une certaine manière, Jacqueline Sauvage a fait avancer la lutte contre les violences faites aux femmes".

Depuis sa libération, Jacqueline Sauvage avait presque disparu de l'espace médiatique. "Elle était extrêmement fatiguée. Elle a voulu se recueillir auprès des siens, de ses filles, de ses petits-enfants. Elle a beaucoup souffert de la médiatisation, ça a été également très violent", a expliqué son avocate.

François Hollande réagit : la "décision difficile" qu'il ne regrette pas

François Hollande s'est, quant à lui, souvenu des circonstances exceptionnelles qui l'ont conduit à gracier Jacqueline Sauvage. "C'était une décision difficile parce que deux cours d'assises l'avaient condamnée à 10 ans de réclusion. Je n'étais pas favorable, en principe, à la grâce car ce n'est pas au président de rendre la justice. Donc j'étais devant le dilemme suivant : soit de confirmer les décisions de justice soit de tenir compte d'une situation certes personnelle mais qui était aussi symbolique des violences faites aux femmes", a-t-il déclaré à France Bleu.

Et d'ajouter : "Je pensais qu'elle pourrait bénéficier d'une liberté conditionnelle mais comme ça n'a pas été le cas, je l'ai graciée définitivement ".

L'ancien président de la République a précisé qu'il ne regrettait absolument pas sa décision de lui accorder la grâce présidentielle : "Elle est morte chez elle et non pas en prison là où elle n'avait plus sa place".