Une femme, archevêque à Lyon ? Anne Soupa aspire au poste de Barbarin
Après le départ du cardinal Barbarin en mars 2020, le diocèse de Lyon cherche un nouvel archevêque. Anne Soupa, une théologienne de 73 ans, n'a pas hésité à déposer sa candidature, et, ce, alors que les femmes ne sont pas autorisées à devenir évêque...
Après un début d'année particulièrement mouvementé, le diocèse de Lyon s'apprête à tourner la page, en préparant l'arrivée d'un nouvel archevêque. Parmi les candidats, Anne Soupa, bibliste, écrivaine et présidente du Comité de la jupe espère changer la donne dans l'Église catholique française. Elle est la première femme à se proposer pour la position d'archevêque en France. Et même si ses chances d'accéder au poste sont maigres, la théologienne de 73 ans entend marquer les esprits avec sa candidature.
La théologienne Anne Soupa brigue le siège darchevêque de Lyon https://t.co/NjEkzvkrvL
— La Croix (@LaCroix) May 25, 2020
Anne Soupa, première femme archevêque de France ?
En mars 2019, le cardinal Philippe Barbarin avait démissionné du diocèse, suivant sa condamnation en première instance pour non-dénonciation de violences sexuelles sur mineurs, puis sa relaxe en appel. L'institution catholique est administrée depuis juin dernier par Michel Dubest, un évêque mandaté par le pape François. Le siège archiépiscopal étant officiellement vide, la septuagénaire a saisi l'opportunité à bras le corps.
Selon les principes énoncés par le droit canonique (ensemble des lois et règlements de l'Église canonique), une femme ne peut pas être ordonnée prêtre, et certainement pas évêque, ce que conteste fortement Anne Soupa dans le document de sa candidature: "Ça surprend, c'est inattendu, mais en même temps, c'est très fondé. Certains diront que ce geste est fou. Mais ce qui est fou, c'est que cela paraisse fou, alors que cela ne l'est pas", écrit-elle dans sa lettre.
Pourquoi je suis candidate à être archevêque de Lyon. pic.twitter.com/TdZtHGSyOw
— anne soupa (@anne_soupa) May 25, 2020
La candidate n'a pas hésité à soulever ses qualités et son engagement "depuis trente-cinq ans, sur le terrain, comme bibliste, théologienne, journaliste, écrivaine ". Elle explique: "Tout m'autorise à me dire capable de candidater au titre d'évêque, tout me rend légitime. Or tout me l'interdit."
"C'est une candidature qui devrait libérer les femmes"
Invitée le 25 mai sur France Info, Anne Soupa a expliqué sa démarche ouvertement féministe: "C'est une candidature qui devrait libérer les femmes pour qu'elles osent dire : 'Pourquoi pas moi ? Ça me paraît essentiel. Les femmes sont très, très bridées dans l'Église catholique. Certaines ont des responsabilités, mais il y a toujours un plafond de verre et la meilleure preuve, c'est qu'il n'y a pas de femmes évêques".
Elle ajoute : "Je suis laïque, comme tout le monde, mariée. Je pense qu'imaginer un autre visage pour un évêque, c'est très très libérateur. C'est un souffle de nouveauté, c'est important".
En août 2016, le souverain pontife avait créé une nouvelle commission dédiée à la question des femmes diacres. Cette dernière, selon Le Monde, n'est pas parvenue à trouver un accord en raison de trop nombreux avis divergents. Mais le pape François a décidé de retenter l'expérience en annonçant la création d'une nouvelle commission le 8 avril 2020.
L'épisode douloureux de l'abbé Preynat
Par ailleurs, Anne Soupa ajoute dans sa lettre de candidature un autre argument en faveur de l'ouverture des postes ecclésiastiques aux femmes. Elle espère mettre fin à un "entre-soi propice aux abus", une référence tranchante aux agissements Bernard Preynat, ancien prêtre du diocèse qui, entre 1971 et 1991, a agressé en toute impunité les enfants du groupe de scouts dont il avait la charge.
"Pourquoi candidater à Lyon ? Parce qu'à Lyon, quatre archevêques successifs, Mgrs Decourtray, Billé, Balland, Barbarin, ont failli dans leur tâche première, celle de protéger leurs communautés. Les bergers ont laissé les loups entrer dans la bergerie et les prédateurs s'en sont pris aux petits ", écrit-elle.
Le 16 mars dernier, Bernard Preynat a été condamné par le tribunal correctionnel de Lyon à cinq ans de prison ferme, cinq ans après les premières révélations de victimes.