Camille et Julie Berthollet dénoncent les agressions sexuelles dans la musique classique

Les célèbres virtuoses ont révélé qu'elle avaient subi les gestes déplacés d'un chef d'orchestre et d'autres agissements sexistes des professionnels du monde de la musique classique, dans une vidéo publiée par Loopsider.

Camille et Julie Berthollet dénoncent les agressions sexuelles dans la musique classique
© SADAKA EDMOND/SIPA

Un univers d'excellence qui comporte également sa part d'ombre. Alors que les personnalités du patinage artistique montent au créneau contre les violences sexuelles dans le sport et quelques mois après les accusations de harcèlement sexuel à l'encontre du ténor Placido Domingo, des personnalités du monde de la musique classique ont pris la parole. Le 18 février, Camille et Julie Berthollet, connues du grand public pour leurs duos de violons et violoncelle, ont dénoncé les exactions qu'elles ont observées ou vécues dans leur carrière.
Remarques déplacées, attouchements, chantage sexuel... Les jeunes femmes de 21 et 22 ans détaillent dans une vidéo publiée par Loopsider les comportements abusifs de certains de leur professeurs : "Une des raisons pour lesquelles on parle maintenant, c'est parce qu'on a eu une expérience de plus et probablement de trop avec un chef d'orchestre qui s'est permis des gestes déplacés". L'homme aurait ainsi reniflé le "cou [des musiciennes] pour voir quelle odeur ont les rousses" et aurait passé "une main derrière le dos" de ces dernières.

Des remarques et des gestes sexistes dans le quotidien des sœurs Berthollet

Avec le soutien de sa sœur, Julie Berthollet évoque la méfiance que toutes deux portaient à l'égard de certains professeurs et précise qu'il ne fallait "pas aller en cours toute seule".

Elles ont également dû faire face à de nombreuses remarques déplacées et sexistes, qui ont conditionné leur attitude et leur apparence sur scène. Il s'agissait alors d'une "main qui traîne sur la jambe ou un regard super appuyé sur le décolleté", ainsi que des allusions sexistes sur leurs physiques : "On peut avoir fait un concert super. On ressort et puis quelqu'un nous dit : 'Très jolie poitrine, très joli décolleté' ou encore "J'aimais mieux les jupes courtes, j'aurais préféré ça'".

Une omerta sur les violences sexuels dans le monde de la musique classique

Camille Berthollet, qui a été présentée au public par le biais de l'émission Prodiges, évoque les agissements de ses camarades, qui étaient alors mineures : "Certains filles qu'on connaissait sont allées coucher avec le prof et les parents étaient au courant."

Selon les commentaires du Loopsider, plus d'une musicienne sur quatre a déjà été victime de harcèlement sexuel. Une violence banalisée et silencieuse que Camille et Julie Berthollet souhaitent faire éclater au grand jour. Les deux sœurs ont eu la chance de pouvoir se soutenir dans la pratique de leur instrument, ce qui n'est pas le cas de beaucoup de jeunes musiciens sur la voie de l'excellence."On voit qu'il y a plein de jeunes filles ou d'hommes qui ont peur de dire les choses en pensant qu'ils n'auront pas de carrière ", précise Julie Berthollet.

Sa sœur aînée décrit les dangers de se retrouver immergée trop tôt dans un univers d'adulte : "Quand on est ado et qu'on veut réaliser son rêve, on n'a pas toujours les gens autour pour nous dire "fais attention', et on a vu des gens se faire un peu embrigader". Comme si elle voulait elle-même donner l'exemple, Julie Berthollet ajoute : "[Si c'était à refaire] Il y a certaines personnes à qui j'aurais dit non (...) la notion de consentement, je l'ai peut-être intégrée trop tard".