Qui est Roxana Maracineanu, ministre en lutte contre les violences sexuelles dans le sport ?

Devenue ministre des Sports en septembre 2018, Roxana Maracineanu doit s'atteler au dossier des violences dans le sport, sujet qui s'est de nouveau manifesté avec la sortie du livre de Sarah Abitbol, où elle y accuse ouvertement son ancien entraîneur de viol. Pour la première championne du monde française de natation, la défense et la protection des femmes dans le sport est un enjeu capital.

Qui est Roxana Maracineanu, ministre en lutte contre les violences sexuelles dans le sport ?
©  Jacques Witt/SIPA

Saut dans le grand bain pour Roxana Maracineanu. Le 2 février, la ministre des sports nommée en septembre 2018 a pris à bras le corps le dossier épineux des violences dans le sport en réclamant la démission de Didier Gailhaguet, président de la Fédération française des sports de glace. L'homme trône au sommet de la Fédé de façon presque ininterrompue depuis 1998, et aurait notamment choisi de maintenir en poste Gilles Beyer, entraîneur et violeur de Sarah Abitbol, alors que ses agissements criminels avaient déjà été dénoncés avant le livre révélation de l'ancienne championne.
Selon une enquête de l'Équipe, trois autres patineuses ont révélé avoir subi des agressions sexuelles de la part de leurs entraîneurs. La ministre doit ainsi faire face à la lourde responsabilité d'encadrement de la polémique, et rassurer les jeunes sportives qui souhaitent s'engager à haut-niveau dans leurs disciplines.

Roxana Maracineanu : un parcours d'athlète, de mère de famille et de politicienne

Pour cette ancienne nageuse au parcours exemplaire, la valorisation des femmes dans le sport a toujours été un objectif presque personnel. Arrivée de Roumanie à ses 9 ans, Roxana Maracineanu a pratiqué la natation de haut-niveau jusqu'à ses 29 ans, et c'est dans le bassin qu'elle découvre qu'elle est enceinte. Une grossesse qui survient en fin de carrière, mais qui sollicite énormément son corps d’athlète.
Encore aujourd'hui, la ministre des Sports Roxana Maracineanu se réfère à cet événement pour défendre l'accompagnement des sportives de haut-niveaux à travers la maternité. Lors d'une interview à Paris Match, elle explique les conditions nécessaires à l'épanouissement des sportives: "La maternité doit faire partie intégrante de la vie d'une sportive. Il est nécessaire que les entraîneurs, les fédérations... acceptent qu'une femme soit amenée à s'arrêter quelques mois (...) Réfléchissions à des systèmes pour que l'enfant puisse être présent au moment des stages, des entraînements voire même lors des compétitions, sans pour autant nuire aux bons résultats."

Roxana Maracineanu, ancienne championne du monde, a également expérimenté le sport pendant sa grossesse, ce qui n'était pas à la mode à l'époque : "Lorsque j'attendais mon premier enfant, mon gynécologue m'avait conseillé de faire comme d'habitude, de ne rien changer. Mais à l'époque, 'comme d'habitude' signifiait nager au minimum 6km par jour. Je me suis alors demandé s'il connaissait ma spécificité de sportive. L'activité physique est positive pendant la grossesse. Mais il est important de définir le contexte et de bien la cadrer".

Après un titre de championne du monde de natation sur 200 mètres dos en 1998 et un titre de championne d'Europe en 1999, son ascension a pris un revers en 2000 à Sydney, alors que la Roumaine Diana Mocanu lui a arraché le titre olympique. Un diplôme de l'ESCP en poche, elle s'est lancée dans le journalisme télé, en tant que consultante pour Europe 1, France Télévisions ou l'Équipe TV. En 2010, elle s'est engagée en politique en tant que conseillère régionale de l'Île-de-France et a lancé plusieurs associations contre la noyade ou pour étendre l'accessibilité au sport. Au cœur de cette vie associative, elle s'est faite repérer par Edouard Philippe, ce qui lui a valu sa nomination en septembre 2018.

Roxana Maracineanu, ministre aux nombreux combats

Maman de trois enfants, Roxana Maracineanu a également fait de l'égalité hommes-femmes dans le sport son fer de lance : "Ce qui me motive, ce n'est pas que ma fille joue au football, mais que mon garçon puisse faire de la danse."

Et quand la présidente de la Ligue de football Nathalie Boy de la Tour a défendu en avril 2019 les chants haineux et homophobes comme faisant "partie du folklore" du football, la ministre a choisi de supporter l'interruption des matchs par les arbitres, 

Dans le cas des agressions sexuelles et viols commis à l'encontre des patineuses, Roxana Maracineanu a opté pour la fermeté :"Le nombre de faits et leur étalement dans le temps illustrent qu'un dysfonctionnement général existe au sein de la fédération. (...) Au regard des révélations et des témoignages que j'ai pu recueillir, le président de la Fédération française des sports de glace Didier Gailhaguet ne peut se dédouaner de sa responsabilité morale et personnelle, je lui ai donc demandé d'assumer toutes ses responsabilités et de démissionner", a-t-elle déclaré à la suite de la rencontre avec le président de la Fédération française des sports de glace.

Un positionnement du gouvernement qui tranche radicalement avec celui de Marie-George Buffet, ministre de la Jeunesse et des sports de 1997 à 2002, qui n'avait pas pu garantir le renvoi de Gilles Beyer quand les premières accusations à son encontre sont apparues.