"J'ai porté le bébé de Samuel et de Jean-Raphaël", Angie raconte sa GPA

Maman de 3 enfants, Angie n'avait jamais songé devenir mère porteuse (elle dit "femme porteuse"). Jusqu'au jour où cette Canadienne a rencontré un premier couple qu'elle a voulu aider à connaître cette joie... puis Samuel et Jean-Raphaël et que leur coup de cœur amical a donné naissance à un petit Valentin. Témoignage.

"J'ai porté le bébé de Samuel et de Jean-Raphaël", Angie raconte sa GPA
© Meagan Adams

C'est une belle histoire ou en tout cas une histoire simple. Samuel et Jean-Raphaël se rencontrent il y a douze ans sur Internet et depuis vivent un amour sans nuage avec une seule ombre au tableau : l'absence d'enfant.
"Gays, nous avions fait une croix sur la parentalité, pensant qu'il n'était pas possible d'être homoparents...  Jusqu'à ce que la Manif pour Tous offre une superbe tribune à l'homoparentalité. Loin d'être des épouvantails, ces manifestations ont agi comme un déclic. Nous avons alors découvert qu'il était possible d'être papas et gays. L'effet Barbara Streisand fonctionne aussi dans ce domaine !  C'est cocasse, mais c'est un peu grâce à Frigide Bargo et à la Manif pour Tous que nous sommes devenus papas. L'adoption étant un parcours très compliqué, nous avons décidé de nous tourner vers la GPA", confie Jean-Raphaël.
La rencontre avec Angie, mariée avec James et maman de Leland et Mia, 13 ans, et de Cyrus, 5 ans, va changer leur vie. Cette canadienne vit en périphérie de la ville de London dans l'Ontario.
"C'est en 2010 que j'ai décidé de devenir femme porteuse. Je travaillais dans le domaine de la santé et une amie m'a confié qu'elle allait devenir femme porteuse. J'ai immédiatement su que je voulais aussi me lancer dans cette aventure.
J'ai vu des amies de ma mère devoir se battre pour devenir mères en raison de problèmes d'infertilité et être obligées de passer par l'adoption et la PMA. J'ai donc décidé d'aider ces couples en souffrance et devenir une femme porteuse me semblait la meilleure solution. J'ai donc posé ma candidature en pleine nuit et deux semaines plus tard j'ai rencontré les parents hétérosexuels du premier bébé que j'ai porté, un premier garçon qui a aujourd'hui 7 ans. 
Je ne pensais pas renouveler l'expérience avant de rencontrer Samuel et Jean-Raphaël durant un voyage d'affaires en 2015. Ils faisaient partie de mes clients et j'ai eu un coup de cœur amical. Après avoir écouté leur histoire, j'ai décidé de porter leur bébé !" précise Angie qui est doula et qui travaille depuis 2013 dans une agence de recrutement de femmes porteuses mais qui tient à distinguer clairement son activité de la mission qu'elle s'est donnée. "Angie n'a jamais voulu se servir de son histoire pour faire de la publicité", tient à préciser Jean-Raphaël qui ajoute qu'elle est très discrète concernant son activité pour éviter "toute confusion des genres."

Angie et Valentin © Meagan Adams

GPA : rétribution interdite

Au Canada la procédure de GPA est autorisée et encadrée : contrairement à ce que prévoit la législation américaine par exemple, les femmes porteuses ne doivent pas avoir une motivation financière c'est-à-dire qu'elles n'ont pas le droit d'être rétribuées même si l'ensemble des frais liés à leur grossesse est remboursé.

"Après avoir subi une batterie d'examens pour vérifier que leur corps est capable de mener une grossesse jusqu'à son terme et qu'elles ne rencontreront pas de problèmes de santé durant le parcours de PMA, les femmes porteuses font un choix parmi une liste de parents potentiels et les rencontrent afin de vérifier qu'ils ont bien les mêmes attentes et que le courant passe. C'est ce qui s'est passé avec le premier couple de parents puis avec Jean-Raphaël et Samuel" confie Angie.

"Quand j'ai décidé de sauter le pas avec Jean-Raphaël et Samuel, je me suis rendue fin 2016 à la clinique du médecin en fertilité américain,  le docteur Said Daneshmand".
Jean-Raphaël et Samuel ont tous les deux fait un don de gamètes mais ont tenu à ne pas savoir qui serait le géniteur de l'enfant.

"Les médecins ont ensuite procédé à une FIV et nous avons fixé un rendez-vous pour le transfert d'embryon. Nous avons signé un document ayant une valeur légale afin d'être sûrs que nous étions bien sur la même longueur d'ondes et que Samuel et Jean-Raphaël devenaient bien les pères de l'enfant à la naissance."

Angie aux côtés de Samuel et de Jean-Raphaël lors de leur mariage © Meagan Adams

GPA : une grossesse très entourée
"Le jour du transfert a été très émouvant. Samuel et Jean-Raphaël étaient à mes côtés grâce à FaceTime afin de partager avec moi ce moment si particulier. Le premier test sanguin a été négatif car Valentin faisait partie des 10 % des embryons qui ne s'accrochent pas rapidement in utero mais le deuxième a été positif : nous attendions un bébé !
Le reste de la grossesse s'est très bien passé. Samuel et Jean-Raphaël étaient très présents, attentifs et impliqués. Ils se sont enregistrés en train de lire des histoires et de chanter des chansons et m'ont envoyé les enregistrements afin que je puisse les diffuser à côté de mon ventre et de leur futur bébé. J'ai pu alors constater qu'ils étaient déjà de bons papas !
Quand j'ai atteint ma 20e semaine de grossesse, je suis venue à Paris pour rencontrer leurs familles et leurs amis. Cela fut une belle expérience d'autant plus que je ne l'avais pas vécue lors ma première GPA : ce fut donc un honneur et un bonheur de rencontrer leurs proches. Je dois avouer que les grands parents mais aussi les amis, les oncles et les tantes m'ont plusieurs fois étreint en guise de reconnaissance. J'ai été très émue de constater que le futur bébé était déjà très aimé avant même d'avoir vu le jour."

Un sentiment de plénitude partagée par Jean-Raphaël et Samuel. "Nous avons vécu la grossesse d'Angie comme une parenthèse enchantée. Nous échangions tous les jours par sms ou grâce à des vidéos et avions beaucoup recours à FaceTime. Angie nous envoyait chaque semaine des photos de l'avancement de sa grossesse et c'était magique", confie Jean Raphaël.

"Quelques semaines plus tard, Samuel et Jean-Raphaël sont venus chez nous au Canada afin de fêter Pâques. Nous leur avons présenté nos familles et nos proches. Ils m'ont accompagné à une échographie afin de visualiser leur futur bébé. Samuel pleurait à chaudes larmes et cela m'a bouleversé.
Ils sont repartis chez eux et mon ventre a continué à grossir ! Nous sommes bien entendu restés en contact pendant les derniers mois de la grossesse et la préparation de l'arrivée du bébé. J'ai pu les voir décorer la chambre de l'enfant et se préparer à leur rôle de pères.
Ils sont venus au Canada alors que j'avais atteint ma 37e semaine de grossesse, mais leur charmant petit garçon n'a montré le bout de son nez qu'au bout de la 41e. La naissance de Valentin en 2017 a été simplement un pur moment de bonheur. Samuel et Jean-Raphaël étaient à mes côtés quand le bébé est né entouré d'amour et de joie", raconte Angie. 

Jean-Raphaël, Angie et Samuel lors de la naissance de Valentin © Meagan Adams

Angie, plus qu'une femme porteuse, la "tata du Canada"

Depuis Samuel, Jean-Raphaël et leur fils de 2 ans voient régulièrement Angie et sa famille.

"Angie est la tata du Canada et elle a accepté d'être le témoin de notre mariage organisé sur une plage canadienne alors que Valentin n'avait que 5 jours, 
Le second prénom de Valentin est d'ailleurs Angie ! Depuis la naissance de notre fils, nous échangeons régulièrement. Nous avons passé une partie de l'été dernier au Canada avec Angie, ses proches et nos familles pour fêter l'anniversaire de Valentin", confirme Jean-Raphaël.
"Samuel et Jean-Raphaël font désormais partie de notre famille. Nous nous retrouvons deux fois par an depuis la naissance de Valentin. Parfois plus quand je dois venir en France pour mon travail. Tous mes proches sont très heureux de pouvoir considérer ce couple et leur fils comme des membres de la famille" !