"J'ai porté plainte 15 fois, on ne m'a jamais prise au sérieux", Mélissa témoigne contre les violences conjugales
Il y a un an, Mélissa rencontre un homme au Portugal. Une histoire d'amour démarre pendant les vacances puis se poursuit de retour en France. Pas de vie commune mais des rendez-vous de plus en plus fréquents. Mais rapidement, leur relation vire au cauchemar. Mélissa ne cesse alors de se rendre à la gendarmerie, en vain.
Entre le 1er janvier et le 1er septembre 2019, 100 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint. Alors que le Grenelle de lutte contre les violences conjugales a débuté le 3 septembre, nous avons choisi de donner les paroles à celles qui souffrent, cherchent une issue et se battent pour se reconstruire. Leurs témoignages sont nécessaires. Voici celui de Mélissa, 24 ans, étudiante, qui pensait démarrait une histoire d'amour somme toute ordinaire. Mais très rapidement, elle découvre que son compagnon lui ment, par l'intermédiaire d'un ami : il est marié depuis quatre ans avec une autre. Une première dispute éclate et les portes de l'enfer s'ouvrent sur la jeune femme. Son compagnon se braque, il s'en va et lui laisse un message vocal en la menaçant de la tuer. Dans la nuit, il débarque devant chez elle et l'insulte. A partir de là, elle appelle les gendarmes. Ses coups de fils ne vont cesser. Elle portera plainte quinze fois et ne sera jamais prise au sérieux. Elle raconte.
"J'avais besoin d'aide. Je faisais face à un homme qui me harcèlerait, se pointait devant chez moi en pleine nuit, me menaçait de mort, me frappait, m'agressait sexuellement. J'ai vécu un enfer, je vis toujours un enfer.
Je n'ai cessé d'appeler les gendarmes et de porter plainte : quinze fois en tout. Les gendarmes ne m'ont jamais prise au sérieux. J'ai entendu que j'étais une femme qui avait besoin d'un homme riche, que cette histoire, je la voulais bien, ou encore qu'il me fallait tout simplement déménager, que ça résoudrait le "problème". On m'a reproché plusieurs fois de ne pas appeler "pendant les faits", mais à chaque fois que j'ai appelé car j'étais menacée, que mon ex arrivait ou me harcelait par téléphone, les gendarmes ne se déplaçaient pas. Une fois seulement, ils l'ont convoqué. Il n'est jamais venu et on ne lui a pas couru après.
C'est ça, qui est terrible. On ne m'a jamais crue. Même la fois où il m'a retrouvée au Portugal, où je passais des vacances chez ma grand-mère pour m'échapper. Il m'a frappée devant elle, j'ai porté plainte là-bas. Pour autant, la gendarmerie française n'a rien fait. Quand je leur ai dit qu'un soir, il était venu et m'avait droguée, que je me suis réveillée pleine de bleus, on ne m'a pas cru. On ne m'a pas crue quand j'ai expliqué qu'il m'avait cambriolée, qu'il m'avait volé mon double des clés.
Le pire dans tout ça, c'est que ça s'est retourné contre moi. Mon ex a porté plainte pour dénonciation calomnieuse
Jamais ma parole n'a été prise en considération, mais le pire dans tout ça, c'est que ça s'est retourné contre moi. Mon ex a porté plainte pour dénonciation calomnieuse. Je me suis retrouvée en garde à vue, traitée comme un chien. Pour l'heure, je suis convoquée au tribunal, je serai défendue par un avocat. En parallèle, j'ai décidé de me faire aider psychologiquement, j'ai changé de voiture pour qu'il ne puisse pas me retrouver et je suis à la recherche d'un appartement."