Viol : Trois plaintes sur quatre sont classées sans suite

Des statistiques fournies par le ministère de la Justice montrent à quel point il est difficile de rassembler des preuves pour un viol. En 2017, 76 % des enquêtes pour viols ont été classées sans suite. Un chiffre aberrant qui révèle les difficultés auxquelles la justice est confrontée pour investiguer sur une agression sexuelle.

Viol : Trois plaintes sur quatre sont classées sans suite
© Tommaso Altamura/123RF

Les classements sans suite dans les affaires de viols sont de plus en plus importants. "76% des enquêtes pour viol n'ont pas abouti en 2017. Magistrats, policiers et avocats témoignent de la difficulté des investigations dans ces dossiers où la preuve manque souvent." lit-on dans Le Parisien. Face à ce chiffre effarant du ministère de la Justice, Marlène Schiappa a déclaré sur LCI que des progrès restaient à faire pour que les auteurs d'agressions sexuelles soient davantage condamnés. En 2017, seulement 13 % des victimes de viol ont porté plainte. 
L'enquête pour viol devient un véritable parcours du combattant. Le Parisien explique que "dans la majorité des cas, c'est parce que l'enquête n'a pas permis de matérialiser les faits : soit l'auteur est inconnu, soit l'infraction est absente ou mal caractérisée". La plus grande difficulté dans une affaire de viol est de rassembler des preuves qui peuvent être utilisées. C'est la présomption d'innocence qui l'emporte sur la plainte lorsque aucun élément solide n'a été trouvé. Pourquoi sont-elles si difficile à rassembler ? Le directeur d'un service de la PJ explique au Parisien : "Le moindre détail est épluché. On commence par l'audition de la victime en poussant les questions : quel était le mode opératoire du violeur, où les faits se sont déroulés, etc. Si le suspect estime que la relation était consentie, on va chercher à savoir si cette défense est crédible : n'aurait-il vraiment pas pu voir que la victime était tétanisée, comprendre son refus, voire son silence ?"

Le viol : un cas à part pour la justice 

Dans une enquête pour viol on cherche des éléments concrets comme des traces de violences, de l'ADN... Le problème c'est qu'"il y a une part de subjectif" , selon ce directeur. Le travail est alors délicat. De surcroît, la définition instable et compliquée du viol n'arrange pas les choses. Dans le droit français, "tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol". Dans cette définition, on remarque des zones grises. "C'est une infraction qui ne se définit pas au regard de la volonté de la victime, mais de celle de l'auteur : a-t-il agi avec violence, contrainte, menace ou surprise ? ", rappelle Caty Richard, avocate du barreau de Pontoise. 

Pour que les choses bougent... 

Derrière ces 76% de plaintes qui n'ont donné aucun résultat, il y a des visages de femmes, d'hommes, ou même d'enfants, qui ont eu le courage d’exiger justice pour que ce genre d'acte inhumain ne recommence jamais. Alors est-ce trop compliqué pour la justice d'enquêter sur ce qui touche à l'intime ou s'agit-il d'un début de banalisation de la violence ? Une chose est sûre : des efforts sont attendus des deux côtés. Pour l'avocate Zoé Royaux, "Il faut encourager les plaignantes à être accompagnées pour qu'elles mettent directement en avant les faits saillants de leur histoire". Du côté de la justice, on attend davantage d'investissement, lorsque la victime  ne peut fournir toutes les preuves attendues.