Prostitution des mineurs : 10 000 jeunes vendent leurs corps, "20.000 € par mois" pour des services sexuels
Chiffres affolants, Tarifs exhorbitants, Séquelles terribles... Alors qu'Adrien Taquet doit annoncer un plan national de lutte contre la prostitution des mineurs, Nina et Marion, anciennes prostituées qui se sont retrouvées dans ce milieu à 15 ans, racontent leur calvaire...
Les chiffres sont hallucinants. Entre 7 000 et 10 000 mineurs se prostituent en France, selon le rapport d'un groupe de travail présidé par la procureure générale de la cour d'appel de Paris, Catherine Champrenault, a indiqué FranceInfo. La plupart de ces mineurs sont des filles âgées de 15 à 17 ans. Contrairement aux idées reçues, ces enfants et adolescents qui se prostituent sont issus de toutes les classes sociales. Ils sont souvent recrutés via les réseaux sociaux et se considèrent de moins en moins comme des victimes, notamment en raison de "l'effet Zahia", cette ancienne escort-girl qui s'était prostituée pour des footballeurs et qui avait contribué à véhiculer une image plus sophistiquée de ce milieu.
"20 000 euros par mois" : le piège de la prostitution se referme
Nina, elle, a commencé à se prostituer à 15 ans et a raconté son calvaire auprès de RMC. 15 ans, c'est d'abord l'âge auquel Nina a été violée. Un traumatisme qui l'a entraîné vers l'alcool, les drogues, et la vente de son corps. C'est en postant une annonce sur un site d'escort que la descente aux enfers a commencé.
"Tu n'a plus de rapports au corps. Il y a quelque chose qui s'est faussé en toi. Le rapport sexuel en lui-même n'a plus de valeur. Tu prends du savon, tu frottes, tu frottes, tu vois que ton corps est propre de l'extérieur, mais tu ne te sens pas bien", a-t-elle expliqué.
Petit à petit, l'appât du gain se fait de plus en plus pressant: "Tu es obsédée par l'argent. Tu as 16 ans et tu peux te faire 200 euros en une heure. J'ai vu des filles s'épuiser et faire jusqu'à 20.000 par mois". Un pactole que Nina dépensait dans la cocaïne ou la lingerie.
Heureusement, sa famille a su la faire sortir de l'ornière. "Sans eux, je n'y serai pas arrivé", a-t-elle assuré, toujours à RMC.
"Je me sens régulièrement sale"
Marion, ancienne prostituée qui a été prisonnière de ce milieu entre 15 et 18 ans, est désormais âgée de 25 ans. Mais les séquelles de cette période difficile sont tenaces. "Je me sens régulièrement sale. Je suis encore à un stade où je prends deux ou trois douches par jour. Au niveau des relations avec des hommes, toute personne peut être considérée comme un potentiel client. Je sais que cela peut paraître bizarre de le dire, mais c'est parce que finalement, on a vendu son corps. C'est difficile de s'engager auprès de quelqu'un", avait-elle confié à FranceInfo.
Le gouvernement veut lutter contre la prostitution des mineurs
Pour tenter de juguler le fléau, le secrétaire d'État à la Protection de l'enfance, Adrien Taquet, doit annoncer un plan national de lutte contre la prostitution des mineurs pour l'automne 2021. L'un des angles d'action consiste à donner davantage de moyens aux forces de l'ordre afin de leur permettre d'enquêter et de repérer plus facilement les mineurs qui se prostituent, en se rendant sur les réseaux sociaux et se faire passer pour des clients, par exemple.
Il s'agit également de mettre en œuvre des campagnes de prévention et de désigner un référent proxénétisme des mineurs dans les parquets.