Ursula von der Leyen, privée de chaise en Turquie : malséance au sommet

Une femme debout. La présidente de la commission européenne a été humiliée lors d'une réunion au sommet, à Ankara. Le président turc Recep Tayyip Erdogan et Charles Michel, à la tête du Conseil européen, se sont tranquillement assis, laissant Ursula von der Leyen... sans fauteuil !

Ursula von der Leyen, privée de chaise en Turquie : malséance au sommet
© Xinhua/ABACA

Humiliation au sommet, à Ankara. Alors que la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil européen, Charles Michel, se sont réunis le 6 avril, les deux hommes se sont rapidement assis sur les deux seuls fauteuils de la pièce... laissant l'ex-ministre allemande de la Défense debout, et offensée. "Euh…", a-t-elle laissé échapper, confuse. Mais aucun de ses interlocuteurs n'a réagi. Le ministre des Affaires étrangères de la Turquie, Mevlut Cavusoglu, était également installé sur un divan. Trois hommes confortablement assis, une femme debout... Rien de dérangeant pour cette assemblée de mâles dominants...

Ursula von der Leyen, victime de sexisme ordinaire ?

Ursula von der Leyen s'est finalement assise sur le canapé, mais il était trop tard. L'affront était fait.

Face à la publication de la vidéo de ce moment embarrassant, la Toile s'est offusquée et a lancé le hashtag #GiveHerASeat ("donnez-lui un siège", en anglais). Un véritable SofaGate

Sophie in't Veld, l'eurodéputée néerlandaise, a insisté sur Twitter: il ne peut s'agir d'une "coïncidence".

Pour illustrer son propos, elle a posté des photos de réunions de Recep Tayyip Erdogan et les deux anciens dirigeants de l'Union Européenne, Donald Turk et Jean-Claude Junker. Tous étaient assis

Une mise en scène du président turc ?

La présidente von der Leyen, qui était présente à l'évènement pour évoquer une normalisation des relations entre l'Union Européenne et la Turquie, a préféré ne pas causer de remous (ni d'incident diplomatique). "Mais cela n'implique pas qu'elle n'accorde pas d'importance à l'incident", a assuré son porte-parole Eric Mamer.

Et d'ajouter: "Mme von der Leyen attend d'être traitée selon les règles protocolaires et elle a demandé à ses services de faire en sorte que ce genre d'incidents ne se répète pas à l'avenir",

Pour Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'Union Européenne en Turquie, cette humiliation n'a pas eu lieu par hasard. "C'est un gage de plus donné aux religieux conservateurs turcs", a-t-il expliqué au Figaro

Charles Michel brise le silence

Taclé pour ne pas avoir réagi lors de l'incident, Charles Michel s'est finalement exprimé:

"En dépit d'une volonté manifeste de bien faire, l'interprétation stricte par les services turcs des règles protocolaires a produit une situation désolante: le traitement différencié, voire diminué, de la présidente de la Commission européenne. Les quelques images qui en ont été diffusées ont donné l'impression que j'aurais été insensible à cette situation. Rien n'est plus éloigné ni de la réalité, ni de mes sentiments profonds".