Les femmes, mises à mal par la crise du coronavirus

La crise du coronavirus a renforcé les inégalités entre les genres, selon une étude de l'INED. Pendant le confinement, bon nombre de femmes ont dû télétravailler, s'occuper de leurs enfants et assumer les tâches domestiques. Au travail et à la maison, la pandémie n'a pas facilité la vie de la gent féminine.

Les femmes, mises à mal par la crise du coronavirus
© Stephane ALLAMAN/SIPA

Pendant le confinement, les femmes étaient déjà en première ligne du combat contre le coronavirus. Caissières, infirmières, employées de maison : la plupart des travailleurs qui devaient sortir de leur logis, pour continuer à faire vivre la société pendant que la pandémie battait son plein, étaient des femmes. Récemment, un constat d'autant plus alarmant a été dressé. Une étude de l'Institut national d'études démographiques (INED), publiée le 16 juin, a montré que la crise du coronavirus avait augmenté les inégalités entre les genres. Selon Joanie Cayouette-Remblière, chercheuse à l'INED et co-signatrice de l'étude, les conséquences de la pandémie ont été "une triple-peine pour les femmes" qui étaient "plus nombreuses à avoir dû renoncer à leurs activités professionnelles que les hommes, par choix ou par contrainte", face à l'impossibilité de télétravailler, par exemple. Et d'expliquer : "Quand il faut mettre dans la balance les professions féminines et les professions masculines, ce sont plus souvent les premières qui vont se retirer ou être retirées de l'équation". D'après l'enquête, deux femmes sur trois ont continué à travailler pendant le confinement, contre trois hommes sur quatre.

Des conditions de télétravail compliquées 

Pour celles qui peuvent télétravailler, elles restent moins nombreuses que ces messieurs à disposer d'une pièce pour pouvoir s'isoler et exercer leur activité professionnelle tranquillement. Seulement un quart des femmes peuvent s'isoler pour travailler, contre 41 % des hommes qui ont cette possibilité.

"Comme les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes, on privilégie l'emploi du conjoint aux dépens des leurs. Les hommes peuvent donc plus facilement séparer leurs espaces de vie", a détaillé la co-signatrice de l'étude.

Les femmes, sur le front... à la maison

Les femmes étant plus souvent à la tête d'une famille monoparentale, elles étaient 48 % en télétravail à vivre avec un ou plusieurs enfants au moment du confinement, contre 37 % des hommes. Une condition peu pratique lorsqu'il s'agit d'effectuer des réunions en visio ou de plancher sur un document Excel. Après leur journée de travail et pendant qu'elles s'occupent de leurs enfants, les mères de famille doivent souvent assumer les tâches domestiques. À ces désagréments s'ajoute donc la charge mentale à laquelle les femmes sont souvent confrontées

"Pour les femmes qui ont dû arrêter de travailler, renoncer à un contrat ou encore se retirer d'un projet sur lequel elles travaillaient, il n'y aura pas de reprise automatique", a ajouté Joanie Cayouette-Remblière. Le confinement et ses conséquences pourraient donc renforcer des "inégalités pré-existantes"