Une femme rouée de coups par son ex : la veille, elle avait appelé à l'aide... Un policier l'avait insultée !
Alors qu'une jeune femme avait composé le 17 pour appeler à l'aide face à un ex-compagnon violent, le fonctionnaire de police l'a insultée à l'autre bout du fil. Le lendemain, elle a été rouée de coups par son ex-conjoint...
Un policier est jugé ce 8 mars devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour avoir insulté une femme ayant appelé le 17 pour demander de l'aide face à un ex-compagnon violent, indique FranceInfo qui a eu accès au PV de retranscription. Les faits se déroulent le 31 juillet 2022. Il est 20h08 et une femme, prénommée Ophélie, téléphone à la police pour indiquer que son ex-conjoint se trouve en bas de chez elle, à Osny dans le Val-d'Oise, et qu'il menace de lui faire du mal.
Un policier insulte une femme en danger : "Tu parles mal grosse merde"
Mais lorsque le fonctionnaire de police entend la jeune femme, il ne prend pas l'appel au sérieux. "Il a dit qu'il va me tuer et tout", lance-t-elle alors. Le policier, lui, répond d'un ton ironique avec des interjections : "Non... Oh !". Puis, Ophélie lance à son ex-compagnon, alors qu'elle est toujours au téléphone : "Commence pas à crier mon nom en bas de chez moi, casse pas les couilles Issa". En entendant ces paroles, le policier se met à insulter son interlocutrice : "Et tu parles mal grosse merde. Alors tu m'étonnes qu'il te menace. Et rappelez plus, démerdez-vous avec".
Mais Ophélie n'abandonne pas. Se sentant réellement en danger, elle rappelle une heure et demie plus tard et tombe, sans le savoir, sur le même policier qui l'a insultée au téléphone. Convaincue de parler à un autre interlocuteur, elle raconte avoir été envoyée promener par un fonctionnaire de police au téléphone. "Ah bon, il vous a insultée ? (...) 'Démerdez-vous grosse merde', ça m'étonnerait", répond-il tout simplement. Un brin plus compréhensif, mais toujours visiblement irrité, il déclare ensuite, avec peu de patience : "Ouais bon, vous allez au commissariat, vous faites une plainte contre votre ami qui vous harcèle là, d'accord ? (...) Voilà, c'est tout. Et pour le policier, je sais pas, faites un courrier aussi".
La femme, rouée de coups par son ex après l'appel au 17
Le 1er août 2022, lendemain de l'appel, la jeune femme est violentée par son ex-compagnon alors qu'elle sort de chez elle. Sa fille, âgée de 12 ans, évidemment choquée, appelle la police et décrit : "II est venu et il est sorti de la voiture, il a pris une batte et il a tapé ma mère, il lui a mis des coups de poing et des coups de pied. Il a essayé de l'écraser". Les forces de l'ordre sont alors envoyées sur place. L'ex-compagnon d'Ophélie est jugé en novembre 2022 et condamné à quatre ans de prison ferme, dont un an avec sursis probatoire, indique FranceInfo.
Le policier s'explique : "Une femme en danger n'est pas agressive"
Mais quid du policier ayant insulté la jeune femme et ignoré son appel à l'aide ? Jugé le 8 mars devant le tribunal correctionnel de Pontoise, il a été auditionné à l'IGPN quelques semaines plus tôt. "J'ai immédiatement catégorisé cet appel dans les fantaisistes. J'avais l'impression qu'elle était en train de parler avec le sourire", s'est-il alors expliqué. "Une femme en danger n'est pas agressive en général avec l'individu qui la menace", a-t-il ajouté. Mais le fonctionnaire de police reconnaît avoir "mal parlé à la dame" et concède : "J'ai eu un moment d'égarement et je me suis lâché verbalement contre elle". Il a tenté de se justifier en déclarant qu'il avait un "ras-le-bol de ce boulot".
Le policier a-t-il été suspendu de son poste ?
Une enquête préliminaire a été ouverte pour non-assistance à personne en danger. Une deuxième enquête administrative a été ouverte en octobre 2022 pour "manquement au devoir d'exemplarité, manquement à l'obligation de courtoisie à l'égard du public, manquement à l'obligation de discernement". Le policier a donc a été suspendu en septembre de son poste aux appels du 17, mais pas de ses fonctions d'opérateur radio "au centre d'information et de commandement brigade de nuit", selon FranceInfo.