90 féminicides en 2020 : ce que les chiffres ne disent pas

En 2020, les féminicides (ou crimes conjugaux) étaient beaucoup moins nombreux que l'année précédente a annoncé Eric Dupond-Moretti sur les réseaux sociaux... Que cachent ces chiffres historiques ?

90 féminicides en 2020 : ce que les chiffres ne disent pas
© ArtemFurman/123RF

En 2020, 90 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. C'est encore beaucoup trop... mais les chiffres sont bien moins catastrophiques que l'année précédente, et ils n'ont jamais été aussi bas depuis 2006, l'année où le recensement annuel des crimes conjugaux a débuté. En 2019, 146 femmes avaient été tuées sous les coups de leur compagnon ou époux. Au total, en 2020, 106 homicides conjugaux ont été perpétrés, contre 173, en 2019. 
"Nous avons obtenu ces résultats, ils sont encore trop modestes mais ils sont porteurs d'espoir", a expliqué le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, dans une vidéo publiée sur son compte Facebook. 

"Chaque crime, chaque violence est un échec pour notre société, pour notre ministère de la Justice", a ajouté le garde des sceaux, avant de préciser : "Cette baisse tient au regard de notre société sur ces violences, elle tient au travail des associations, elle tient aussi aux moyens mis en place par le ministère".

Féminicides : les outils pour lutter contre le fléau

En 2020, plusieurs mesures pour lutter contre les féminicides ont été mises en place, à la suite du Grenelle des Violences Conjugales, qui s'était déroulé fin 2019. 

Le bracelet anti-rapprochement, qui permet à une victime de déclencher un système d'alerte lorsque son conjoint ou ex-conjoint violent se trouve à proximité, a notamment été introduit. La prise de plainte à l'hôpital a également été facilitée. Des dizaines de conventions ont été signées avec des hôpitaux, et d'autres seraient en cours de signature.

Par ailleurs, 1000 nouvelles places d'hébergement ont été attribuées aux victimes de violences conjugale, selon le cabinet du ministère délégué à l'Égalité, et d'après le Journal du Dimanche, 1 201 téléphones grand danger ont été distribués.

Confinement et baisse des féminicides... Un lien ?

En novembre, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, avait expliqué que cette baisse des féminicides était, entre autres, la conséquence du confinement.

L'assignation à domicile avait, dès le printemps, entraîné une "extraordinaire prise en charge" des victimes, a-t-elle commenté auprès de Ouest France.

Moins de féminicides et plus de violence conjugale ?

Elisabeth Moreno, ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, a commenté les nouveaux chiffres au micro de France Info, le 2 février : "Un féminicide est et restera toujours un féminicide de trop. Au travers des 46 mesures du Grenelle des violences conjugales, aujourd'hui à 100% engagées, le gouvernement est pleinement mobilisé et déterminé pour enrayer ce fléau".

Ces chiffres sont à relativiser, puisque si le nombre de féminicides a baissé, la violence conjugale, elle, semble avoir augmenté.

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 560 dossiers de plainte ont été poursuivis en 2020 contre 349, en 2019. Ce qui pourrait également indiquer que la justice prend (enfin) les faits de violence conjugale plus au sérieux...