Léa Bougro, transgenre : maçon, elle ne trouve plus de travail depuis son changement de genre

Léa Bougro travaille dans la maçonnerie depuis 28 ans. Elle n'a jamais eu de problème pour trouver du travail... jusqu'à son récent changement de sexe. Depuis l'officialisation de son statut de femme en fin d'année dernière, elle se débat dans ce milieu "macho et transphobe". Pour faire bouger les lignes, elle a décidé de parler.

Léa Bougro, transgenre : maçon, elle ne trouve plus de travail depuis son changement de genre
© Xavier Francolon/SIPA (publiée le 24/02/2023)

Chaque matin, ce n'est pas son cocktail d'hormones qui est difficile à avaler, mais bien ses récentes difficultés à trouver du travail. Léa Bougro, 45 ans et née dans un corps d'homme, a entamé un changement de sexe à l'automne 2021. Depuis l'officialisation de sa nouvelle identité en fin d'année dernière et les changements physiques qui se sont opérés, cette maçonne ne parvient plus à boucler ses fins de mois. En cause, le nombre de contrats qui lui sont accordés se sont réduits comme peau de chagrin, rapporte Le Parisien. Face à cette situation, la Rochefortaise (Charente-Maritime) a décidé de se faire entendre et de lancer une cagnotte qui lui permettra de lancer sa propre entreprise.

"Maçon, ça peut être un métier de femme !"

"J'ai commencé à travailler à 16 ans. En tant qu'homme, je n'ai jamais été au chômage. Mon CV n'a pas changé, mais en tant que femme, je ne trouve plus de chantier", regrette auprès du journal celle qui a même déjà exercé en tant que chef d'équipe. L'an dernier, une promesse d'embauche en CDI qui lui avait été faite n'a pas été honorée, selon elle en raison de son changement d'identité. Le goût de cette occasion manquée est encore amer. "Mon CV convenait parfaitement, mais quand j'ai donné mes papiers avec mon nouveau genre, ça a capoté. J'étais même prête à baisser mon salaire et mes frais, mais on m'a dit qu'une femme cheffe d'équipe en maçonnerie, ça ne pouvait pas marcher", rapporte-t-elle au journal Sud-Ouest. Et de poursuivre auprès du Parisien : "J'en ai bavé pour en arriver là, et beaucoup travaillé, y compris le week-end. Maçon, ça peut être un métier de femme !"

La Fédération française du bâtiment sans voix

En portant haut et fort sa voix dans les colonnes du Parisien, Léa Bougro espère faire bouger les lignes au sein du BTP, "un milieu macho et transphobe". La Fédération française du bâtiment (FFB), contactée par le quotidien, n'a pas souhaité faire de commentaire à ce sujet. Elle a tout de même tenu à préciser qu'en 2021, le secteur comptait 12,5% de femmes contre 8,6% dans les années 2000. La gent féminine évoluerait surtout dans les métiers de la peinture, de la décoration ou encore dans la restauration du patrimoine. Avec la loi Rixain, promulguée le 24 décembre 2021, les grandes entreprises françaises sont censées embaucher au moins 30 % de femmes à des postes à responsabilité à l'horizon 2026.

Une cagnotte lancée pour permettre à Léa Bougro de rebondir

En attendant, Léa Bougro et sa compagne, Lys, une femme transgenre également, entendent monter leur propre entreprise de maçonnerie. "Les compétences techniques, c'est Léa, insiste sa compagne. Je suis très fière de son parcours", insiste cette dernière. Pour parvenir à cet aboutissement, les deux femmes ont lancé une campagne de financement participatif. L'argent récolté les aidera à acheter du matériel et un véhicule. 1600 euros ont déjà été récoltés.