Droit à l'avortement menacé aux EU : Manifestations et Colère contre la Cour suprême

La Cour suprême serait sur point de renverser le droit constitutionnel à l'avortement aux États-Unis. Plus qu'une menace, un coup de massue pour les droits des femmes, qui ont manifesté leur profonde colère dans la foulée.

Droit à l'avortement menacé aux EU : Manifestations et Colère contre la Cour suprême
© Des protestantes à Washington le 3 mai 2022 / Corum Samuel/CNP/ABACAPRESS.COM

Les États-Unis n'en n'ont pas fini avec les politiques rétrogrades et humiliantes de l'ère Trump, même un an après son départ de la Maison Blanche. Le site Politico révèle qu'un projet, encore en discussion, annulerait la décision dite Roe v. Wade (1973), qui avait accordé le droit à l'avortement en 1973, et renverrait à chaque Etat la possibilité d'adopter sa loi. Ce texte a été rédigé par le juge Samuel Alito et a circulé au sein de la Cour suprême dominée par les conservateurs, a rapporté le média. Une fuite rare concernant la plus haute juridiction américaine... et affolante.

Un projet poussé par les conservateurs

Le projet qualifie la décision historique de 1973 Roe contre Wade, qui consacre le droit à l'avortement, de "manifestement erronée depuis le début". "Nous soutenons que Roe et Casey doivent être annulés", écrit le juge Alito dans le document, intitulé Opinion de la Cour et publié sur le site de Politico. "Il est temps de tenir compte de la Constitution et de renvoyer la question de l'avortement aux représentants élus du peuple."

Les droits reproductifs et la liberté à disposer de son corps sont de plus en plus menacés aux États-Unis au cours des derniers mois, les États ayant décidé de renforcer les restrictions. Les conservateurs ont lancé un assaut contre l'avortement, forçant les démocrates, menés par le président Joe Biden, à riposter pour protéger l'accès à l'IVG.

Un mesure qui pourrait provoquer l'interdiction d'avorter dans une majorité d'État

Au cour de son mandat, Donald Trump a eu à nommer 3 nouveaux juges à la Cour suprême, faisant des conservateurs les majoritaires avec leurs 6 membres sur 9. En décembre, lors de l'audition des arguments oraux concernant une loi du Mississippi qui interdirait la plupart des avortements après 15 semaines, la majorité conservatrice de la Cour suprême a semblé encline non seulement à confirmer la loi mais aussi à rejeter l'arrêt historique Roe v. Wade.

Et cela pourrait bien se reproduire dans les États du sud et du centre, où la majorité de la population est conservatrice, si la décision finale venait à leur être laissée. L'Institut Guttmacher, un groupe de recherche pro-choix, a déclaré que 26 États sont "certains ou probables" d'interdire l'avortement si l'arrêt Roe est annulé.

Des manifestations ont eu lieu dans le pays pour défendre ce droit fondamental

Spontanément, des manifestations ont éclaté un peu partout dans le pays à l'appel de femmes venues crier leur désespoir face à une telle mesure. À New York, aux cris de "Stop à la guerre aux femmes", plusieurs milliers de personnes ont afflué mardi 3 mai au soir pour crier leur "colère" contre les intentions de la Cour suprême des États-Unis de casser le droit constitutionnel à avorter.

C'est la très offensive procureure générale de l'État de New York, l'élue démocrate Letitia James, qui a sonné la mobilisation générale devant des milliers de femmes et d'hommes, plutôt jeunes, rassemblés en force sur une place du sud de Manhattan, qui abrite le palais de justice du tribunal fédéral.

À Washington, c'est la sénatrice Elizabeth Warren qui a rejoint les manifestants regroupés devant la Cour suprême. Dans un court discours, elle a dénoncé "les extrémistes de la Cour suprême." Armés de mégaphones et de pancartes, des groupes soutenant et s'opposant au droit à l'avortement ont manifesté et se sont parfois affrontés devant le tribunal barricadé.

Elizabeth Warren visait notamment l'arrivée à la Cour suprême de la magistrate conservatrice Amy Coney Barrett, qui a pris le siège laissé vacant après la mort de la féministe Ruth Bader Ginsburg. "Ils savaient ce qu'ils obtiendraient quand ils ont voté pour ces gens, a-t-elle insisté. Et c'est ce qu'ils veulent. C'est au reste d'entre nous de faire en sorte que le processus législatif fonctionne."