Obsèques de Magali Blandin : Meurtre par conjoint, Crime du mari, Lettres de menace...

Magali Blandin, éducatrice et mère de famille qui vivait dans une petite commune d'Ille-et-Vilaine est inhumée ce 25 mars. Son mari Jérôme Gaillard a avoué le meurtre. Ses beaux-parents, mis en examen, pourraient en être complices... Séparation, chantage, tentative d'extorsion, idées meurtrières : comprendre ce drame macabre.

Obsèques de Magali Blandin : Meurtre par conjoint, Crime du mari, Lettres de menace...
© Capture d'écran - RMC

[Mis à jour le jeudi 25 mars à 13h28] Les obsèques de Magali Blandin ont lieu jeudi 25 mars à Bain-de-Bretagne, dans l'Ille-et-Vilaine. La mère de quatre enfants âgés de 4 à 15 ans avait disparu depuis un mois et dix jours. Vendredi 19 mars dans la soirée, le corps de Magali Blandin, 42 ans, a été découvert près de Montauban-de-Bretagne.
Au bout de 29h de garde à vue, Jérôme Gaillard, son époux dont elle était en instance de divorce et avec lequel partageait la garde des enfants, est passé aux aveux. Il a déclaré avoir tué son épouse avec une batte de baseball.
"Dès qu'on a abordé les éléments factuels l'incriminant, il a craqué. Il ne pouvait plus vivre avec ce secret. Il a demandé à ce qu'on s'entretienne, je lui ai dit qu'il était important, s'il était à l'origine de ce drame, que ses enfants et la famille de Magali puissent retrouver le corps. Il s'est effondré, a informé les enquêteurs du lieu où se trouvait la dépouille", s'est souvenu son avocat Me Jean Guillaume Le Mintier, au Figaro.

Le mari de la victime, a été mis en examen pour "tentative de meurtre par conjoint" pour un premier "projet criminel" qui avait été élaboré à l'automne 2020, et pour "meurtre par conjoint".

Trois Georgiens ont été également mis en examen pour "tentative d'extorsion en bande organisée", et l'un d'entre eux pour "meurtre en bande organisée"

Ses parents ont également été mis en examen pour "complicité de meurtre". Tous trois ont été placés en détention provisoire.

Pourquoi Jérôme Gaillard a-t-il tué Magali Blandin ?

Mais alors, pourquoi Jérôme Gaillard a-t-il tué son épouse? Lorsque celle-ci a quitté la maison, il espérait qu'elle revienne.

Il y a quelques mois, le mari de Magali Blandin avait vu son esprit envahi par des idées meurtrières et craignait de perdre la garde des enfants.

Magali Blandin serait "partie comme ça, du jour au lendemain, sans lui expliquer", a déclaré l'avocat à France Bleu Armorique.

"Mais en novembre dernier, il s'est rendu compte qu'elle ne l'aimait plus. Il était dépressif, abattu. Il s'en est confié à des individus mal intentionnés qui lui ont mis dans la tête qu'il allait tout perdre. Alors a commencé à germer l'idée qu'il fallait tuer Magali. Il sait qu'il est seul responsable et est parfaitement lucide quant à son sort pénal et carcéral. Il veut payer pour son geste", a expliqué son avocat au Figaro.

Affaire d'argent et chantages

Il a donc voulu "se supprimer ou la supprimer". Jérôme Gaillard aurait alors contacté ces Géorgiens pour leur remettre la somme de 20 000 euros afin que ceux-ci tuent sa femme. Dès lors, les individus aurait fait chanter le père de famille. 

"Il se sentait menacé par ces individus donc nous avons fait la démarche de dénoncer ces faits d'extorsion", a assuré Me Jean Guillaume le Mintier à BFM TV.

"Certains Géorgiens, disposant d'un enregistrement du mari où il déclarait son intention de tuer sa femme, ont exercé sur lui un chantage en l'invitant à leur remettre 15 000 euros en échange de leur silence", a expliqué Philippe Astruc, procureur de la République de Rennes.

Lettres de menaces

Selon Ouest France, le mari aurait reçu une première lettre de menaces début mars, puis une seconde à la mi-mars. Un rendez-vous aurait été organisé le 14 mars pour que Jérôme Gaillard remette une rançon aux Géorgiens.

Ce jour-là, le GIGN avait interpellé un premier homme, censé recueillir l'argent, puis un deuxième Géorgien, qui devait monter la garde, et un troisième, qui aurait menacé Jérôme Gaillard.

D'après le quotidien, le mari de la victime connaissait bien l'un des Géorgiens. Il aurait été locataire régulier d'un hangar, qui se trouvait sur la propriété de Montauban-de-Bretagne, de Jérôme Gaillard et Magali Blandin.

Les parents, complices ou non ?

"La question qui pourra se poser c'est de savoir si les parents étaient au courant a posteriori, s'il s'était confié ou pas", a expliqué sur BFM TV Me Jean Guillaume Le Mintier, avocat de Jérôme Gaillard. Et de préciser que "le fait d'avoir connaissance d'un crime commis par un ascendant ou un descendant ne peut pas être poursuivi pénalement".

Selon Le Parisien, les parents auraient versé une grosse somme à leur fils, environ 50 000 euros, peu avant le meurtre de Magali Blandin. Un fait troublant, alors que Jérôme Gaillard avait versé 20 000 euros aux Géorgiens afin que ceux-ci éliminent sa femme.

En outre, les parents et le fils auraient mis au point ensemble un alibi au moment de la mort de Magali Blandin. Autant d'éléments qui sèment le doute.

Mais Jérôme Gaillard, lui, assure avec fermeté qu'il est le seul responsable de ce meurtre et que ses parents, âgés de 72 et 75 ans, n'avaient pas été mis au courant de son projet macabre. 

"La priorité de Jérôme G. aujourd'hui, c'est que ses parents soient mis hors de cause. Et il forme le vœu que ses enfants, placés à différents endroits, soient réunis tous les quatre, en fratrie", a expliqué au Figaro l'avocat.

Le mari de Magali Blandin, "dévasté"

Le mari de la victime n'a d'ailleurs "pas mis longtemps à craquer, il avait besoin de se délester totalement de ce poids qui le rongeait, qui l'empêchait d'avancer (...) Je crois qu'il était acculé par sa conscience qui lui imposait quelque part de pouvoir reconnaître enfin où se trouvait Magali", a ajouté son avocat à BFMTV.

Loin de rester impassible, Jérôme Gaillard serait "très abattu et dévasté par ce qu'il a fait", a ajouté son avocat. "Il n'a cessé en réalité de pleurer, de s'affaler, de s'effondrer. Cela traduisait quelque chose qui maintenant prend tout son sens quelque part".

Jérôme Gaillard a déclaré être l'auteur du meurtre prémédité de son épouse

Le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, l'a annoncé lors d'une conférence de presse, ce samedi 20 mars.
Jérôme Gaillard, âgé de 45 ans, sans emploi, "a expliqué avoir tué son épouse avec laquelle il était en instance de divorce le jeudi 11 février matin après avoir déposé ses enfants à l'école en l'attendant dans l'escalier de son immeuble. Il lui a asséné un violent premier coup de batte de base-ball puis un second pour s'assurer de son décès avant d'entrer le corps dans l'appartement et refermer la porte. Il déclare avoir laissé le corps dans la journée avant de revenir la nuit suivante afin d'effacer méticuleusement les traces du crime et l'enterrer dans la forêt enneigée après l'avoir recouverte de chaux vive", a-t-il détaillé.

En septembre 2020, Magali Blandin avait porté plainte pour "violences conjugales", précisant qu'elle avait pu "à cette occasion, elle-même se montrer violente". Le parquet avait à l'époque classé la plainte sans suite.

Le couple traversait des tensions notamment en ce qui concerne la "gestion des ressources du ménage".

Un rendez-vous manqué

Le 11 février, l'éducatrice de 42 ans devait se rendre à un rendez-vous chez sa psychologue, à Pleumeleuc, non loin de chez elle. Mais elle n'y a pas mis les pieds, ce jour-là.

Plus tôt dans la matinée, elle avait toutefois rédigé "un projet de message par mail à son mari concernant la garde des enfants durant le week-end à venir, message faisant suite à un contact téléphonique difficile avec ses enfants la veille", avait expliqué le parquet de Rennes dans un communiqué.

Son parcours retracé

Vers 10h du matin, Magali Blandin a quitté son domicile, alors que la météo était loin d'être clémente. Les chemins étaient toujours enneigés et glissants, le froid était glacial. 

Grâce aux signaux émis par son téléphone et à l'intervention de chiens pisteurs, son parcours a pu être retracé "jusqu'au nord de la commune où sa trace est perdue en fin de matinée dans une zone de bocage située non loin du cours d'eau le Garun", a expliqué le parquet. 

Un élément inquiétant

L'éducatrice âgée de 42 ans, qui habite Montfort-sur-Meu, a été vue pour la dernière fois avant de partir travailler à Rennes.

L'alerte avait été donnée vendredi 12 février par l'une de ses collègues de travail, qui s'inquiétait de ne pas la voir présente.  "Le vendredi soir, elle n'est pas venue récupérer ses enfants à l'école. C'est un signal d'alarme très important", a expliqué le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc.