Gérald Darmanin accusé de viol : le soutien de Nicole Belloubet provoque un tollé

Une cinquantaine de manifestantes se sont rassemblées lundi soir pour dénoncer les propos de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui avait affirmé que malgré les accusations de viol à son encontre, Gérald Darmanin était "un excellent ministre du budget".

Gérald Darmanin accusé de viol : le soutien de Nicole Belloubet provoque un tollé
© LEWIS JOLY/SIPA

[Mis à jour le 23 juin à 16h09] Le 22 juin au soir, une cinquantaine de militantes féministes ont manifesté devant le ministère de la Justice à Paris pour dénoncer "le soutien" dont bénéficie le ministre des Comptes publics face à une accusation de viol datant de 2009. Dans leur viseur, Nicole Belloubet, qui avait pris la parole après la décision de la Cour d'appel de Paris de reprendre les investigations le 11 juin dernier. Après avoir déclaré que "la procédure [suivrait] son cours", la ministre de la Justice avait ajouté : "Au demeurant, Gérald Darmanin est un excellent ministre du Budget".

"Au demeurant, mon violeur est un excellent prof de philo"

La citation a provoqué la colère des militants féministes, qui reprochent à Nicole Beloubet de diminuer l'impact du viol en soulignant les compétences de l'agresseur. L'ensemble des manifestantes ont ainsi repris ses premiers mots, en écrivant "Au demeurant, mon violeur était un très bon…" sur de larges panneaux, suivi d'un attribut tel que "médecin", "gendre", "prof de philo", etc.

"En employant le terme 'au demeurant', Nicole Belloubet soutient Gérald Darmanin, se range du côté des agresseurs et protège les puissants, alors qu'elle est ministre de la Justice. C'est choquant", a expliqué une manifestante du collectif féministe, qui s'occupe également de coller des messages dans les rues contre les féminicides.

Invité à s'exprimer sur le sujet le 15 juin sur RMC, Gérald Darmanin avait précisé qu'il n'avait "rien à se reprocher".

"Il y a deux classements sans suite […] Il y a eu un non-lieu. Ça fait trois ans, avec ces trois décisions de justice qu'on me calomnie ", a expliqué le ministre des Comptes publics, avant d'ajouter : " Il doit y avoir aussi des limites à la calomnie".

La Cour d'appel de Paris relance les investigations 

Alors que Gérald Darmanin avait bénéficié d'un non-lieu en 2018, la cour d'appel de Paris a ordonné le 9 juin la reprise des investigations concernant une accusation de viol en 2009 à l'encontre de l'actuel ministre des Comptes publics.
En novembre 2019, la Cour de cassation avait ordonné que le non-lieu accordé au ministre un an plus tôt soit réexaminé pour déterminer s'il était valide ou non. La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Paris a conclu le 9 juin que le juge d'instruction "ne pouvait se fonder uniquement sur les résultats de l'enquête préliminaire" pour refuser de relancer les investigations en août 2018, précise l'AFP.
Pour Maîtres Elodie Tuaillon-Hibon et Marjolaine Vignola, la décision de la cour d'appel de relancer l'enquête est une victoire : "Nous espérons avoir désormais une vraie information judiciaire, qui examinera sérieusement les éléments du dossier", ont-elles confié à l'AFP.

Une accusation de viol remontant à 2009

Gérald Darmanin est accusé par Sophie Patterson-Spatz de l'avoir violée en 2009. Au moment des faits, la jeune femme s'était adressée à l'élu, alors chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, pour tenter de faire annuler une condamnation en 2004 pour chantage et appels malveillants. Gérald Darmanin lui aurait alors proposé son appui auprès de la Chancellerie, contre des faveurs sexuelles.

Après une plainte déposée et une enquête préliminaire pendant laquelle le ministre n'avait pas été confronté à la victime, le parquet avait classé l'affaire. Le 28 février 2018, Sophie Patterson-Spatz a saisi une juge d'instruction d'une plainte avec constitution de partie civile pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, pour lui demander de poursuivre les investigations.

Six mois plus tard, en août 2018, la magistrate avait rendu "une ordonnance de non-lieu à informer", estimant que les faits reprochés n'étaient pas constitués et qu'il n'y avait pas lieu d'ouvrir une information judiciaire.

Gérald Darmanin visé par d'autres plaintes

Une deuxième accusatrice pourrait bien faire pencher la balance. En février 2018, une habitante de Tourcoing avait déposé plainte pour abus de faiblesse à l'encontre de Gérald Darmanin, qui était maire de la ville au moment des faits. La plaignante avait expliqué s'être adressée à l'élu entre 2015 et 2016 pour trouver un logement. Ce dernier aurait alors fait des propositions "à caractère sexuel" contre la promesse d'un relogement.