Les Casques bleus en Haïti auraient conçu et abandonné 265 enfants

Deux chercheuses ont percé un scandale en Haïti. Des centaines de militaires, policiers et civils de l'ONU qui ont eu des relations sexuelles avec des Haïtiennes, auraient laissé derrière eux les bébés issus de ces unions pas toujours consenties, dans la misère la plus totale.

Les Casques bleus en Haïti auraient conçu et abandonné 265 enfants
© liorpt

Ce sont des femmes et des jeunes filles livrées à elles-même, vivant dans la misère qui se retrouvent avec des enfants sans père à nourrir, après une relation sexuelle avec un Casque bleu pas toujours consentie. En Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde, une dizaine de femmes ont décidé de porter plainte contre l'ONU, grâce à une étude menée sur le terrain en 2017 par Sabine Lee de l'Université de Birmingham au Royaume-Uni et par Susan Bartels de l'Université Queens de Kingston, Ontario, et publiée dans The Conversation.
Avec leurs équipes, elles ont interrogé la population pour les besoins d'une étude portant les rapports entre les Casques bleus (La Force de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies) et les Haïtiennes : 10% des sondés soit 265 personnes parlent d'enfants nés de relations entre les soldats de l'ONU et les habitantes.   

Des femmes violées et des enfants abandonnés par des Casques bleus 

Dans leur rapport, les deux chercheuses affirment, grâce à des témoignages, que les femmes se rapprochent des Casques bleus en espérant fuir le pays avec eux et qu'elles peuvent consentir à coucher avec l'un d'eux en échange de nourriture.

Les jeunes filles ne sont pas épargnées car la plus jeune victime a 11 ans. Malheureusement, la réalité est bien autre : nombreuses sont celles qui sont violées, agressées puis abandonnées lorsqu'elles tombent enceintes. 

Pour aider ces femmes, le Bureau des Avocats Internationaux, basé en Haïti a déposé plainte contre l'ONU au nom de 10 enfants issu d'une relation avec un Casque bleu, en janvier 2018, et a demandé l'obtention d'un test de paternité pour ainsi demander une pension alimentaire. Mais, selon l'avocate Sandra Wisner interrogée par TV5 Monde, l'ONU refuse de coopérer : "Après un plaidoyer important, nos clients ont reçu des résultats d'ADN. Bien que ce soit un pas en avant, d'autres informations restent en suspens. (...) L'ONU est obligée de coopérer dans les cas de paternité et de pension alimentaire pour enfants victimes d'exploitation et de violences sexuelles. Mais le manque de suivi de l'ONU dans son engagement envers les victimes a rendu presque impossible pour nos clients d'obtenir justice en réalité".
D'après l'avocate, l'ONU protège les Casques bleus malgré les crimes commis dans les zones sensibles où ils sont missionnés."L'ONU affirme qu'il n'y a pas d'immunité pour son personnel accusé d'exploitation et d'abus sexuels, mais elle n'a pas certifié à la Justice haïtienne que les cas de nos clients ne sont justement pas couverts par l'immunité". 

Un accord passé en 2004 entre Haïti et l'ONU permet de poursuivre un Casque bleu en justice. Des affaires d'abus sexuels et de viols dans des zones en guerre ou en proie à la pauvreté commis par des soldats onusiens ont déjà été dévoilées, mais dans aucun cas, les auteurs n'ont été poursuivit par la Justice.