Une centaine d'agressions sexuelles commises à Cologne la nuit du Nouvel an

L'affaire fait scandale en Allemagne. Durant la nuit de la Saint-Sylvestre, une centaine d'agressions sexuelles, dont un viol, ont été commises à Cologne, dans l'ouest du pays. Les faits, d'une ampleur sans précédent, n'ont été révélés que trois jours plus tard. Certains dénoncent la politique migratoire d'Angela Merkel.

Une centaine d'agressions sexuelles commises à Cologne la nuit du Nouvel an
© erika8213

A Cologne, dans l'ouest de l'Allemagne, la nuit de la Saint-Sylvestre a été marquée par une vague d'agressions sexuelles sans précédent. Au moins 100 femmes ont porté plainte et assuré avoir été agressées sur la place de la gare par des groupes de 20 à 30 hommes, ivres. Les plaintes portent sur des cas de harcèlement, des attouchements et des vols. Un viol a également été rapporté. La police s'attend à recevoir encore d'autres signalements.  
Les faits se sont déroulés en plein coeur de Cologne, autour de la cathédrale et de la gare centrale, dans une zone pourtant sous surveillance policière. Près d'un millier de personnes étaient rassemblés sur la place ce soir-là. Aux alentours de minuit, des hommes, entre 18 et 35 ans, ont encerclé et agressé les femmes présentes. Les forces de l'ordre ont également signalé une dizaine de plaintes similaires à Stuttgart et à Hambourg.  
Vendredi 8 janvier, le porte-parole du ministère de l'Intérieur a déclaré que la police effectuait des vérifications sur 31 suspects, dont 18 demandeurs d'asile. Les agresseurs étaient au départ décrits par les forces de l'ordre comme "d'origine arabe et nord-africaine", mais selon le Welt am Sonntag, l'édition dominicale du quotidien allemand Die Welt, "seule une petite minorité de ces personnes étaient des Nord-Africains, la plus grosse partie était des Syriens".            

Une nouvelle forme de criminalité organisée ? 

Dans son compte rendu au lendemain des événements, la police a assuré que la nuit avait été "globalement calme". Les faits n'ont été révélés dans la presse que le 4 janvier, soit quatre jours plus tard. La plupart des médias nationaux ont d'ailleurs présenté leurs excuses pour avoir tardé à évoquer ces agressions, mais le mal est fait : de nombreux Allemands les accusent de les avoir volontairement passées sous silence pour ne pas alimenter le discours anti-migrants. Si la police n'a encore procédé à aucune interpellation, les réseaux sociaux ont en effet déjà pointé du doigt les responsables en attribuant ces actes odieux à des groupes de réfugiés. Les événements de cette nuit du 31 décembre suscitent le malaise et Angela Merkel est vivement critiquée par ses détracteurs pour sa politique d'ouverture aux réfugiés, alors que l'Allemagne en a accueilli un million en 2015. 
Le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a tenté d'apaiser la situation en assurant que les "réfugiés ne devaient pas faire l'objet d'une suspicion générale, surtout à ce stade de l'enquête", mais qu'il ne fallait pas non plus "ériger de tabou" sur l'identité des agresseurs "si certains éléments indiquent qu'il s'agit de Nord-Africains". Quant au ministre de la Justice, Heiko Maas, il a assuré qu'il s'agissait "d'une nouvelle forme de criminalité organisée" alors que "le tout semble avoir été coordonné". 
La maire de Cologne, Henriette Reker, a également réagi, mais son commentaire a suscité de vives critiques. Elle a recommandé aux femmes de maintenir "une certaine distance, plus longue que le bras" avec les inconnus pour se protéger d'éventuelles agressions. Un conseil dérisoire largement moqué sur les réseaux sociaux, où fleurissaient des images parodiques de l'inspecteur Gadget et ses bras téléscopiques et des déesses hindoues dotées de plusieurs bras. Les internautes, comme les membres du gouvernement allemand, ont déploré que la responsabilité de tels actes soit reportée sur les femmes, à qui on intime de changer de comportement. La ministre de la Famille, des Femmes et de la Jeunesse, Manuela Schwesig, a critiqué les propos de la maire sur Twitter : "Nous n'avons pas besoin de règles de comportement pour les femmes, ce sont les auteurs des faits qui doivent rendre des comptes."

"Cologne : une vague d'agressions sexuelles la nuit du Nouvel An choque l'Allemagne"