Accro au sexe et au jeu, un malade gagne son procès

La cour d'appel de Rennes a condamné le laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) à verser 197 500 euros d'indemnités à Didier Jambart, alourdissant la condamnation du tribunal de grande instance de Nantes.

Didier Jambart, 52 ans, a fondu en larmes à l'annonce de la condamnation : "C'est sept ans de bataille pour faire reconnaître avec nos faibles moyens que GSK nous a mentis, a brisé notre vie à des fins commerciales. Je suis heureux que justice soit faite, je suis heureux pour ma femme et mes enfants. ,explique-t-il. Ses conduites addictives (accro au jeu, hypersexualité) ont été reconnues comme des effets secondaires de son traitement contre la maladie de Parkinson, non mentionnés sur la notice du médicament à l'époque.
Soigner sa maladie de Parkinson et finir tout nu sur Internet. Didier Jambart n'avait pas imaginé en prenant son premier comprimé de Requip, les conséquences qu'aurait son traitement sur sa vie. Tout commence avec quelques engourdissements dans le bras, des symptômes légers mais qui traduisent une maladie de Parkison découverte chez l'ancien conseiller municipal. En 2003, son médecin lui prescrit du Requip, un médicament du laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK). Les premiers effets secondaires ne se font pas attendre : Didier Jambart se lève à 4 heures du matin pour courir 6 à 7 km. Puis, comme il l'explique au journal Ouest France, il a découvert le PMU : "Au début, c'était rigolo, mais très vite, je suis devenu dépendant. En tout, j'ai perdu entre 70 000 et 100 000 euros. (...) Je me suis mis à voler plusieurs numéros de carte bancaire. Huit au total."
Déjà accro au jeu, Didier Jambart a par la suite développé une addiction au sexe, des troubles "qui se sont manifestés par la recherche du plaisir avec des hommes et de l'exhibitionnisme sur le Web", rapporte-t-il. Il dit également avoir commis huit tentatives de suicide.
C'est à la faveur d'un surf sur Internet que Didier Jambart découvre un site canadien lui permettant de faire le lien entre son comportement étrange et son traitement. A l'arrêt du traitement en 2005, les troubles ont cessé. La cour d'appel de Rennes a reconnu le lien entre le manque d'information sur les effets secondaires indésirables du Requip et le préjudice subi par Didier Jambart. Après l'annonce du délibéré, Me Béguin, l'avocat de Didier Jambart, a parlé d'une "condamnation inédite", satisfait que "face à un laboratoire pharmaceutique surpuissant, on ait une justice qui fait son travail sereinement". Depuis 2006, ces effets indésirables figurent sur la notice du Requip. Il est ainsi indiqué que des patients peuvent présenter : "un comportement impulsif, insolite pour eux comme: une attirance compulsive pour les jeux d'argent, une augmentation du comportement impulsif et/ou des pulsions sexuelles"