Le machisme se professionnalise

Vous apportez le café chaque matin à votre boss ou gagnez deux fois moins que votre confrère, à fonction égale ? C'est un fait : le sexisme ordinaire perdure dans le monde du travail.

L'homme vu en "leader" doué pour l'action et fort en charisme, la femme en "assistante", dotée d'empathie et d'un sens de l'organisation: les stéréotypes se pérennisent en entreprise, selon une étude de l'association IMS-Entreprendre pour la Cité.

Selon cette enquête, menée auprès de 1 200 salariés dans neuf sociétés françaises (Accor, Capgemini, Egide, Pôle emploi, Renault, Sodexo, Sogeti, TNT et Total), l'attribution de compétences spécifiques en fonction du genre est partagée par les deux sexes. Pour ceux qui estiment qu'il y a une différence, 29% jugent qu'elle provient des gènes et 68,3% de l'environnement. Ces clichés qui tendent à résumer le duo homme/cadre, femme/secrétaire, provoquent "des difficultés pour les femmes à être identifiées comme responsable et à se projeter sur des postes à haute responsabilité, mais également pour les hommes, une tendance à négliger la candidature de femmes à des hauts postes", notent les auteurs.

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Homme et femme au travail © auremar - Fotolia.com

Pourtant, hommes et femmes décrivent le patron "idéal" comme relevant d'un modèle androgyne, conjuguant des qualités attribuées aux deux sexes (charisme, leadership, empathie, organisation...).

Dans le détail, les hommes ont une bonne image des femmes... surtout si elles restent à des niveaux hiérarchiques inférieurs.

Les femmes s'auto-déprécient

Elles ont une image d'elles-mêmes moins bonne que celle des hommes vis-à-vis d'elles.

Elles ont aussi une image plutôt négative de leurs collègues masculins, le sentiment et le vécu de discrimination renforçant cet état de fait, selon les auteurs de l'étude.

Ainsi, 57,5% des employées pensent que leurs supérieurs favorisent les hommes pour les postes à responsabilité. Elles sont aussi 67% à penser que les hommes sont mieux payés, alors que seuls 34% d'hommes pensent la même chose. En outre, 67% des hommes estiment que l'accès aux promotions internes est équitable entre les sexes, contre 39% des femmes.

Par ailleurs, pour plus de la moitié des hommes (53,1%) et 48,7% des femmes, les femmes qui obtiennent un poste à responsabilité finissent par se masculiniser, une idée qui peut renforcer un phénomène d'autocensure de la part des salariées.

Pour 85,1% des managers, les femmes dirigeantes sont mêmes parfois plus dures que les hommes et deviennent encore plus carriéristes (52,9%).

Métro, boulot, mais aussi courses, cuisine, ménage, et éducation des enfants : le sexe dit "faible" serait donc capable de réaliser une double journée, sans la moindre reconnaissance, et pire, subirait un traitement de défaveur. Il est temps que les working-girls se fassent entendre !

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