VGE, dans l'intimité : mariage compliqué, drame familial...

Le destin de Valéry Giscard d'Estaing était-il tout tracé ? Issu d'un milieu bourgeois, l'ancien président de la République, décédé le 2 décembre à 94 ans, a baigné dans un monde de politique et de pouvoir dès sa plus tendre enfance. Il est le fils d'Edmond Giscard, inspecteur des Finances, membre de l'Institut de France et grand officier de l'ordre national de la Légion d'honneur. Quant à sa mère, May Bardoux, elle est la fille du sénateur et député Jacques Bardoux, et petite-fille d'Agénor Bardoux, qui a été ministre de l'Instruction publique durant la IIIe République. Un arbre généalogique qui place la barre haut pour Valéry Giscard d'Estaing, bien décidé à perpétuer cet atavisme politique.... et amoureux.
En 1952, il épouse Anne-Aymone de Brantes, qui fait également partie d'une famille d'ancienne bourgeoisie et dont la mère est une descendante du roi Charles X. C'est d'ailleurs dans la chapelle du château d'Authon, propriété des de Brantes, qu'ils s'unissent à jamais. 

Anne-Aymone, la dignité incarnée ?

Leurs chemins se croisent grâce à l'écrivain Alfred Fabre-Luce, l'oncle de VGE, qui fait les présentations. Elle a 18 ans, il en a 26. Le courant passe, ils se vouvoient, se fabriquent un destin commun. Ensemble, ils pénètrent l'Elysée en 1974, lorsque le rival de François Mitterrand est élu chef de l'État. Mais Anne-Aymone tient à rester dans l'ombre, elle soutient son mari, certes, mais à l'abri des regards. 

"Quand je parle de dignité et de qualité, c'est à vous, madame, que je pense", lui déclare même un jour Valéry Giscard d'Estaing, qui n'a pourtant pas l'habitude d'exprimer son admiration pour sa femme, selon les propos de Jean Garrigues dans son ouvrage Une histoire érotique de L'Élysée : de la Pompadour aux paparazzi.

Dans l'intimité du couple toutefois, les relations ne sont pas toujours au beau fixe entre les époux. la réputation de Don Juan de celui que l'on surnomme Valéry Folamour n'est pas un secret. Anne-Aymone encaisse le coup, tente de faire fi des rumeurs et autres potins. 

Un couple... qui fait chambres à part

En outre, Anne-Aymone ne réside même pas à l'Elysée avec son mari, mais préfère le confort de son hôtel particulier rue de Bénouville, dans le XVIe arrondissement de la capitale. "Elle juge les appartements privés trop petits et trop inconfortables (...) Ils ont été conçus pour les De Gaulle et les Pompidou, pas pour une famille avec quatre enfants", explique Robert Schneider dans son livre Premières dames.

Anne-Aymone possède toutefois une chambre dans le palais présidentiel, pour les rares nuits qu'elle passe à l'Elysée, mais ne dort pas dans la même pièce que le chef de l'État.

Quant à VGE, lorsqu'il ne passe pas son temps à courir les jupons, le Président cabotin aime s'occuper de ses chiens Jugurtha, un Braque de Weimar, et de Samba, un adorable Labrador Retriever qu'il adopte lors d'une visite officielle en Grande-Bretagne, en 1975. La légende raconte que ce toutou d'élevage anglais aimait boire du thé avec son maître... et mordiller les convives du Palais !

La vie à l'Elysée, "éprouvante" pour Anne-Aymone

En 1981, lorsque VGE se représente à la Présidentielle, Anne-Aymone n'est guère enthousiaste. En secret, elle nourrit l'espoir de quitter l'Elysée et se délester du fardeau que le Palais représente. 

"Le poids des obligations officielles, c'est vraiment quelque chose de lourd. Certaines activités ne sont pas très drôles tous les jours. L'idée de refaire la même chose pendant encore sept ans, c'est éprouvant", confie-t-elle dans le livre de Bertrand Meyer-Stabley, en 1987, Les dames de l'Elysée : celles d'hier et de demain.

VGE et Anne-Aymone : qui sont leurs enfants ?

Les époux sont parents de quatre enfants, Valérie-Anne, née en 1953, Henri, né en 1956, Louis, né en 1958 et Jacinte, qui voit le jour en 1960.

L'aînée, Valérie-Anne, marche d'abord dans les pas de son père, en décrochant un diplôme à Sciences Po, puis en intégrant le cabinet du ministre de la Culture Michel Guy, dans les années 70. Elle devient ensuite éditrice chez Fayard, puis créé sa propre maison d'édition, Compagnie 12 GF. 

Quant à Henri, c'est un homme d'affaires à la carrière prolifique, à la tête du Club Méditerranée. 

Le troisième de la fratrie, Louis, lui, est féru de politique, comme son paternel. Après avoir travaillé un temps pour les groupes LVMH et Lagardère, il devient député, puis vice-président de l'Assemblée nationale en 2011. Il est également l'indéboulonnable maire de la commune de Chamalières, en Auvergne-Rhône-Alpes, depuis 2005.

Malheureusement, la benjamine, Jacinte, a connu un destin autrement plus tragique. Cette vétérinaire férue d'équitation, elle meurt à 57 ans des suites d'un cancer, en 2018. Elle est inhumée dans le jardin familial d'Authon, dans le Loir-et-Cher, où son célèbre père souhaitait reposer également pour l'éternité.