Jean-Pierre Mader : "Traversée du désert", argent, papa sur le tard, "Macumba écrit en 5 minutes"... interview cash ! (Exclu)

Artiste incontournable des années 80, Jean-Pierre Mader a marqué toute une génération grâce à des tubes inoubliables. Dans un livre, il évoque le succès de "Macumba", le drame de sa vie ou encore sa traversée du désert. Rencontre.

Jean-Pierre Mader : "Traversée du désert", argent, papa sur le tard, "Macumba écrit en 5 minutes"... interview cash ! (Exclu)
© SADAKA EDMOND/SIPA

Macumba, Disparue, Jalousie ou encore Un pied devant l'autre… Autant de tubes qui ont marqué les années 80 et que toute une génération a en tête. Mais on connaît moins la vie de leur interprète Jean-Pierre Mader, un artiste toulousain qui raconte son parcours dans l'ouvrage On connaît ma chanson (Ed. Privat). 

Interview avec le chanteur pour le Journal des Femmes.

Votre mère vous a offert à Noël un électrophone Philips bleu et c'est grâce à elle que vous allez découvrir la musique...

Jean-Pierre Mader. Effectivement, c'était 1968 , je me souviens encore du regard de ma mère quand elle me l'a offert et de ce premier disque : celui des Beatles. Nous adorions tous les Beatles et nos parents aussi ! Voir ces copains faire de la musique ensemble m'a donné envie d'en faire de même, de passer ce cap et d'appartenir à ce monde. 

Vous gardez aussi un souvenir incroyable de votre groupe Les Gaulois

Jean-Pierre Mader. C'est la plus belle période de ma vie. Je me suis retrouvé avec des garçons qui avaient deux ou trois ans de plus que moi. Je n'avais que 17 ans et je ne connaissais rien à la vie. On partait sur les routes entassés dans un petit camion et on jouait tout ce qui passait à la radio, du rock, des morceaux de Claude François, de Gérard Lenorman ou de Michel Delpech. J'ai fait là toutes mes premières bêtises : c'était la bamboche. C'est comme quand on voit la mer pour la première fois : c'est magique. Au début, j'étais neuf et naïf mais j'ai été vite dévergondé (rires).

La mort de votre mère va faire office d'électrochoc puisque vous décidez de prendre votre destin en main

Jean-Pierre Mader. Cela été terrible. C'était ma grande sœur en plus d'être ma mère et c'est celle avec qui je m'entendais le mieux. Un matin, alors que j'étais rentré tard dans la nuit, je me suis réveillé à 11h et tout était silencieux. Victime de terribles crises d'asthme, elle était morte. J'avais 20 ans et cela a été un drame. J'ai touché le fond mais cela a été une force aussi car tout les choses que j'ai faites ensuite je les ai faites avec l'énergie du désespoir. J'ai décidé de faire de la musique sérieusement et d'en vivre.

C'est la rencontre de Richard Seff qui va s'avérer déterminante

Jean-Pierre Mader. Richard a été mon mentor à l'époque. Il avait connu beaucoup de succès dans les années 70 avec son frère Daniel. Ils ont écrit les plus belles chansons de Gérard Lenorman et quelques chansons pour Claude François et Mike Brant.
A l'époque il avait besoin lui aussi de se réinventer. Il m'a repéré et il m'a proposé de collaborer. Au bout de 4 ou 5 ans, nous avons fait quelques tubes assez consistants et trois albums ensemble. C'était la personne la plus importante à cette époque car sans lui je n'y serai pas arrivé. Notre premier album n'avait pas marché et j'étais découragé. Il a insisté pour qu'on continue à travailler d'arrache-pied. Six mois plus tard sortaient Disparue et Macumba.

Votre deuxième grand tube Macumba est inspiré d'un film à savoir L'Île au complot de Robert Z. Leonard...

Jean-Pierre Mader. Ce morceau existait déjà et Richard a eu l'idée que je le ressorte du tiroir. Je cherchais un nom de club et c'est Richard qui a eu l'idée de "Oh Macumba elle danse tous les soirs ". Nous avons écrit le texte tous les deux en 5 minutes. Les chansons c'est fragile. Il faut avoir beaucoup d'humilité car il suffit de peu de choses pour passer à côté du succès.

Ces deux tubes font partie de votre album Microclimats qui a connu un succès phénoménal avec 400 000 ventes. Comment l'avez-vous vécu ?

Jean-Pierre Mader. Cela été difficile et j'ai perdu beaucoup de choses au passage. Il a peut-être précipité à la fin de mon mariage avec Lucile, la mère de mon fils Hadrien, et qui avait une fille, Charlotte, que j'ai connue à un an et demi. Financièrement j'ai gagné beaucoup d'argent et je pense que j'ai changé. On me disait que j'étais un chanteur génial et j'ai sans doute eu le tort de le croire un peu trop. On s'endort un peu trop vite sur ses lauriers. Avant, on a tout à gagner et là on a tout à perdre : c'est un sentiment un peu étrange. Mais je pense qu'on apprend plus des échecs que des succès

Vous avez été aussi très marqué par votre rencontre avec Françoise Hardy, auteure du single En résumé, en conclusion

Jean-Pierre Mader. Cela a été un grand moment. Pour moi c'était un rêve de gosse de la rencontrer. J'ai adoré son album La question. C'est l'auteur qui me plait le plus en France et cela été un grand honneur de collaborer avec elle.

Les albums suivants ont moins bien marché...

Jean-Pierre Mader. Effectivement l'album J'aère n'a pas rencontré son public et j'ai réalisé que les radios avaient moins envie de passer mes chansons. Le rap venait d'arriver en France avec Mc Solar, NTM et IAM et les boys band aussi. Je ne faisais pas partie de cette fête comme quasiment tous les artistes des années 80 sauf Mylène Farmer. Nous avons connu une forme de traversée du désert : les gens étaient passés à autre chose et j'ai eu la sagesse de ne pas faire le disque de plus et de trop

A la moitié des années 90 vous êtes devenu producteur réalisateur : que retenez-vous de cette période ?

Jean-Pierre Mader. J'ai eu la chance de travailler avec des artistes comme Serge Reggiani, Philippe Léotard, Michel Fugain, Bernard Lavilliers pendant une dizaine d'années. J'ai commencé une nouvelle vie et c'est là que j'ai rencontré Nathalie et que je suis redevenu papa grâce à elle d'une petite Jeanne. J'ai eu la chance d'être père et c'est la plus belle chose qui me soit arrivé. La musique est importante bien entendu mais être père c'est génial ! C'est dans ce domaine où j'ai pris toute ma dimension.

Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention du Journal des Femmes.