Philippe Risoli : Euthanasie, addiction à la cigarette, "témoignage" pour ses enfants... il dit tout ! (Interview exclu)

Inoubliable animateur du "Juste Prix", Philippe Risoli a marqué l'histoire des jeux à la télévision. Eloigné du petit écran depuis quelques années, il vient d'écrire un ouvrage sur sa jeunesse, ses origines et ses parents qui ont connu une fin de vie difficile. Il s'est confié en interview pour "Le Journal des Femmes".

Philippe Risoli : Euthanasie, addiction à la cigarette, "témoignage" pour ses enfants... il dit tout ! (Interview exclu)
© PIERRE AMBATO

Né d'une mère bretonne et d'un père italien, Philippe Risoli est devenu au fil du temps l'un des animateurs les plus populaires de sa génération. Le Juste Prix, Millionnaire, Jéopardy !, Succès fous, La Nouvelle Affiche, Starquizz : il a animé, avec sa faconde et son célèbre lancer de micro, des jeux et des émissions télévisées qui ont marqué la mémoire des téléspectateurs. Il se consacre aujourd'hui à l'écriture et au théâtre et vient de publier le livre Dites bien à mon fils que je l'aime (Ed. l'archipel) dans lequel il évoque notamment sa jeunesse, ses parents et leurs derniers moments difficiles...

Rencontre avec un passionné de radio, de télévision et de musique qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui ne se départit jamais de son humour légendaire ! Interview exclusive.

© L'Archipel

Vous dédiez votre livre à vos parents : pour quelles raisons ?

Philippe Risoli. Ce livre est le témoignage d'une époque sur les 30 glorieuses et le début des années 80 mais aussi un livre sur la vie. Je dois beaucoup à mes parents car ce sont eux qui m'ont aidé à pouvoir exercer ce métier de présentateur à la radio puis à la télévision. Comme le disait Jean d'Ormesson, la vie est un train qui roule de façon ininterrompue et des gens montent et descendent à chaque arrêt. Mon père a été le dernier de cette génération à descendre de ce train en 2021. Ce livre est un hommage à mes parents mais aussi un témoignage pour mes enfants. 

Votre père a fait une demande un peu particulière avant de mourir. Laquelle ? 

Philippe Risoli. Mon père est décédé d'un cancer de la plèvre dû à l'amiante. C'est une mort lente et difficile en raison de difficultés respiratoires. Lorsqu'il a compris qu'il ne s'en sortirait pas, il m'a dit qu'il voulait partir et retrouver ma mère. La veille de sa mort, je suis entré dans sa chambre. Il a ouvert les yeux et m'a murmuré : "Vas t'en, je ne veux pas que tu me vois mourir" en me faisait un signe de la main.

Une infirmière est arrivée, a entendu et m'a demandé de partir, ce que je ne voulais pas faire. Je suis sorti et je suis rentré à Paris. Le lendemain, à 17h, l'infirmière m'a appelé pour me dire que mon père était parti sereinement et que ses derniers mots avaient été : "Dites bien à mon fils que je l'aime ". C'est le titre de mon livre.

 

Philippe Risoli et son père, Pierre © Collection personnelle

Votre mère est décédée d'un cancer du poumon en 2004 et elle a eu aussi une fin de vie éprouvante...

Philippe Risoli. Je ne me suis pas rendu compte qu'elle était malade. Elle avait un emphysème grave doublé d'un asthme et d'une sur-consommation de cigarettes. On ne vivait pas ensemble et ma mère, par pudeur, et pour ne pas m'inquiéter car je venais de quitter TF1 et que j'avais des propositions qui ne me plaisaient pas vraiment, me disait toujours que ça allait.

La dernière fois où je l'ai vue, elle avait un masque à oxygène sur le visage et elle était complètement consciente. Elle a pris une ardoise et noté La mamma. J'ai compris qu'elle voulait parler de la chanson de Charles Aznavour. Une infirmière nous a demandé de sortir pendant les soins. Elles se sont tenues la main et j'ai cru percevoir un clignement d'yeux entre elles. Au bout de 3 minutes, un son strident a retenti depuis la chambre de ma mère. Quand nous sommes entrés dans la pièce avec mon père, elle était décédée. Je revois ce clignement d'yeux et je ne peux pas m'empêcher de me demander si elle n'a pas demandé à l'infirmière de siffler la fin de la partie même si des amis médecins m'ont dit que cela n'était pas possible.

"Je suis favorable à l'euthanasie"

Quel est votre position concernant l'euthanasie ?

J'y suis assez favorable dès lors que c'est très encadré. Secrétaire de direction de la revue Bateaux, ma mère était une femme brillante. La voir sur la fin, recroquevillée sur son lit avec un mal de chien, était douloureux car je savais qu'elle ne voulait pas qu'on la voit ainsi. Plus tard, j'ai entendu mon père qui me répétait qu'il voulait partir et qu'on ne le laissait pas le faire. Je pense qu'il faut que ces personnes puissent voir exaucer leur souhait. Il faut que le sujet soit étudié de près.

Votre mère fumait beaucoup et vous avez arrêté la cigarette en janvier 2004 quelques mois avant sa mort. Pour quelles raisons ?

Je savais qu'en fumant deux paquets par jour, je courais vers les ennuis. Mais ce n'est pas la peur de la maladie qui m'a fait arrêter mais les interdictions. Je savais que je ne pourrai plus fumer en avion et dans les trains et je me suis dit qu'il fallait que j'arrête. Je n'ai pas mis de patchs ou vapoté mais le premier mois a été horrible. J'étais en manque de nicotine. J'ai compensé en mangeant alors qu'avant j'étais très mince. Depuis, dès que je passe devant une pâtisserie, je prends deux kilos (rires). Cela étant dit, je n'ai jamais interdit à personne de fumer chez moi alors que je ne supporte plus la fumée. Je trouve qu'il n'y a rien de pire qu'un ancien fumeur qui devient un non-fumeur radical et aigri !

Dans votre livre, vous parlez des origines italiennes de votre père qui n'avait pas le droit de parler sa langue natale à la maison. Se sentait-il Français ?

Comme d'autres italiens, mon grand-père a fui le fascisme. Quand il est arrivé en France, il ne parlait pas le français mais son but a été tout de suite de se fondre dans la masse et d'adopter la culture française. Même si elle faisait des fautes, je parlais en français avec ma grand-mère. Mes grands-parents ont en effet demandé à leurs enfants de ne pas parler l'italien parce qu'à cette époque l'Italie était encore considérée comme l'ennemi de la France et c'était très mal vu dans les années 40. Mon père a respecté cette règle de ne pas parler italien et de parler le français le plus rapidement possible à tel point qu'à la fin de de sa vie il n'arrivait plus à parler dans sa langue natale.

Chez moi je n'ai jamais entendu parler italien. Cette vague d'immigrés est venue pour différentes raisons mais une fois sur le sol français ils ont décidé de devenir français. Ils ont pris ce qu'on leur donnait mais ont aussi donné tout ce qu'ils pouvaient donner à ce nouveau pays. Mon père aimait bien suivre les retransmissions sportives et lors d'un match entre la France et l'Italie, pas une fois je ne l'ai entendu soutenir l'Italie. Mon père a été naturalisé et il ne se posait même plus la question : il était viscéralement et profondément français ! 

Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention du Journal des Femmes.