"Bamboula", "Range tes fesses"... Noah, Soprano, Surya Bonaly racontent le racisme dans Noirs en France

"Bamboula", "Range tes fesses", "Ils parlent français?"... Yannick Noah, Karine Baste, Jean-Pascal Zadi...ont raconté le racisme ordinaire auquel ils ont été confrontés, dans le documentaire captivant, "Noirs en France". D'autres témoignages ont également secoué les téléspectateurs...

"Bamboula", "Range tes fesses"... Noah, Soprano, Surya Bonaly racontent le racisme dans Noirs en France
© Yannick Noah, Karine Baste et Soprano par SADAKA EDMOND/SIPA/Jacques BENAROCH/SIPA/Lionel GUERICOLAS /MPP/SIPA

Un documentaire coup de poing. Le long-métrage Noirs en France, diffusé sur France 2 le 18 janvier, révolte, émeut, bouleverse. De nombreux témoignages mettent en lumière le racisme ordinaire et les discriminations subies par les Noirs, encore aujourd'hui, dans la société française. Des célébrités et des anonymes racontent leur expérience, comme Kathy, hôtesse d'accueil à l'Opéra et férue de danse classique, dont le témoignage a particulièrement ému les téléspectateurs. Cette Bordelaise de 22 ans a été découragée à s'inscrire à des cours de danse classique, on l'a même dirigée vers des cours de hip-hop, "Un cygne noir, ça fait tâche", lui a-t-on dit.

"Range tes fesses" : le racisme dans la danse classique

Puis, une fois entrée dans le monde des arabesques et autres entrechats, ce sont les remarques sur sa silhouette qui ont suivi: "On m'a dit que j'étais trop cambrée, que mon corps n'était pas adapté. C'était 'range tes fesses', il y avait toujours cette forme en plus qui dépassait (…) On y croit qu'on a des grosses fesses, que notre corps n'est pas fait pour la danse classique, on se dit que la personne a peut être raison". Décidément pas aidée, elle doit même peindre elle-même ses chaussons de danse parce qu'il "n'y a pas de matériel adapté aux peaux noires, comme les collants et les pointes".

De quoi offusquer les internautes, qui ont exprimé leur colère sur Twitter. "J'ai envie de crier", "2022, pas de tenues de danse classique adaptées à toutes les personnes? Honteux", "Donc quand t'es noire, tu ne peux pas faire de la danse classique?", lit-on parmi les commentaires des téléspectateurs, qui ont également été révoltés par l'histoire de la patineuse Surya Bonaly, évoquée dans le documentaire.

Surya Bonaly : les terribles larmes de la patineuse

Peut-être vous souvenez-vous de cette Française qui avait brillé sur la glace durant les championnats du monde au Japon, en 1994. La médaille d'or était à portée de main... mais elle n'a finalement été classée que sur la deuxième place du podium, derrière sa concurrente japonaise qui avait, aux yeux de tous, effectué une performance de moindre niveau. Les larmes avaient alors coulé de manière incontrôlée sur les joues de Surya Bonaly. "J'ai fait tout ce que je pouvais, mais je ne me suis pas peinte en blanc, ça c'est sûr", a-t-elle déclaré lors de la remise de médailles.

Sur Twitter, le sujet "Surya Bonaly" est resté l'un des sujets les plus commentés du réseau social jusqu'au lendemain de la diffusion du documentaire, tant le récit a remué. "Surya Bonaly, j'étais trop jeune pour comprendre ses larmes…Je comprends maintenant toute l'horreur qu'il y avait derrière", "Tout le monde savait à l'époque que c'était sa couleur de peau qui l'empêchait d'être championne du monde", ont commenté les internautes. 

Yannick Noah, traité de "Bamboula"

Quant à Yannick Noah, il a été confronté au racisme pour la première fois lors de son arrivée en pension; "Mon premier souvenir d'enfant noir, c'est en arrivant en pension. J'étais le seul Noir, je suis devenu 'Bamboula' en quelques minutes". C'est au cours de sa carrière de tennisman qu'il a pu prendre sa revanche sur le passé, et notamment lors de sa victoire à Roland-Garros en 1983. "Ce n'était pas que je jouais un rôle, c'est que j'avais un rôle. Je ne représentais pas juste Yannick, je représentais aussi tous les blacks qui ne jouaient pas au tennis (...) J'avais envie de montrer que j'allais être le premier à le faire, et prouver que le petit noir il a gagné", a-t-il confié.

Soprano raconte : "Ils parlent français eux ?"

Soprano a lui aussi raconté son expérience en tant que Noir dans la société française. Il s'est souvenu d'un jour où il prenait le train avec son groupe, les Psy 4 de la rime, tout au début de sa carrière. Ils ont alors vu un contrôleur se diriger vers eux. "Il n'a même pas commencé qu'il dit : 'la deuxième classe c'est là-bas!'. Et qui voit que notre manager est blanc et qui nous dit. 'Ils parlent français eux? Ils parlent français eux?'", a-t-il raconté.

Jean-Pascal Zadi raconte le clip choquant de Dorothée

L'acteur césarisé Jean-Pascal Zadi a lui raconté avoir visionné, étant enfant, le clip de Dorothée, La Machine Avalé, qui l'avait alors perturbé. "Il y avait des tontons noirs qui étaient habillés avec de la peau et des trucs comme ça. Dorothée était dans une marmite et ils allaient la manger", a-t-il raconté. Et de commenter: "Tu regardes ça à 10 ans, t'as honte un peu. Tu te dis: 'Mais c'est nous ça?'".