Sophie Marceau soutient HOLD-UP sur la Covid-19, Carla Bruni aime : fake news du docu "complotiste"
Sophie Marceau, Carla Bruni-Sarkozy, Christophe Willem… Nombreuses sont les stars qui ont soutenu la diffusion du documentaire polémique "Hold-Up, Retour sur un Chaos". Un film jugé "complotiste", bourré de "fake news", qui remet en question les circonstances dans lesquelles se déroule la pandémie mondiale du Covid-19.
C'est un partage qui fait tache d'huile. Ce jeudi 12 novembre, l'actrice française Sophie Marceau a choisi de mettre en avant le documentaire Hold-up, Retour sur un Chaos diffusé depuis le 11 novembre sur internet. Un document aux relents "complotistes" pour une grande partie de la classe politique, ONG et journalistes. ""Ils" nous appellent inutiles ", a commenté la comédienne en légende de sa publication.
Financé grâce au recueil participatif de centaines de milliers d'euros, ce documentaire réalisé par le journaliste Pierre Barnérias égrène les témoignages d'experts, plus sceptiques les uns que les autres, jugeant durement les mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
" Mensonges " du pouvoir, big pharma, laboratoires, chloroquine… Tout est passé en revu. Une captation longue de 2h40 qui sert à défendre la thèse d'un "complot mondial" des élites dont la pandémie serait le terreau.
Une thèse à laquelle semble adhérer de nombreuses célébrités. L'ancienne première dame, Carla Bruni-Sarkozy, a, en effet, "liké" la publication de la comédienne. Christophe Willem, de son côté, a salué son "courage".
Depuis sa mise en ligne pourtant, nombreux sont ceux qui dénoncent les vérités approximatives diffusées tout au long de ce documentaire.
A commencer par les politiques. "On reçoit des multiples messages autour du film Hold-Up. Des gens qui sont dans un véritable déni de réalité, dans une mouvance complotiste et qui pensent sérieusement que tout ça (l'épidémie) a été fabriqué", témoigne auprès de l'AFP le marcheur, président du groupe Agir Ensemble, Olivier Becht. Et la députée En Marche ! Laeticia Avia de renchérir : "Fake news sur fake new. Hallucinant. On pourrait en rire si la situation n'était pas aussi grave". Un point de vue également partagé par la journaliste du Monde, Raphaëlle Bacqué : "Promu sur Instagram par Sophie Marceau, aimé par Carla Bruni, le film complotiste Hold up a bénéficié du formidable relais de comptes très suivis sur Facebook. Désolant".
Promu sur Instagram par Sophie Marceau, aimé par Carla Bruni, le film complotiste Hold up a bénéficié du formidable relais de comptes très suivis sur Facebook. Désolant pic.twitter.com/5GnygQJAk2
— Raphaelle Bacqué (@RaphaelleBacque) November 12, 2020
Et pour cause : tout au long de ce documentaire sont égrenées fake news et approximations. En voici un petit florilège :
Le confinement, inutile
Graphique à l'appui démontrant un pic de contamination durant la période du 15 mars au 15 avril où nous étions cloîtrés dans nos logements, Hold Up remet en cause l'utilité du premier confinement. "Le virus a donc particulièrement sévi du 15 mars au 15 avril, période où nous étions tous confinés grâce à une mesure historique censée ne pas faire apparaître cette courbe", assure la voix-off.
Une analyse qui fait pourtant fît de toute logique, puisque les effets bénéfiques du confinement ne pouvaient pas s'observer dès les premières semaines de son instauration.
Une étude des chercheurs de l'École des hautes études en santé publique (EHESP) a d'ailleurs depuis démontré que le confinement avait permis d'éviter plus de 61 000 décès en France entre le 19 mars et le 19 avril.
L'OMS ne préconiserait pas le port du masque
"La France n'applique pas les recommandations de l'OMS. L'OMS ne dit pas que tout le monde doit mettre un masque", assène la chercheuse Astrid Stuckelberger.
Une affirmation tout bonnement fausse. Les recommandations de l'OMS sont claires : "Si le Covid-19 se propage dans votre communauté, protégez-vous en prenant quelques précautions simples, comme maintenir une distance physique avec autrui, porter un masque, bien ventiler les pièces […]. Considérez le port du masque comme normal lorsque vous êtes avec d'autres personnes."
L'organisation va même jusqu'à préconiser le port du masque en tissu pour la population générale, et le port du masque chirurgical pour les personnes à risque.
Une recommandation qui ne date d'ailleurs pas d'hier. En juin dernier, l'OMS encourageait déjà les autorités à promouvoir cette mesure auprès du grand public "dans des situations et lieux particuliers, dans le cadre d'une approche globale de lutte contre la transmission du Sars-CoV-2".
Haro sur l'hydroxychlororquine
Dans Hold-Up, la question ne semble pas faite de doute : il existerait un acharnement gratuit contre l'hydroxychlororquine défendue par Didier Raoult. "L'hydroxychloroquine, c'est pour moi un immense scandale", s'insurge, dans le documentaire, Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine). Et d'ajouter : "Il y a une efficacité. […] Mes confrères réanimateurs disent qu'il y a beaucoup moins de passage en réanimation, il n'y a pas de décès".
Malgré ces assertions, aucune étude n'a su établir pour l'heure l'efficacité du traitement proposé par Didier Raoult. "À ce jour, les données disponibles, très hétérogènes et inégales, ne permettent pas de présager d'un bénéfice de l'hydroxychloroquine, seule ou en association, pour le traitement ou la prévention de la maladie Covid-19", précisait même, le 23 octobre, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Des propos soutenus par la publication de plusieurs méta-analyses soulignant que l'hydroxychloroquine n'avait – dans le meilleur des cas - aucun impact sur la mortalité des patients hospitalisés.
Douste-Blazy, scandalisé
Interrogé à ce sujet dans le documentaire, l'ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy, qui demeure à ce jour un fervent défenseur de la solution proposée par Didier Raoult, a d'ailleurs préféré s'en désolidariser. "On entend que cette pandémie serait l'occasion pour Bill Gates de gagner beaucoup d'argent, qu'elle était prévue depuis 4-5 ans, que ça vient de l'institut Pasteur", a énuméré l'ancien ministre. Et d'ajouter, au micro de RTL: "Je suis scandalisé par ce que j'écoute là et je suis scandalisé par ce qu'il y a, ou presque tout".
Un pic de mortalité inventé
Le 22 mai, le magazine scientifique The Lancet publiait une étude à charge censée prouver l'inefficacité de la prise d'hydroxychloroquine. Une publication qui sera finalement rétractée deux semaines plus tard, en raison de la provenance nébuleuse des données utilisées. Un événement que Hold Up a repris à son compte. "On a vu un pic de mortalité pendant deux-trois semaines qui était l'effet Lancet, puisque les gens avaient arrêté de prescrire", a affirmé le professeur Perronne dans le documentaire. Une affirmation inexacte, puisque aucun pic de mortalité pouvant correspondre à cet événement n'a été observé. En moyenne, le nombre de morts étaient de 4000 par jour dans le monde en juin - contre environ 5 000 en mai et/ou juillet.
Une transmission de l'animal à l'homme remise en cause
Le documentaire l'affirme : jusqu'à maintenant, les virus provenant du monde animal se transmettait mal à l'homme. Une phrase répétée à deux reprises qui remet en cause l'origine même de la pandémie où les animaux sauvages auraient joué un rôle clef. Une affirmation une nouvelle fois erronée. Pour s'en convaincre, il suffit de penser à la ribambelle de maladies qui nous viennent du monde animal. La variole nous vient des rongeurs, le Sida, les grands singes, et plus récemment Ebola dont les chauves-souris seraient à l'origine.
Une ribambelle de contre-vérités aisées à débunker qui alimenteront pourtant pendant longtemps les thèses complotistes. Un scénario d'autant plus inquiétant que certaines célébrités françaises semblent les défendre...