Cristiana Reali : "J'ai beaucoup culpabilisé avec mes filles"

Bouleversante, Cristiana Reali joue une commandante de police et mère d'un fils autiste pour la fiction "Maddy Etcheban", diffusée le 25 janvier à 21h sur France 3. Un récit qui touche personnellement la comédienne de 54 ans. Confidences.

Cristiana Reali : "J'ai beaucoup culpabilisé avec mes filles"
© Nasser Berzane/ABACAPRESS.COM

Cristiana Reali se dévoile, à la fois fragile et solide, dans la fiction Maddy Etcheban, diffusée le 25 janvier à 21h sur France 3. La comédienne de 54 ans, interprète la commandante de la Police Judiciaire de Bayonne qui jongle entre un travail prenant et sa vie de mère d'un enfant autiste. Derrière un caractère fort et à première vue peu commode, son personnage dissimule un lourd passé émaillé de drames. Un rôle que Cristiana Reali espère endosser à temps plein, si le téléfilm se transforme en série… Entretien. 

Le Journal des Femmes : Est-ce grisant de se glisser dans la peau d'une policière ?
Cristiana Reali :
J'ai adoré camper Maddy Etcheban parce que je ne suis pas très "flic". Chaque fois que j'ai eu l'occasion d'approcher ce genre de personnage, je me sentais gauche, mais pour ce rôle, c'était différent. Sa vie personnelle me touchait beaucoup et elle exerce un métier qui n'est pas facile pour les femmes. Mais la force de ce scénario, c'est que l'on ne tombe pas dans le pathos ou le misérabilisme.

Camper ce rôle de mère d'un enfant autiste, était-ce difficile psychologiquement ?
Cristiana Reali :
Ce n'était pas compliqué pour moi car ma mère avait eu un petit frère atteint de trisomie sévère qui était très jeune par rapport à elle, puisque ma grand-mère l'avait eu très tard. Jusqu'à 8-9 ans, j'ai été élevée avec cet oncle, qui avait par ailleurs presque mon âge. J'ai aussi côtoyé un enfant autiste, qui est le fils d'une amie d'enfance. Je l'ai suivi de sa naissance jusqu'à son entrée en institut. Je vois le bonheur que peuvent apporter ces enfants et je connais le déchirement qu'ont les parents à devoir s'en séparer. Ce sont des êtres extraordinaires qui amènent de la joie !

Vous donnez la réplique à Lorie, comment s'est passée votre rencontre ?
Cristiana Reali :
Je ne la connaissais pas avant, mais cela s'est très bien passé car Lorie est bienveillante, on aime toutes les deux travailler dans la bonne humeur ! Même si cela ne se ressent pas du tout dans nos personnalités, nous avons plein de points communs : on ne se prend pas la tête. Au théâtre, j'aime m'assurer que l'on s'entende bien et que l'on puisse travailler sans histoires. Lorie est comme ça aussi et c'est loin d'être le cas pour tous les acteurs ! Je croise les doigts pour ce pilote, j'adorerais que cela devienne une série ! Il reste beaucoup de choses à raconter…

Tout au long de l'épisode, nous voyons une mère jongler entre son travail et sa responsabilité de mère d'un enfant autiste et qui se sent coupable de ne pas pouvoir être plus présente. Est-ce quelque chose que vous avez également ressenti en tant que mère 
Cristiana Reali :
Oui, j'ai beaucoup culpabilisé avec mes filles (Elisa, 21 ans, et Toscane, 16 ans, nées de sa relation avec Francis Huster, ndlr) C'est un véritable mal de mère ! Quand on en fait trop, ce n'est pas bon, et idem si l'on n'en fait pas assez… On croit bien faire, mais nos enfants nous disent des années après que telle ou telle chose n'allait pas. Pourtant, on fait les choses en pensant que c'est le mieux pour nos enfants. On ne naît pas mère, on le devient, donc les erreurs de parcours sont inévitables. Malgré tout, je suis sûre que pour mes filles, le plus important était que je sois épanouie.

Être acteur, c'est un métier qui demande des sacrifices. Comment réagiriez-vous si vos filles vous annonçaient qu'elles souhaitaient se lancer dans une carrière au cinéma ?
Cristiana Reali :
Pour l'instant, elles n'ont pas cette envie. Si c'était le cas, je ne réagirais pas mal, mais c'est un métier très difficile pour les jeunes aujourd'hui. On devient acteur plus "facilement", étant donné la multiplication des supports, des séries, des films, mais la concurrence est plus rude. Je leur conseillerais peut-être d'avoir un métier à côté ou un plan B et je tenterais de les soutenir, car l'entourage est très important dans ce milieu. Il est primordial d'avoir d'autres bonheurs, ce métier est fait de beaucoup de mini-humiliations !