"Ce n'est pas juste une valise" : cette façon de préparer les bagages en dit long sur les blessures d'enfance, selon un psy

Double de tenues pour les enfants, réserve de nourriture, trousse à pharmacie XXL… La façon de faire sa valise cache souvent bien plus que de la prévoyance, selon un psychanalyste.

"Ce n'est pas juste une valise" : cette façon de préparer les bagages en dit long sur les blessures d'enfance, selon un psy
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Avant chaque départ en vacances, un rituel se répète dans des milliers de foyers : faire les valises. Un geste banal ? Pas vraiment. Pour le psychanalyste Christian Richomme, il en dit long "sur notre manière de vivre, d'aimer, de nous protéger". Les parents sont en première ligne. Faire une valise, ce n'est pas juste remplir un sac : c'est jongler entre peur d'oublier, envie de bien faire et stress. Une vraie charge mentale, souvent portée par les mères. Certains s'y mettent une semaine avant, listes en main, vêtements roulés, tenues "au cas où" et trousse de secours XXL.

Éloïse, maman d'un garçon de 3 ans, fait partie de ces mamans très prévoyantes : "Lors de notre dernier voyage en famille, dans un pays étranger, j'ai pris le double de tenues pour le petit, des compotes, des snacks, une trousse à pharmacie complète… tout ça au cas où il vomit, au cas où il se salit, au cas où il ait faim ou tombe malade… Résultat : une valise entière rien que pour lui", nous a-t-elle confié. C'est assez révélateur. Selon une étude EasyJet de 2023, 63 % des femmes reconnaissent emporter trop d'affaires en vacances "juste au cas où". Et 1 Français sur 3 oublie pourtant un objet essentiel.

D'autres attendent la veille, voire le matin même, pour jeter à la va-vite dans un sac quelques vêtements, une brosse à dents, un doudou, espérant que tout le reste suive. Entre les deux, il y a ceux qui veulent tout prévoir et finissent à genoux sur leur valise, luttant pour faire entrer une dernière paire de chaussures "au cas où". Ces stratégies ne sont pas anodines. Elles peuvent révéler "nos blessures intérieures, nos besoins inconscients ou nos désirs profonds", souligne l'expert. Ceux qui anticipent de manière presque obsessionnelle cherchent souvent à tout contrôler, à éviter toute faille possible. "C'est une réponse à l'anxiété face à l'inconnu, un besoin de sécurité absolue", explique-t-il. À l'inverse, les adeptes du tout-à-la-dernière-minute traduisent parfois "un désinvestissement affectif, un refus de s'engager dans le départ ou une forme de déni de la réalité du voyage".

Et que dire de ce qu'on emporte dans ces valises ? Des peluches usées, des carnets jamais utilisés, quatre romans pour cinq jours, des tenues qu'on ne mettra pas. Pour Christian Richomme, "la valise devient un objet transitionnel : elle contient non seulement des objets, mais aussi nos sécurités, nos identités provisoires". Autrement dit, elle rassure. "Trop pleine, elle peut symboliser une peur de faire face au vide, de manquer ou une incapacité à choisir", explique le psychanalyste. C'est le cas de nombreux parents. Une valise allégée, à l'inverse, peut refléter un besoin de détachement ou une volonté de se prouver qu'on n'a besoin de rien, "même si ce rien n'est parfois un évitement".