Quelles sont les causes de décès maternel en France ?

Chaque année, 50 à 100 femmes meurent d'une cause liée à la grossesse, l'accouchement ou le post-partum, soit un décès tous les 4 jours en moyenne. Selon une étude de l'Inserm, les maladies cardiovasculaires et le suicide sont les premières causes de décès maternels en France.

Quelles sont les causes de décès maternel en France ?
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Santé publique France et l'Inserm ont publié, ce 6 janvier 2021, leur 6e rapport d'enquête nationale sur les morts maternelles pour la période 2013-2015. Cette enquête révèle que les maladies cardiovasculaires et les suicides sont les deux premières causes de mortalité maternelle en France. Chaque année, 50 à 100 femmes meurent d'une cause liée à la grossesse, l'accouchement ou le post-partum, soit un décès tous les 4 jours en moyenne. Entre 2013 et 2015, 262 femmes sont ainsi décédées. Des chiffres d'autant plus inquiétants que l'Inserm précise que "plus de la moitié des décès maternels sont considérés comme probablement ou possiblement évitables."

Suicides, maladies cardiovasculaires... Quelles sont les causes ?

  • Selon les chiffres de l'Inserm 13,7% des décès maternels sont la conséquence de maladies cardiovasculaires, parmi lesquelles l'hypertension artérielle gravidique, les cardiomyopathies et les dissections aortiques.
  • La deuxième cause de mortalité des futures ou jeunes mamans, 13,4% des cas, est le suicide. Sur la période de l'enquête, 35 femmes enceintes ou jeunes mamans se sont suicidées.
  • La troisième cause de décès est l'embolie amniotique (11 % des décès),
  • les thrombo-embolies veineuses (9 %)
  • les hémorragies obstétricales (8 %).

Comme l'observe l'Inserm, ce classement a été notablement modifié ces dernières années. "Pour la première fois depuis la première enquête confidentielle, les hémorragies obstétricales ne sont plus la première cause de mortalité maternelle et la fréquence de cette cause de décès a été diminuée par 2 en 15 ans.", détaille l'enquête. On compte aujourd'hui 10,8 décès pour 100.000 naissances en France, un chiffre stable par rapport aux deux périodes d'observation précédentes (2007-2009 puis 2010-2012) et qui se situe dans la moyenne européenne.

Un défaut de surveillance et des facteurs de risques négligés

Santé Publique et l'Inserm se sont également intéressés au profil de ces femmes et à leurs antécédents. L'enquête montre que le risque de mortalité est plus élevé selon l'âge des femmes, il est notamment multiplié par 4 à partir de 40 ans, mais aussi par la présence d'une obésité. Le contexte social, le pays de naissance et le lieu de résidence ont également une incidence. 26,5% des morts maternelles sont en effet survenues chez femmes présentant au moins un critère de vulnérabilité socio-économique. La mortalité des femmes migrantes est également plus élevée que celle des femmes nées en France et les femmes résident dans les DOM présentent un risque de mortalité maternelle multiplié par 4,0 par rapport à celles résidant en métropole. 

Les deux institutions publiques ont également relevé que "dans 66% des cas, les soins dispensés n'ont pas été optimaux".  58% des décès sont même considérés comme 'évitables' ou 'peut-être évitables' en améliorant la prévention, l'organisation des soins, et les soins eux-mêmes. Un comité d'experts a formulé 30 messages-clés destinés à améliorer la prise en charge de ces futures et jeunes mamans. Ces experts insistent notamment sur la nécessité de mener un "examen médical non strictement obstétrical de la femme enceinte et la recherche d'antécédents psychiatriques, addictologiques et d'une vulnérabilité sociale". L'Inserm et Santé Publique appellent notamment à évaluer les risques de complications avant la conception et en début de grossesse afin de planifier une prise en charge de la grossesse individualisée.