Absentéisme scolaire : vers la suspension des allocations familiales ?

Le Sénat a voté, ce 7 avril, la possibilité de suspendre le versement des allocations familiales des parents, en cas d'absence répétée d'un élève et après plusieurs avertissements. Mais "ce n'est pas la position du gouvernement" a précisé Gabriel Attal le 16 avril.

Absentéisme scolaire : vers la suspension des allocations familiales ?
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[Mise à jour du 16 avril à 18h]. Dans le cadre du projet de loi sur le respect des principes de la République, les sénateurs ont adopté un amendement visant à suspendre le versement des allocations familiales aux parents d'élèves qui refuseraient de se rendre à l'école, malgré les différents avertissements. L'allocation de rentrée scolaire pourrait également être supprimée. "Cette suspension de l'allocation familiale est l'aboutissement d'étapes au cours desquelles un dialogue avec la famille est intervenu […] La suppression envisagée n'est donc pas immédiate", a précisé le rapporteur Stéphane Piednoir. L'amendement destiné à lutter contre l'absentéisme scolaire a été voté par 210 voix pour et 125 voix contre. Jean-Michel Blanquer s'en est quant à lui remis à "la sagesse" et à la volonté des sénateurs quant à la suppression des allocations familiales. "Pour ma part j'ai tendance à penser qu'il nous incombe d'appliquer le droit existant", a déclaré le ministre de l'Education nationale qui dit comprendre "l'intention". "Il y a un point que je partage, c'est le respect de l'obligation scolaire", a-t-il ajouté.

Les sénateurs souhaitent avant tout privilégier le dialogue, et responsabiliser les parents pour éviter cette sanction qui ne serait alors appliquée "qu'en dernier recours". " Le premier respect des principes de la République, c'est d'aller à l'école de la République" a déclaré le sénateur LR Jacques Grosperrin. Une manière également, pour Cédric Vial de "faire venir à la table des familles, qui malgré les convocations, ne sont pas présentes". Du côté de la gauche en revanche, cette idée ne fait pas l'unanimité. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol appelle plutôt à "aider les parents" à assumer leur rôle, et estime qu'il n'y a pas de parents laxistes ou complices. Pour l'écologiste Esther Benbassa, il n'est pas non plus question "d'éduquer les parents en les punissant". 

Le gouvernement, contre la suppression des allocations

"Ce n'est pas la position du gouvernement" a précisé Gabriel Attal ce 16 avril. "Il y a un enjeu de responsabilisation des familles évidemment, mais je ne crois pas du tout à cette piste-là" a déclaré le porte-parole du gouvernement sur France Info. "Quand vous avez une mère célibataire qui se lève à 5 heures du matin pour aller travailler et faire des ménages, qui a deux fils dont un (…) ne va plus à l'école, vous pouvez vous faire plaisir en disant "on va lui supprimer ses allocations familiales" mais je ne suis pas sûr que ça règle le problème d'ajouter de la misère à la misère (...) Il faut toujours travailler à une responsabilisation des familles et il y a des contrats de responsabilisation qui existent, il y a un travail qui existe avec l'Education nationale et les collectivités locales, mais cette solution-là n'est pas une solution qui est soutenue par le gouvernement" a-t-il ajouté.

Port du voile, universités, écoles hors contrat

Interdiction du voile. Le Sénat a également voté l'interdiction du "port de signes religieux ostensibles dans le cadre des compétitions organisées par les fédérations sportives. "Si le port du voile n'est pas explicitement interdit, on pourrait voir émerger des clubs sportifs communautaires promouvant certains signes religieux", a déclaré le sénateur LR Michel Savin (LR) à l'origine de cet amendement. Le port du voile pourrait également être interdit pour les accompagnateurs au cours de sorties scolaires ou pour les mineures dans l'espace public. Le burkini pourrait également être interdit dans les règlements intérieurs des piscines.

Culte et université. Le Sénat prévoit aussi l'interdiction de la pratique du culte dans les établissements publics d'enseignement supérieur, sauf pour les aumôneries. Les "actions de prosélytisme ou de propagande de nature à perturber les activités d'enseignement et de recherche" sont également concernés. 

Enfin, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déposé un amendement afin de "lutter contre les ingérences étrangères par l'intermédiaire d'ouverture d'écoles hors contrat".

Ce projet de loi doit à présent être étudié en commission mixte paritaire. L'Assemblée nationale tranchera en cas de non compromis.