Isabelle Boulay : "J'adorerais faire un duo avec Vanessa Paradis"

RENCONTRE - Isabelle Boulay nous enchante avec son 10e album studio "En vérité", sorti le 19 mai 2017. Simple et généreuse, la chanteuse aux plus de 4,5 millions de disques vendus se confie avec spontanéité et enthousiasme sur ses nouvelles chansons, sa vie et ses envies.

Isabelle Boulay : "J'adorerais faire un duo avec Vanessa Paradis"
© PETER LINDBERGH

Passionnée et passionnante Isabelle Boulay. A 45 ans, la chanteuse québécoise n'a pas fini de séduire l'Hexagone. Preuve en est avec son dixième album studio En Vérité, grand disque de Variété aux subtiles influences Folk et de Country. Quatorze titres inédits, fruits d'une collaboration avec les plus grands : de Benjamin Biolay à Carla Bruni-Sarkozy, en passant par Raphaël et La Grande Sophie. Un régal pour les fans qui auront attendu six ans après le très beau Les Grands Espaces avant de pouvoir redécouvrir des chansons originales de leur artiste préférée. Aujourd'hui compagne du célèbre avocat Eric Dupond-Moretti — leur union a été officialisée il y a peu — et mère d'un petit Marcus, âgé de huit ans, c'est une femme rayonnante et épanouie qui a répondu à nos questions.

© Peter Lindbergh

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui rend votre 10e album En vérité unique ?
Isabelle Boulay : 
C'est comme si tous mes souhaits avaient été exaucés, toutes les parties de moi réunies sur un seul disque : mes influences, mon rythme, ma cadence. C'est le plus beau que j'ai fait, celui dans lequel je me suis le plus accomplie et pour lequel j'ai le plus repoussé mes limites. J'y ai mis tout mon souffle. 

La simplicité et l'humilité qui vous caractérisent se ressentent parfaitement dans ce disque. 
Cela fait partie de mes traits de caractère principaux dans le sens où je me mets toujours au service de ce que je fais. Il est difficile de faire les choses de façon simple mais surtout de façon juste, sans grandes démonstrations. En vérité est sans superflu, sans fard, il va à l'essentiel et cela n'est pas toujours évident. 

Une fois encore, Benjamin Biolay est à la réalisation... 
Je travaille avec lui depuis des années. Nous avons un rapport très instinctif et simple quand nous faisons de la musique ensemble et nous parvenons ainsi très vite à trouver le cœur battant des chansons. 

Vous avez déjà collaboré avec de nombreux artistes. Y-a-t-il d'autres noms avec lesquels vous rêvez de travailler par la suite ?J'aimerais beaucoup collaborer avec T Bone Burnett, un réalisateur et artiste de country américain. Il a fait de très grands disques avec des gens de différents horizons et a le talent d'amener ces derniers à toucher à ce qu'ils ont de plus originel. J'adorerais aussi d'avoir des chansons écrites par Philippe Dijan et Stéphane Escher et aussi faire un jour un duo avec Vanessa Paradis, qui est une chanteuse exceptionnelle. J'ai encore plein de rêves et de projets ! 

Vous parliez de la country, que vous évoque ce style musical que vous aimez tant ?
Cela m'évoque ma petite enfance, comme une trame sonore de ma vie. J'ai passé beaucoup de temps avec ma grand-mère et ma tante Adrienne, l'une des sœurs de mon père qui était comme une deuxième maman pour moi. Elles écoutaient beaucoup de musique country et m'ont fait découvrir Dolly Parton, Johnny Cash, Willie Nelson... 

"J'aime beaucoup le heavy metal"

Y-a-t-il un univers musical que vous aimez sans avoir jamais osé l'approcher ?
Je suis coach de La Voix au Québec [The Voice en France, ndlr] et j'ai été la seule à me retourner sur un garçon qui faisait du death metal. Moi, je ne pourrai jamais en faire car je n'ai pas les cordes vocales pour. Mais j'aime beaucoup le heavy metal, je trouve que les chanteurs de hard rock ont souvent des voix extrêmement puissantes et quand ils font des chansons d'amour, cela me déchire le cœur. J'aimerais bien un jour reprendre des chansons de hard rock mais lentes et sentimentales, à la Still Loving You de Scorpions. 

 

Vous avez également fait trois reprises dans En vérité. Pourquoi avoir choisi ces chansons ?
Cela faisait un moment que je voulais reprendre Les mains d'or de Bernard Lavilliers. J'aime beaucoup cette chanson à caractère social, qui parle de la réalité des ouvriers. Won't catch me cryin de Willie Nelson, j'avais déjà voulu la reprendre sur mon précédent album Les grands espaces, mais je n'étais pas satisfaite de ma version et je ne me sentais pas à la hauteur. Pour En vérité, Benjamin Biolay m'a fait réessayer et la chanson a été enregistrée au bout de la deuxième prise seulement. Enfin, il y a Una storia d'amore de Jovanotti. Je voulais faire une chanson en italien et je suis tombée amoureuse de celle-ci. 

Vous parlez d'amour dans cet album. Est-ce une façon de vous livrer, vous qui êtes si discrète sur votre vie privée ?
Je chante pour réconforter les gens, pas forcément pour faire des aveux personnels. Il y a très peu de titres qui sont réellement autobiographiques, même si je mets beaucoup de moi dans ma façon de les interpréter. Mes chansons ont beaucoup plus d'amplitude que ma seule histoire. Par ailleurs, il est vrai que je parle peu de ma vie privée car si je racontais tout, les gens ne trouveraient pas d'espace pour interpréter ce que je chante. C'est dans ma vie privée que je respire, car mon métier me prend une énergie folle. Je veux donc la préserver. 

Avez-vous parfois souffert de votre notoriété ?
Ce n'est jamais plaisant de se faire voler des photos par exemple, c'est quelque chose d'assez violent. L'amour que je vis aujourd'hui était un secret bien gardé, puis nous avons eu une incursion dans notre intimité qui n'était pas souhaitée. Malgré ça je ne sors pas dans la rue avec la peur, je vis tranquillement et je ne suis pas pourchassée sans arrêt. La popularité, cela me plait, les gens sont toujours respectueux, je suis toujours heureuse de leur parler. Je suis une artiste populaire, mais je n'ai pas envie d'être une people car je n'aurai pas la force de laisser les gens entrer dans mon intimité ainsi.

"Je suis une artiste populaire, mais je n'ai pas envie d'être une people"

Connaissiez-vous déjà Carla Bruni-Sarkozy, qui a écrit pour vous le titre Un garçon triste ?
Je ne la connaissais pas personnellement, mais je connaissais son travail. Je trouve que c'est l'une des femmes les plus brillantes de notre époque. Elle est libre, même soumise à une époque à certaines conventions, elle a su garder sa part de créativité. Je l'admire beaucoup, je la trouve infiniment fine et intelligente et c'est une grande auteure de chansons. On s'est rencontré pour la première fois dans les coulisses d'un Téléthon, elle est venue vers moi, m'a pris les mains et m'a dit "J'adore votre voix, j'adorerais vous écrire une chanson". Elle m'avait enlevé les mots de la bouche, c'était comme un cadeau du ciel ! Quelques semaines plus tard, elle m'a parlé de cette chanson, Un garçon triste. J'ai eu la conviction qu'elle était faite pour moi. J'ai été subjuguée quand je l'ai reçue.

Dans La route avec lui, vous parlez du fait d'être une femme dans le monde de la musique.
C'est la seule commande que j'ai faite sur cet album. Ce n'est pas conventionnel pour une femme de quitter son foyer. C'est un métier d'homme. Etre sur la route, ce n'est pas naturellement féminin, c'est très particulier et encore plus quand on a un enfant. 

Cela a été difficile pour vous et votre fils, Marcus ?
Marcus a huit ans. Je passe beaucoup de temps avec lui, probablement plus que la plupart des mamans qui travaillent et ont des horaires plus conventionnels. Quand je suis avec lui, je le suis pleinement, mais il y a des périodes très intenses comme la sortie d'un album ou la préparation d'une tournée où je ne vais pas le voir pendant presque trois semaines. Mais pendant ce temps-là mon fils est avec son père et a toujours eu les mêmes personnes autour de lui depuis sa naissance. Il est donc très équilibré et tout se passe très bien. Mais si je sentais un jour que mon mode de vie avait un impact négatif sur la sienne, je m'arrêterais tout de suite. 

© Peter Lindbergh

En vérité d'Isabelle Boulay. Disponible depuis le 19 mai.