CHÈRE LÉA : 5 bonnes raisons de passer du café au cinéma

La comédie (romantique) dramatique signée Jérôme Bonnell se déguste avec délectation grâce à une écriture sans fioriture et un casting délicieux. On vous dit pourquoi vous devriez vous laisser tenter.

CHÈRE LÉA : 5 bonnes raisons de passer du café au cinéma
© Céline Nieszawer

Chère Léa, une histoire d'amour, de rupture et de rencontres

Chère Léa raconte une histoire d'amour sur la fin et le cheminement personnel d'un homme qui vient de se faire larguer. Ou plutôt, d'un mari adultère dont la maîtresse s'est lassée. Jonas compte bien dire à Léa, chanteuse lyrique et mère célibataire bien occupée, tout ce qu'il a sur le cœur. Pour cela, il met entre parenthèses sa journée chargée pour lui écrire une lettre, installé au café en bas de chez elle, vue sur son appartement. Il ne se doute pas une seconde à quel point ses mots toucheront le patron du bar, Mathieu, friand de littérature. Avec cette histoire, Jérôme Bonnell parle de sentiments, de ruptures, du couple qui s'étiole, du mirage de la passion et beaucoup de l'indécision des hommes, comme il le dit lui-même. Sa comédie dramatique est aussi un film joliment réfléchi sur la prise de conscience et l'envie d'aller de l'avant.

Chère Léa, une mise en scène décalée

Le réalisateur se place comme en décalage de l'action principale et fait de ce long-métrage un poste d'observation de la vie de quartier. Plusieurs saynètes du quotidien viennent interrompre le propos, et littéralement le personnage principal, pour enrichir l'action et ajouter une couche de légèreté pas si anodine. Ainsi, Chère Léa dit beaucoup de ce qui peut se passer en nous et autour de soi en quelques heures. Pour délivrer son message, en plus d'une brillante mise en scène où le hors-champ prime, Jérôme Bonnell parie sur le rythme des dialogues. Les joutes verbales entre Jonas et Mathieu sont épiques quand les discussions entre Léa et Jonas traduisent énormément de leur histoire et du rapport humain à la passion. Comme des fléchettes touchant leur cible en plein cœur.

Deux excellents Grégory face à Anaïs Demoustier

Grégory Montel campe Jonas, Grégory Gadebois est Mathieu. Ces deux comédiens aux énergies complémentaires forment un duo de cinéma qui confère à Chère Léa des faux airs de buddy movie, ces films où l'on suit une paire de héros aux antipodes dans des aventures fantasques. Le comédien de Dix pour Cent montre une capacité à jouer l'empressement et l'agacement avec drôlerie, tout en parvenant à nous convaincre d'être de son côté. Celui des Revenants, pour rester sur la thématique TV, incarne avec tact la sensibilité aux mots et impose la confiance nécessaire au héros pour accepter la remise en question.

Des seconds rôles féminins puissants

Anaïs Demoustier, la désirée Léa, apparaît brièvement dans le film. Pourtant, elle habite le long-métrage comme si elle était de tous les plans grâce à l'écriture, mais aussi à son énergie communicative, ici utilisée jusque dans la voix de mezzo qu'on lui découvre. Léa Drucker, qui joue la femme trompée de Jonas, n'a besoin que d'une scène pour nous convaincre. Quant à Nadège Beausson-Diagne, elle joue des préjugés pour mieux révéler une capacité hors-pair à incarner à la fois la poigne et la douceur.

Chère Léa : une ode aux cafés

Cafés, bistrots et autres troquets sont l'autre personnage de ce film surprenant. Servant de décor à l'action, d'écrin à la lettre de Jonas, l'établissement tenu par Mathieu/Grégory Gadebois habite l'histoire autant que les protagonistes. Le film confère une atmosphère significative à ces salles où les gens se croisent sans se voir, se rencontrent parfois, se disputent, s'observent et se révèlent à eux-même. Un lieu de moments volés, de plaisir, mais aussi un endroit de confiance comme un cocon, qu'il est appréciable de redécouvrir ainsi.