Laetitia Casta : "L'écologie fait partie de mon éducation"

Laetitia Casta redevient la Marianne de son mari Louis Garrel dans "La Croisade", au cinéma le 22 décembre. Cette comédie sur des enfants déterminés à sauver la planète aborde avec légèreté, mais profondeur le sujet de l'urgence écologique. Et la question de la prise de conscience. Interview.

Laetitia Casta : "L'écologie fait partie de mon éducation"
© Matt Baron/Shutterstock/SIPA

Unis à la ville, Laetitia Casta et Louis Garrel (re)jouent le couple sur grand écran dans La Croisade, en salles le 22 décembre après avoir été présenté au Festival de Cannes. Dans son troisième long-métrage derrière la caméra, l'acteur-réalisateur traite avec finesse et drôlerie (mais sans OGM) le sujet du réchauffement climatique. Après L'Homme Fidèle, il reprend ses personnages chouchous: le couple Abel-Marianne et leur fils Joseph, devenu un mini-révolutionnaire aux grandes idées.
La progéniture a vendu en douce des biens précieux de ses parents pour financer un projet en Afrique. Monsieur s'agace d'avoir perdu ses montres de collection et se moque gentiment de cette mission planétaire. Madame, passée la déconvenue de voir son dressing allégé, croit à fond en son fils. Cette mère concernée, davantage du côté des petits que des grands, est incarnée par la tout aussi passionnée Laetitia Casta. L'actrice nous a parlé de son personnage, de la génération Greta Thunberg et de ses engagements.

Qui est la Marianne de La Croisade ?
Laetitia Casta : Marianne est la continuité du personnage de L'homme fidèle. Elle trouve qu'Abel n'a pas trop bougé, alors qu'elle a envie d'autre chose. Elle va être totalement bouleversée par le projet de son fils. C'est intuitif et très féminin d'être davantage en empathie, en connexion avec le monde qui nous entoure, ou même avec la nature.

L'une des forces de Marianne, c'est de parvenir très rapidement à se remettre en question...
Laetitia Casta : Quand Joseph lui dit "est-ce que je vais être un bon papa ?", elle se transforme. Elle voit son fils devenir un homme, avoir des convictions. C'est comme si sa conscience s'éveillait. Elle veut prendre son fils dans les bras, mais elle ne peut pas parce qu'il est trop grand. Elle se rend compte que le temps file, qu'elle ne veut pas passer à côté de son enfant. Je suis extrêmement sensible aux personnages avec une évolution, où quelque chose bouge, se fissure.

Louis Garrel dit que vous étiez présente pendant l'écriture. Qu'avez-vous mis de vous dans ce personnage ?
Laetitia Casta : C'est surtout la partition de Jean-Claude Carrière, le co-scénariste, mais je nourris toujours au maximum mes rôles. J'y ai apporté mon regard sur l'enfant, comment elle se libère. Marianne a aussi ma capacité d'être à l'écoute de ce qu'il y a autour de moi. D'un coup, je peux être portée par une cause qui touche ma corde sensible. Elle a une sorte d'impulsivité en ce qu'elle croit. Elle est volontaire. Comme elle, si je crois en quelque chose, il n'y a pas de questionnement, j'y vais.

Elle finit par y croire parce que son fils l'ébranle totalement dans ses convictions...
Laetitia Casta : Un enfant, ça vient ébranler une vie ! La génération qui arrive est puissante. Je me souviens de moi à leur âge, j'étais beaucoup plus naïve, j'étais protégée, je n'avais pas ces angoisses existentielles. C'est dingue qu'ils réfléchissent comme des adultes. C'est violent, ça me fait vraiment mal de voir qu'on leur enlève leur innocence.

Louis Garrel et Laetitia Casta dans "La Croisade" © Shanna Besson - Why Not Productions - Ad Vitam

L'écologie dont parle le film, c'est un sujet qui vous touche ?
Laetitia Casta : Je n'ai pas l'impression de me réveiller le matin en devant me battre. Ça fait partie de mon éducation, je suis née à la campagne, mon grand-père était garde forestier, donc c'est naturel pour moi. J'ai un peu honte quand on me parle de militantisme parce que je pense toujours que je peux en faire plus.

Votre métier ne vous permet-il pas de vous engager ?
Laetitia Casta : J'ai l'impression qu'il y a toujours une cause qui me tient à cœur dans les choix que je fais. Même si je joue dans une comédie, j'aime qu'il y ait de la profondeur sur des sujets importants à mes yeux, comme celui des femmes. Quand dans la série Une île, je joue une sirène qui vient se venger des hommes qui saccagent la planète, ou quand je choisis de faire Arletty, ce sont des femmes qui ont des convictions.

Diriez-vous que vous défendez le féminisme ?
Laetitia Casta : Le féminin est encore plus fort que le féminisme pour moi.

Joseph vend les objets de ses parents pour son projet. Quels sacrifices seriez-vous prête à faire ?
Laetitia Casta : Je ne suis pas Madame Confort, je ne suis pas attachée au matériel, je pourrais tout à fait vendre des choses à moi pour une cause qui me tient à coeur.

C'est la deuxième fois que vous tournez avec votre mari, Louis Garrel. Comment se passe la collaboration sur le plateau ?
Laetitia Casta : On partage un objet artistique, on forme une équipe. J'assiste à la naissance du projet, à l'écriture, ce qui fait que je connais le film parfaitement quand j'arrive sur le tournage. C'est très agréable. Si on pouvait faire comme ça avec tous les réalisateurs, ce serait génial. Le travail d'acteur est mâché. Il y a un attachement très affectueux. Partager ça ensemble avec Louis, c'est chouette, c'est joyeux.