L'ENFANT REVE, YALDA, RELIC : nos coups de cœur du 7 octobre

Investissez un triangle amoureux déchirant. Entrez dans les coulisses d'une émission télévisée où il est question de vie et de mort. Perdez-vous dans les dédales de la démence. "L'Enfant Rêvé", "Yalda, la Nuit du Pardon" et "Relic" sont nos conseils ciné de la semaine.

L'ENFANT REVE, YALDA, RELIC : nos coups de cœur du 7 octobre
© Paname Distribution

L'ENFANT REVE de Raphaël Jacoulot

Des arbres sont déracinés, violemment transformés, mis dans des camions, transportés… Un parcours qui évoque, dès les premières minutes de la nouvelle réalisation de Raphaël Jacoulot, le cheminement du héros : François, patron de scierie, qui a toujours vécu aux abords des forêts du Jura. Son entreprise, il l'a héritée de son père, perpétuant ainsi une tradition à laquelle il n'aurait su déroger. Car oui, l'intéressé est enraciné dans sa vie, obnubilé par L'Enfant Rêvé que son épouse ne parvient pas à lui offrir. Cette soif de paternité sera bientôt concrétisée par une jeune femme fraichement installée dans le coin, de laquelle il s'éprend passionnément.
Assumant le caractère romanesque de son triangle amoureux, épousant avec lyrisme la tragédie qui va s'y dessiner, dirigeant à merveille le trio inspiré que composent Jalil Lespert/Mélanie Doutey/Louise Bourgoin, Jacoulot entremêle le mélodrame et le film noir et s'inspire notamment de Truffaut et de sa Femme d'à Côté pour transporter le spectateur jusqu'aux abîmes d'un protagoniste aussi inquiétant qu'attachant.  

Avec Jalil Lespert, Mélanie Doutey, Louise Bourgoin (1h47)

YALDA, LA NUIT DU PARDON de Massoud Bakhshi

Tapez "1" si vous pensez qu'elle mérite le pardon. Tapez "2" si, au contraire, vous lui préférez un destin funeste. C'est le suspense cathodique qui enserre Maryam, 22 ans, une jeune femme iranienne condamnée à mort pour avoir tué accidentellement son mari de 43 ans son aîné. Sous le feu des projecteurs, face à une opinion publique passionnée, l'héroïne de Yalda, la Nuit du Pardon de Massouf Bakhshi, Grand Prix du Jury au dernier Festival de Sundance, est encagée dans une émission de télé-réalité qui se substitue à la justice des hommes. Son seul moyen d'être sauvée ? Recevoir le pardon de la fille du défunt.
A partir de ce postulat, lui-même inspiré d'un véritable programme TV, le cinéaste iranien utilise le motif universel du pardon pour déployer son récit pendant la fête de Yalda, qui introduit l'hiver et qui est connue pour sa nuit la plus longue de l'année. Ecriture ciselée, interprétations impressionnantes (à commencer par la formidable Sadaf Asgari), mise en scène chiadée, tension constante… La réussite est à tous les étages !

Avec Sadaf Asgari, Behnaz Jafari, Babak Karimi (1h29)

RELIC de Nathalie Erika James

Des films d'horreur de cette trempe, il y en a un tous les ans, voire tous les deux ans. Avec Relic, la jeune cinéaste Nathalie Erika James utilise la maladie mentale et la démence comme territoires terrifiques pour déployer un drame générationnel et bouleversant. La grand-mère, la mère et la petite-fille y sont réunies dans une demeure isolée. Il faut en effet veiller à la matriarche, qui disparait sans arrêt et semble de plus en plus perdue dans les abîmes de sa psyché. Autour, la maison est gangrenée de tâches noirâtres, qui colonisent les parois et les sols, métaphores de ces satanés effets de la maladie qui contaminent toute la famille.
Visuellement splendide, soigné et élégant, cet opus tient plus de la tragédie que de l'horreur ; les codes de l'effroi, utilisés parcimonieusement, n'y sont qu'un prétexte pour parler d'amour, de filiation, de sacrifice affectif… jusqu'aux dix dernières minutes. Lesquelles filent la chair de poule tout en laissant tomber des larmes. Que demander de plus ? Chapeau !

Avec Emily Mortimer, Robyn Nevin, Bella Heathcote (1h29)