LES 2 ALFRED : Bruno Podalydès croque avec folie la start-up nation

En salles le 13 janvier 2021, "Les 2 Alfred" de Bruno Podalydès, labellisé Cannes 2020, a été présenté en avant-première au Festival du Cinéma Américain de Deauville. A raison, cette comédie enlevée et intelligente a suscité l'hilarité des festivaliers.

LES 2 ALFRED : Bruno Podalydès croque avec folie la start-up nation
© UGC Distribution

C'est probablement l'un des remèdes les plus efficaces à la morosité ambiante, à ce climat de stress et d'angoisse qui innerve 2020. Figurant en sélection officielle du Festival de Cannes, Les 2 Alfred marque la neuvième réalisation de Bruno Podalydès, après des oeuvres aussi drôles et attachantes que Liberté-Oléron (2001), Adieu Berthe, l'enterrement de Mémé (2012) ou Comme un Avion (2015).

Le cinéaste et scénariste y déploie une critique joyeuse et efficace des start-up, se gaussant de leur jargon fleuri de diminutifs tous azimuts et d'anglicismes hystérisants. Il tisse sa satire d'un monde drogué par les applis grâce au fil que déroule Alexandre, un chômeur déclassé qu'interprète l'autre frère Podalydès : Denis.  

Tandis que sa femme est partie en mission pour deux mois à bord d'un sous-marin, le voilà face à de lourdes responsabilités : lui prouver qu'il peut être indépendant financièrement tout en veillant, cahin caha, à ses deux enfants. Lorsqu'il est miraculeusement recruté par une jeune entreprise hi-tech, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs, sa vie se complique puissance 1000.

La politique anti-enfants de ladite structure le pousse, avec l'aide d'Arcimboldo, un "entrepreneur de lui-même", rencontré sur le tard (Bruno Podalydès himself), à cacher à toute sa hiérarchie qu'il est papa.

Sans parler de sa redoutable supérieure, Séverine Cupelet (brillante Sandrine Kiberlain) qui, façon dictatrice 2.0., sillonne Paris à bord d'une voiture sans chauffeur en crachant ses directives sibyllines. 

Un trio d'acteurs miraculeux

Dans sa direction d'acteurs -absolument démente- comme dans l'écriture, fluide et si prompte à transpercer les dérives technologiques, Bruno Podalydès transforme l'essai, pourtant casse-gueule, et nous offre 90 minutes de rires.

Son sens de l'absurde sied à la perfection à sa distribution, laquelle semble prendre autant de plaisir dans le jeu que le spectateur face au récit. Qu'il est précieux de voir éclore des œuvres françaises rappelant que la comédie est un art qui mérite un savoir-faire, un sujet, une plume et, surtout, un sens du rythme métronomique.

En ce sens, Les 2 Alfred, non content de s'offrir comme le bonheur qu'il est, devient un nouveau mètre étalon du LOL made in France. Et, comme il y est souvent question d'acronymes, on dira qu'on est PTDR, voire même, XPTDR.