UN DIVAN A TUNIS : 3 bonnes raisons de consulter Golshifteh Farahani

C'est l'une des comédies les plus pétillantes de ce début d'année. Dans "Un Divan à Tunis", premier long-métrage de la cinéaste Manèle Labidi, en salles le 12 février, Golshifteh Farahani incarne une psy parisienne qui installe son cabine en banlieue de Tunis. Le Journal des Femmes vous encourage à vivre cette thérapie solaire. La preuve par trois.

UN DIVAN A TUNIS : 3 bonnes raisons de consulter Golshifteh Farahani
© Diaphana Distribution

UN DIVAN A TUNIS : une intrigue originale

Pour son premier long-métrage de réalisatrice -elle en est également la scénariste-, la talentueuse franco-tunisienne Manele Labidi fait mouche. Un Divan à Tunis, passé par les festivals de Toronto, Venise (où il a reçu un prix du public) ou Saint-Jean-de-Luz, a tout d'une irrésistible réussite. A commencer par sa trame, originale et enthousiasmante. Elle y met en lumière une héroïne dénommée Selma Derwish. A 35 ans, cette parisienne ténébreuse et taiseuse entame un retour dans son pays -une Tunisie qui sort à peine de la révolution- pour y établir, en banlieue populaire de sa capitale, un cabinet de psychanalyse. Une manière pour elle de questionner inconsciemment ses propres problèmes tout en s'érigeant en réceptacle des maux d'une société nerveuse, à cran et si intensément vivante. Malgré l'hostilité des autorités et la méfiance des uns et des autres, l'intéressée va bousculer les tabous et libérer les paroles enfouies. Un postulat passionnant et propice à nous faire rire sérieusement.     

Golshifteh Farahani et Hichem Yacoubi dans "Un Divan à Tunis". © Diaphana Distribution

UN DIVAN A TUNIS : un ton moderne et solaire

Manele Labidi aime les grandes comédies italiennes des années 1960. Elle affectionne aussi les névroses protéiformes des personnages imaginés par Woody Allen. Ces deux références, digérées et qualitatives, transparaissent allègrement dans sa proposition filmique. Là, au lieu d'embrasser le drame des situations, de noircir les douleurs de chaque patient, leurs peurs, leurs paradoxes, leurs contradictions, elle les met plutôt en exergue à la lumière d'un ton drolatique. Au gré d'une galerie de personnages fantasques et pittoresques, campés par des acteurs épatants -parmi lesquels Hichem Yacoubi, Majd Mastoura ou Ramla Ayari-, la jeune réalisatrice fait littéralement asseoir une nation dans un fauteuil de psy et entend ses maux avec les oreilles d'une caméra alerte. Sans effets de mise en scène -elle bannit ici la caméra à l'épaule-, elle laisse la vie s'installer dans le cadre, qu'elle baigne d'une lumière où les couleurs chatoient et consolent. De quoi ressortir de la séance le coeur en montgolfière. 

UN DIVAN A TUNIS: une actrice en état de grâce

Elle est la pierre angulaire et précieuse du projet. Sous les traits de Selma, Golshifteh Farahani creuse un sillon dans la comédie qui lui va si bien. La sublime actrice iranienne étincelle ici par la simplicité de son jeu, qu'elle débarrasse de toute afféterie. Sa prestation, tout en flegme et en élégance, nourrit et équilibre les excès des autres patients. Elle parvient à construire un personnage complexe et déterminé que le scénario et la mise en scène de Labidi n'essayent jamais de hisser en parangon de la femme moderne ou libre. Elle l'est naturellement, sans forcer, avec son allure de cow-boy solitaire qui traverse, cigarette agriffée aux lèvres et cuir dur et inaltérable, les vicissitudes et paradoxes d'une société tunisienne prise en étau entre son désir d'émancipation et de modernité et son ancrage pavlovien dans des réflexes traditionnalistes. On la savait extraordinaire dans les drames, qu'elle soit devant les caméras de Kiarostami, Farahdi ou Jarmusch. Après Santa & Cie, on sait, plus que jamais, que Golshifteh Farahani est aussi un merveilleux clown.    

"Un divan à Tunis"