3 bonnes raisons de rencontrer les héroïnes de MADE IN BANGLADESH

Au cinéma dès le 4 décembre, le drame féministe "Made in Bangladesh" de Rubaiyat Hossain relate, par le menu, les conditions de travail sordides des ouvrières du textile. Le Journal des Femmes vous donne 3 bonnes raisons de découvrir ce film important.

3 bonnes raisons de rencontrer les héroïnes de MADE IN BANGLADESH
© Pyramide Distribution

Made in Bangladesh, un film basé sur une histoire vraie

Après avoir réalisé Les Lauriers-Roses Rouges, la réalisatrice bangladaise Rubaiyat Hossain s'est longuement intéressée au sort des travailleuses de l'industrie textile. Ses deux années d'enquête lui ont en effet permis de croiser la route de Daliya Akter, une jeune femme qui a farouchement milité pour monter un syndicat dans son pays et défendre les intérêts de ses collègues féminines. C'est justement elle qui lui a inspiré son nouveau film baptisé, à titre symbolique et si révélateur, Made in Bangladesh.
Le spectateur plonge pour l'occasion au cœur de Dacca, la capitale, et plus précisément à l'intérieur de l'usine textile qui emploie l'héroïne, Shimu, 23 ans. Suffoquant dans des conditions de travail absolument déplorables, cette dernière décide de braver tous les interdits –en plus du désaccord de son propre époux– en se mobilisant, avec les autres employées de l'établissement, pour lancer un syndicat. Une histoire vraie dont la concrétisation à l'écran est d'utilité publique.     

Made in Bangladesh : une dénonciation du capitalisme

Avec son approche sociologique précise et sa peinture si exacte de la réalité qu'elle expose, cette réalisation se démarque par son indéniable portée politique. Rubaiyat Hossain s'impose ainsi comme le porte-voix de milliers de travailleurs sans visages qui, pour les multinationales carnassières qui les exploitent sans relâche, ne sont que de chiffres, des destins corvéables à merci dont on se sert pour accroître les marges et nourrir le monstre capitalistique.
La force de Made in Bangladesh est de donner justement la parole aux femmes, lesquelles (mineures incluses) représentent 85% de la force de travail au cœur d'un état au fonctionnement totalement patriarcal. Des femmes fortes et courageuses qui ne se posent jamais en victimes et qui, dans un cheminement d'émancipation touchant, cherchent tout simplement à s'épanouir dans leur labeur en améliorant leur quotidien.

Made in Bangladesh : une mise en scène immersive

Bien que l'expérience s'avère totalement immersive, donnant à vivre un quotidien d'indigence révoltant, la jeune réalisatrice Rubaiyat Hossain n'en fait jamais –et heureusement !– un objet voyeuriste et misérabiliste, un de ces films paramétrés pour faire pleurer dans les chaumières occidentales. Ici, elle reste à distance de ses héroïnes qu'elle immortalise belles et courageuses, dignes et universelles, toujours vêtues de ces couleurs éclatantes comme autant de symboles de leurs forces vives.
Soutenu par la prestation convaincante de Rikita Shimu, ce drame révèle un groupe de comédiennes totalement investis dans cette mission de témoignage et cette célébration faite aux femmes. D'ailleurs, l'écrasante majorité des personnes ayant travaillé sur ce film est féminine. Autant dire que le superbe message d'empowerment touche en plein mille.   

"Made in Bangladesh // VOST"