Comme LES ÉBLOUIS, 3 films à voir sur les dérives sectaires

En salles le 20 novembre, "Les Éblouis" de Sarah Suco s'intéresse à l'enfermement et aux dérives sectaires. Une thématique rare dans le cinéma français. Le Journal des Femmes revient pour l'occasion sur trois films se penchant sur ce sujet grave.

Comme LES ÉBLOUIS, 3 films à voir sur les dérives sectaires
© Pyramide Distribution

C'est souvent l'apanage des films américains. En France, la thématique des dérives sectaires court moins (voire pas du tout) les rues, probablement parce qu'elle est très peu connue. Il a donc fallu attendre Les Eblouis, en salles le 20 novembre, pour voir quelqu'un s'y intéresser. Pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, la comédienne Sarah Suco y évoque, à travers un récit fictionnel, sa propre expérience au sein d'une communauté charismatique sectaire, dans laquelle elle a passé dix ans. On suit ainsi la trajectoire douloureuse de son alter ego, la petite Camille, 12 ans, précipitée par ses parents (Camille Cottin et Eric Caravaca) dans une secte religieuse qui va bouleverser son existence. Un récit fort et nécessaire. A l'instar de Suco, d'autres cinéastes, ailleurs, ont abordé les mécanismes de l'embrigadement mental. Le Journal des Femmes vous en conseille trois.  

Jesus Camp de Heidi Ewing et Rachel Grady (2007)

En 2007, il fait l'objet d'une véritable déflagration. Nommé à l'Oscar du Meilleur Documentaire, Jesus Camp de Heidi Ewing et Rachel Grady s'intéresse aux évangéliques pentecôtistes ou charismatiques, lesquels mettent un accent tout particulier sur les dons du Saint-Esprit et se définissent par une grande expressivité émotionnelle dans le cadre de leur dévotion. Fervents défenseurs de Trump –le docu a été tourné bien avant son accession à la présidence–, on découvre ces derniers en pleine croisade afin de reprendre le pouvoir en Amérique au nom du Christ. Dans leur volonté de conquête, ils entraînent leurs enfants, pieds et poings liés à leur extrémisme. Ces derniers, littéralement instrumentalisés, attendent de recevoir la parole divine tout en maudissant l'existence de Harry Potter. Les séquences de transe sont glaçantes. Et la portée de cette œuvre, dévastatrice. A voir !

The Master de Paul Thomas Anderson (2013)

Dans un monde se relevant de la guerre, les charlatans ont pignon sur rue. Surtout quand il est question de retourner le cerveau d'êtres cabossés par la vie. Freddie Quell (incarné avec puissance par Joaquin Phoenix) en sait quelque chose. Ce vétéran du conflit dans le Pacifique revient en Californie où il traîne, comme un boulet, son addiction à la boisson. Violent, inconstant, il tombe bientôt sous le joug d'un charismatique meneur –Lancaster Dodd, dit Le Maître (Philip Seymour Hoffman)–, à la tête d'un mouvement sectaire nommé la Cause. Paul Thomas Anderson livre là un face-à-face formellement démentiel dans lequel il épingle les mécanismes de l'embrigadement. Certains y ont vu un parallèle avec la naissance de la scientologie, vite réfuté par le cinéaste qui dit y prôner la dimension psychologique et non sociologique de son sujet.   

Midsommar d'Ari Aster (2019)

Après Hérédité ? Voici le nouveau cauchemar tétanisant sorti de l'esprit d'Ari Aster. En plein été, quelque part dans un petit village isolé de Suède où la nuit ne tombe jamais, Dani (épatante Florence Pugh) pose ses valises. Cette jeune femme, qui vient de perdre toute sa famille, est accompagnée par son petit ami Christian, avec qui elle était sur le point de rompre. Ensemble, ils entendent se reconstruire en assistant à un étrange festival estival n'ayant lieu qu'une fois tous les 90 ans. Hélas pour eux, les vacances escomptées virent au calvaire au fur à mesure que les habitants du coin dévoilent des pratiques et des croyances à faire tressaillir d'angoisse. Si le scénario accuse quelques sorties de piste nébuleuses, les qualités formelles engagées dans ce trip fleuri laissent souvent cois et mettent en exergue le caractère foudroyant de l'aliénation.